Les 11 Fioretti de François d'Assise
Le 24/10/2008 à 17:47Par Sabrina Piazzi
Alors qu'il vit la période de sa vie la plus mouvementée (divorce difficile, attente d'un enfant), Roberto Rossellini signe son film le plus paisible. Les 11 Fioretti de François d'Assise délivre un véritable message de paix, d'amour et d'entraide tout en repoussant les limites du néoréalisme en mettant en scène de véritables moines franciscains.
Lorsqu'il évoque Les 11 Fioretti de François d'Assise, Martin Scorsese déclare « Je n'ai jamais vu de film qui lui soit vraiment comparable et je ne m'attends pas à en voir un de toute ma vie », tandis que François Truffaut disait qu'il s'agissait du « plus beau film du monde ».
Inspiré de courts récits évoquant les nombreux épisodes de la vie de François d'Assise (les « fioretti »), le film de Roberto Rossellini renouvelle le néoréalisme et laisse une grande place à la vie quotidienne de ces moines refusant tout matérialisme et profitant du plus beau cadeau accordé par Dieu : la vie et l'aide aux plus démunis en leur enseignant que la souffrance mène à la plénitude et à la joie. Tout miracle est donc banni du film de Roberto Rossellini qui préfère montrer des hommes bâtissant leur petite chapelle de leurs mains, priant, venant en aide aux pauvres, mangeant ou marchant avec allégresse dans la campagne environnante, le tout ponctué avec humour et poésie.
L'affiche du film (et la jaquette du DVD) est donc légèrement trompeuse. On y voit François d'Assise auréolé de la Lumière Divine, les bras écartés tel le Christ sur la Croix. Dans le film, François est un homme comme les autres, qui se démarque à peine du reste de ses fidèles. Les personnages effleurent la terre et semblent peu soumis aux lois de la gravité mais demeurent des hommes « terrestres » prêchant l'Evangile. Fidèle au néoréalisme, le cinéaste fait appel à de véritables moines franciscains pour interpréter les personnages religieux. Ces derniers viennent du couvent de Maiori, lieu ayant alors servi au tournage d'un des épisodes du film Paisà. Oeuvre de l'innocence et de l'épure, le film de Roberto Rossellini aurait pu facilement tomber dans la totale platitude. Or, on ne s'ennuie jamais. La beauté de la mise en scène atteint son apogée lors d'une étreinte entre François et un lépreux, tournée en nuit américaine, magnifique de simplicité et d'une beauté renversante.