Los Bastardos

Depuis son passage remarqué dans la compétition Un Certain Regard lors du dernier festival de Cannes, Los Bastardos possède une réputation de film choc. Par son sujet, son background, son esthétisme et parce qu'aujourd'hui, comme on vous l'a déjà dit dans notre critique de Sleep Dealer, tout film provenant d'Amérique du Sud est érigé au rang "d'immanquable" - voire de "culte" - avant même sa sortie salle. C'était donc non sans une certaine curiosité que nous attendions le nouveau film d'Amat Escalante, déjà réalisateur en 2006 d'un Sangre très noir, également présenté sur la croisette.

Dès les premières images, le ton du film est posé : un plan fixe, large, de presque deux minutes, dans lequel on voit les deux héros du film parcourir en marchant les quelques 200m qui les séparent de la caméra. Puis arrive le titre, sur un fond rouge agressif, accompagné d'un son de guitare distendu (la seule musique du film). Le banc titre dure facilement 15 secondes. Alors on le sait, Los Bastardos sera lent. Très lent. Chaque plan est long. Interminable. Au delà même du "contemplatif" ou de "l'hypnotique". Imposant au spectateur ce non-rythme plus que lancinant, Los Bastardos singe les films de Carlos Reygadas (Japon) et les Funny Games de Michael Haneke et finit par sacrifier son postulat de bonne petite série B sur l'autel de la pose auteuriste. Et il aurait fallu bien plus qu'une explosion de tête au fusil à pompe pour nous convaincre que le nouveau film d'Amat Escalante est autre qu'une œuvre pédante, un bon gros film d'intello, avec tous ses tics et ses clichés.