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Two Lovers

Le 20/05/2008 à 03:05
Par
Notre avis
6 10

Trop de classique tue le classique ! Changement radical d'univers pour le nouveau film de James Gray, qui dispose d'une mise en scène soignée et de comédiens au top, mais dont le script trop anecdotique vient largement plomber un récit qui aurait gagné à sortir un peu plus des sentiers battus. Peut être le film de la maturité... peut-être aussi qu'on préférait le Gray d'avant.


Critique Two Lovers

Avec deux films sélectionnés en deux ans, James Gray semble aujourd’hui faire partie du petit club des habitués de la croisette aux côtés des Kusturica, Loach, Almodovar et autres Van Sant. Après La Nuit nous appartient qui s’était copieusement fait huer l’année dernière, voici que le jeune prodige du cinéma Hollywoodien revient revanchard avec Two Lovers, présenté ce 19 Mai en compétition officielle. Et si cette fois-ci l’accueil du Grand Théâtre Lumière s’est avéré plus chaleureux qu’il ne l’avait été pour La Nuit nous appartient, on ressort de ce nouveau Gray avec la même insatisfaction que l’année dernière, même si les raisons en sont totalement différentes.


Critique Critique Two Lovers

 

On avait beaucoup reproché à James Gray (à juste titre) de raconter encore et toujours la même histoire depuis Little Odessa. Le réalisateur semble avoir compris le message, et c’est donc une histoire totalement différente des précédentes qui nous est offerte dans ce Two Lovers. Pas d’histoire de fraternité conflictuelle sur fond de mafia russe donc, mais une histoire de triangle amoureux d’un classicisme radical. Leonard (Joaquin Phoenix), grand gamin de 35 piges, bipolaire et suicidaire, aime Michelle (Gwineth Paltrow), ex toxico maquée avec son patron, qui, elle, ne l’aime pas vraiment. En revanche, Sandra (Vinessa Shaw), jeune fille bien sous tous rapports, aime Leonard. Mais ce n’est pas vraiment réciproque. Qui Leonard va-t-il choisir ? Avec qui va-t-il finir ses jours ? Voilà en gros l’histoire du film de James Gray. Un scénario simple donc, qui hélas finit par tomber dans le simplisme, la faute essentiellement à une volonté de la part du réalisateur à vouloir à tous prix expliquer les émotions ressenties par le personnage central de son film, oubliant au passage de les transmettre au spectateur. On comprend donc les égarements de Leonard, mais malheureusement sans les vivre avec lui, ce qui devient vite préjudiciable au film, notamment dans un deuxième acte trop lent et où il ne se passe finalement pas grand chose de bien intéressant. Two Lovers devient donc vite prévisible, ce qui est vraiment dommage car à contrario les personnages dépeints par Grey disposent (comme toujours) d’une caractérisation soignée et originale (mis à part celui de Sandra, inexplicablement cliché et très fade, qui disparait 30 minutes au milieu du film sans trop savoir qu'on sache pourquoi). La relation de Leonard avec sa mère par exemple - relation qui rappelle fortement celle de Mark Walhberg avec Ellen Burstyn dans The Yards – donne naissance à des scènes particulièrement poignantes qui auraient méritées à être plus nombreuses.

 

Critique Critique Two Lovers

 

Un scénario faiblard donc, sauvé in extremis par le formidable jeu des comédiens (d’ailleurs, au petit jeu des pronostics, Joaquin Phoenix semble en bonne position pour rafler un petit prix d’interprétation) et une mise en scène irréprochable qui prouvent au passage que Gray est toujours aussi doué pour diriger ses acteurs et sa caméra. Le style de Gray est toujours aussi classique et ce que le metteur en scène semble avoir perdu en fougue par rapport à ses deux premiers films semble compensé par un gain évident en maturité. Les cadres, emprisonnant les personnages dans des architectures composées d’embrasures de portes ou d’encadrements de fenêtres, semblent pensés au millimètre et viennent magnifiquement renforcer l’enfermement moral et psychologique des protagonistes. La lumière, découpant les décors dans des formes symétriques va dans le même sens.

 

Du travail d’orfèvre donc, mais qui ne nous empêche pas de nous demander si pour ce film-là précisément, une petite touche de folie et d’audace visuelle n’aurait pas aidé à faire passer la grosse pilule du scénario bancal. On pense par exemple au Punch Drunk Love de Paul Thomas Anderson ou Lost in Translation de Sofia Coppola, deux autres romances racontant le destin de personnages paumés, qui sur la base de scénarios plus simples tu meurs s’étaient retrouvés sublimé respectivement par une mise en scène inventive (à la limite de l’expérimental) et une atmosphère onirique à l’ambiance unique. Two Lovers n’a rien de tout ça, et s’avère donc au final trop propret pour marquer les esprits.


Critique Critique Two Lovers






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