Sans Etat d'Ame

Attention : cas d’école. Sans Etat d’Ame est un film qui avait tout pour faire un hit, mais qui pourtant risque bien de passer inaperçu lors de sa sortie salle. Avant de prendre les paris, quelques explications s'imposent.

Aux manettes : le novice Vincenzo Marano, chef opérateur de Paparazzi, Quasimodo d’el Paris. Devant la caméra : des comédiens talentueux mais pas forcément bankable (Laurent Lucas, Thierry Fremont, Hélène de Fougerolles). Le scénario : un thriller post-"Ne le dis à personne" qui ferait saliver n’importe quel producteur désireux de surfer sur la vague du film de Canet mais qui bizarrement se retrouve coproduit par une société italienne et distribué par une société inconnue au bataillon (les films de l’Astre). Autant de bizarreries qui font de Sans Etat d’Ame un échec malheureusement couru d'avance, dont on prédit déjà une campagne promo quasi inexistante et une sortie en catimini.

Et c’est d’autant plus énervant que le film de Marano dispose de quelques qualités pas inintéressantes du tout. Tout d’abord, un joli travail de mise en scène et de jeu sur la lumière (très sombre, très travaillée) plutôt agréable à l’œil. Ensuite, des acteurs très bien dirigés et surtout tous convainquant dans leurs rôles, en particulier la toujours magnifique Hélène de Fougerolles qui s’offre les plus beaux moments du film (notamment lors d’une jolie scène d’intimité avec Candice Hugo, également coscénariste du film). Deux bons points donc, qui ne feront malheureusement pas oublier un scénario un peu bancal, dont le rythme (ou plutôt l’absence de rythme) et le manque de rigueur dans le traitement des enjeux narratifs plombent irrémédiablement l’intrigue. Un petit effort d’écriture aurait certainement été bénéfique au film car hélas, trois fois hélas, on se perd vite dans les digressions narratives des sous intrigues qui compliquent inutilement le récit et qui font qu’au final on ne sait plus trop à quel personnage s’intéresser. Dommage, car en sortant de la salle, on a juste le sentiment d’avoir vu un épisode d'Hollywood Night tourné en scope et en français. C’est pas mal, mais c’est pas assez.