Nos 18 ans
Le 30/04/2008 à 18:02Par Michèle Bori
Cet été, après avoir vu trois fois Indiana Jones, Dark Knight, Speed Racer, Kung-Fu Panda, l'Incroyable Hulk, Wall-E et la Momie 3, nous ne saurions trop vous conseiller d'aller jeter un coup d'œil à Nos 18 ans, film certes très imparfait, mais dont la fraîcheur fera à coup sûr passer un bon moment à tous ceux qui gardent un souvenir ému de leur adolescence.
Aah... 18 ans, quel bel âge ! Souvenez-vous de vos 18 ans ! Le Bac qui vient nous délivrer du Lycée, le départ de chez papa/maman, les premiers flirts sérieux, le scooter qui laisse sa place à la 106 d'occas', la fin de l'adolescence et le passage à l'âge (presque) adulte... On a la chance de ne plus être trop considéré comme des gamins, mais on ne se prend pas encore la tête sur des problèmes de grands (la vie active c'est encore une notion plutôt abstraite). Bref, 18 ans, c'est le dernier moment de la vie où on est encore, sans le savoir, insouciant et surtout où on a le droit de l'être. Aujourd'hui, Nos 18 ans, c'est le sujet et le titre du nouveau film de Frédéric Berthe, qui avait déjà fait Alive. Racontant comment en 1990 une bande de copains va vivre les derniers instants de cet âge béni entre l'écrit et l'oral du Baccalauréat, cette petite comédie n'est certes pas parfaite mais dispose de plusieurs arguments qui risquent bien d'en faire la surprise inattendue de cet été.
Et au rayon des bons points, on commence forcément par le casting, quasiment entièrement composé de jeunes inconnus au bataillon. Si l'ultra mignonne Liza Manili et ses taches de rousseur rappellera des souvenirs aux quelques spectateurs ayant vu la série Madame Hollywood il y a deux ans sur Canal, la vision sur grand écran de jeunes comédiens bourrés de talents tels que Théo Frillet ou Arthur Dupont devrait relever de l'inédit pour 99% des spectateurs français. De plus, il y a fort à parier que grâce à ce film, la jeune Valentine Catzéflis (Clémence dans le film) ne tardera pas à refaire parler d'elle, de son physique de rêve et de sa voix cassée à la Brittany Murphy. Bref, on est d'ores et déjà impatient de tous les revoir dans d'autres films, et au passage chapeau à Frédéric Berthe pour avoir su imposer une distribution ne contenant aucuns noms connus du grand public (mis à part Michel Blanc et Bernadette Lafont, les principaux adultes de l'histoire), et qui par dessus le marché arrive à être immédiatement attachante dès les premiers instants du film. A bon entendeur, si vous aussi vous en avez marre de toujours voir les mêmes têtes au cinéma... On pourra juste regretter que l'ensemble ne soit pas toujours d'une justesse à toute épreuve, mais la fraîcheur et le dynamisme de cette jeune équipe vient souvent compenser ces quelques égarements de jeu, qui de plus semblent en grande partie dus à des dialogues beaucoup trop « écrits » pour paraître naturels.
L'autre gros atout du film est bien entendu les choix de 1990 et d'une ville de province, respectivement comme année et lieu de déroulement de l'action. Quel plaisir pour quelqu'un qui a grandi dans ces années de revoir à l'écran des jeans taille haute, des 205 cabrio, des « bleues » et des manettes de Megadrive, le tout accompagné par des hits de la Mano Negra et de The Cure. Encore une fois on félicitera Frédéric Berthe pour ce parti pris osé, qui nous évite d'énièmes séquences parisiennes sur le pont des Arts accompagnées d'une musique bobo (spéciale dédicace à Raphael Fejto) et offre à son film un véritable cachet qui le différencie immédiatement du reste des productions actuelles. De plus, le côté teen comedy américaine du film vient nous rappeler que ce genre est très rare en France, les derniers essais étant, de mémoire, le très con Sexy Boys (et ses pâtes au sperme faites maison), et le cultissime Quatre Garçons Plein d'Avenir. Une facette peut-être sous exploitée dans Nos 18 ans (ou peut-être pas totalement assumée), qui après une première partie menée tambour battant directement inspirée du 100 Girls de Michael Davis, souffre d'un gros coup de mou dans sa deuxième moitié, délaissant l'humour au profit d'un discours plus sérieux. Certes la chose est inévitable dans ce genre de film, mais le fait est que les ficelles se révèlent parfois un peu trop prévisibles et que du coup, c'est tout le rythme du film qui en pâtit. Mais après tout, c'est un piège que même certains grands noms ne parviennent pas toujours à esquiver (on pense à Judd Apatow par exemple), donc on se montrera indulgent avec Frédéric Berthe et avec Nos 18 ans, qui malgré ses défauts s'avère quand même fortement recommandable.