Toutes les couleurs du vice
Le 08/02/2010 à 08:07Par Matthieu Conzales
Découvrez ci-dessous la critique du film de Sergio Martino Toutes les couleurs du vice
Graphiquement aussi riche que L'étrange vice de Mme Wardh, dont il reprend le casting principal, ce troisième giallo de Sergio Martino serait presque mieux réalisé s'il n'avait pas moins bien vieilli. La faute peut-être à son inspiration Polanskienne issue de Rosermary's Baby, face auquel le film supporte mal, avouons-le malgré ses nombreuses qualités, la comparaison. Plus original sur le fond que L'étrange vice de Mme Wardh, car ésotérique, il fait partie des ces gialli assez atypiques, comme le singulier Je suis vivant d'Aldo Lado (lui aussi édité chez Neo Publishing) qui prennent de grosses libertés à l'intérieur du genre. Le scénario, malgré son originalité, est paradoxalement un peu plus convenu au niveau factuel et manque peut-être un peu de surprises (oubliez les twists à répétition de Mme Wardh).
Bénéficiant d'une ambiance londonienne qui confère au giallo un caractère presque exotique, Toutes les couleurs du vice demeure intense au niveau atmosphérique. Quelques séquences presque daliniennes comme l'inquiétante scène d'ouverture le rendent fort appréciable par son audace et cette volonté de proposer une façon de filmer toujours innovante. La musique de Bruno Nicolai va dans ce sens et contribue à fixer les ambiances efficacement. Comme on ne change pas une équipe qui gagne, on y retrouve Edwige Fenech, toujours aussi pulpeuse, et George Hilton, plus effacé, ainsi qu'Ivan Rassimov, hypnotique encore dans un rôle de tueur au regard reptilien. Mary Weil au charme plus froid mais tout aussi incontestable et Susan Scott, inquiétante, complètent le casting avec Julián Ugarte, en gourou, qui s'en sort lui aussi très bien malgré une coupe de cheveux borderline. On notera enfin la présence de l'acteur français George Rigaud qui campe très justement le personnage du docteur Burton.
Efficace dans ses ambiances, Toutes les couleurs du vice l'est aussi dans son suspense, assez soutenu. Des meurtres graphiques sont une fois de plus au rendez-vous, avec un tueur charismatique et mystérieux, une héroïne sensuelle, un petit côté psychédélique... que demander de plus ? Une curiosité de qualité qu'il serait idiot de bouder.
Toutes les couleurs du vice est disponible en DVD chez Neo Publishing depuis le 5 janvier 2010.