Trick’r Treat
Le 27/10/2009 à 19:27Par Arnaud Mangin
Assez inégal parce que ni déplaisant ni malheureusement transcendant, Trick'R Treat peut décevoir compte tenu de la longue attente qu'il a suscité auprès des fans du genre, mais plait incontestablement pour l'imagerie inventive qu'il déverse tout du long. On pense en particulier à ces petites histoires simples mais efficaces et surtout à la galerie de personnages graphiques qui méritent qu'on y jette un œil curieux.
Trick'R Treat est un film maudit ! Mis en boite depuis près de deux ans, baladé de mains en mains pour finalement finir dans les tiroirs de Warner, qui n'a pas bien su quoi en faire, la première production horrifique de Bryan a joué de malchance sur tous les niveaux. Pourtant, même si ce dernier n'est pas exempt de défauts (le principal étant qu'il peine à se trouver une véritable identité, pas le plus simple défaut pour vendre un film) la tiédeur du studio à le rendre public est des plus incompréhensibles (surtout quand on voit leur films Dark Castle qui eux, ont bien droit à des sorties en salles). En tout cas, la faute est enfin réparée et Trick'r Treat est enfin visible... en vidéo... en import américain. Mais avec des sous-titres français et un doublage français pour ceux qui ont un peu de mal avec la langue de Shakespeare. Toujours est-il que le voile se désépaissit enfin autour de cette arlésienne. Alors, petit chef d'œuvre incompris et maltraité ou film totalement raté impossible à distribuer ? En fait, ni l'un, ni l'autre.
Le fait est que Trick'r Treat a été un peu survendu comme le Creepshow des années 2000, ce qu'il n'est certainement pas. S'il marche sur les traces du film de George Romero, en particulier dans un générique qui fleure bon l'hommage aux comics d'épouvante du type Shockstories, ainsi que quelques notes musicales, il n'en possède ni cette immédiate sensation de perfection et encore moins ce métissage entre le malsain et l'humour. Le vrai problème du film repose sur son rythme, un peu chaotique et cherchant à faire s'entrecroiser quatre histoires indépendantes se déroulant simultanément, le soir d'Halloween dans la même petite ville, plus un prologue/épilogue, un peu à la façon d'un Pulp Fiction. Quatre intrigues très divertissantes en l'état (une jeune fille déguisée en Chaperon Rouge qui aimerait bien voir le loup, un proviseur de collège psychopathe qui charcute ses propres élèves, des enfants qui enquêtent sur une légende urbaine et un vieux rabougri harcelé par un lutin démoniaque) mais qui ne s'imbriquent pas sans heurt. C'est en particulier l'histoire tournant autour d'Anna Paquin - le chaperon rouge - qui n'arrive pas à s'imposer d'une traite et se segmente à travers les autres. Un peu larguée entre du linéaire classique, un ton délibérément décousu et des tics de films à sketchs, c'est la narration qui fera le plus défaut à Trick'R Treat.
Toutefois, si l'on excepte ce petit bug de montage, le film demeure particulièrement réjouissant si on le replace à ce qu'il est : un petit plaisir vidéo soigné comme on n'en fait plus trop, certes loin de Creepshow, mais encore dans les cordes de Body Bags, Jeu d'Enfant, le très bon Halloween 3 (film injustement boudé) et de nombreuses et chouettes bisseries qui envahissaient les vidéoclubs à la fin des années 80. Le point fort du film (initialement prévu pour une exploitation en salles), c'est de ne pas être traité par-dessus la jambe à titre technique et d'imposer une direction artistique du tonnerre. On est clairement dans une ambiance "train fantôme" de luxe, rendant hommage de façon joyeusement poussive à un folklore donnant libre court à toutes les idées, tous les concepts, toutes les situations et surtout à un bestiaire bourré de trognes pas possibles. Une sorte d'Etrange Noel de Mr Jack en live... Au final plus beau à regarder que fun à suivre, le film de Michael Dougherty garde pour lui mérite de devoir être découvert.