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Femmes Criminelles - Volume 1 : Sexe et Châtiment au Japon

Le 27/04/2009 à 15:40
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Femmes Criminelles - Volume 1 : Sexe et Châtiment au Japon Femmes outragées ! Femmes brisées ! Femmes martyrisées ! Mais femmes exaltées ! Soumises à toutes les turpitudes - châtiées, tatouées, ligotées, fouettées - par des mâles pervers et dérangés, les demoiselles chez Teruo Ishii ne sont pas pour autant de simples êtres innocents victimes malgré elles de la perversité masculine, mais bien des femmes consentantes, maîtresses de leur corps, jouissant des ignominies auxquelles elles s'assujettissent. Teruo Ishii traînerait-il donc à tort une image de misogyne sadien ? C'est ce que confirme HK Vidéo en éditant un premier volume de trois films (Vierges pour le Shogun, L'Enfer des tortures et Orgies sadiques de l'ère Edo) dédié à l'incursion du cinéaste dans la sexploitation qui a fait florès dans les années 70 (et pas seulement au Japon), sous-genre pervers et décadent destiné au public masculin qui ne s'embarrassait pas de prétextes pour montrer de la chair toujours plus rose.


Des trois films du coffret, notre préférence revient indiscutablement au film à sketches Orgies sadiques de l'ère Edo, L'Enfer des tortures étant beaucoup trop brouillon et racoleur (le film s'ouvre et se conclue par des sévices d'une rare barbarie que la décence nous interdit de décrire) pour vraiment gagner notre sympathie et Vierges pour le Shogun à l'inverse trop sage (on se délectera tout de même des magnifiques tatouages dorsaux des nombreuses concubines qui défilent). Beaucoup plus charnel et flamboyant que ses voisins, Orgies sadiques de l'ère Edo est quant à lui composé de trois histoires qui diffèrent les unes des autres par leur approche de l'érotisme. C'est d'ailleurs ce découpage en épisodes qui permet à Teruo Ishii de transcender le genre ultra-codifié par quelques éclatantes incursions dans le surréalisme le plus décadent. On pourra aussi y déceler dans la dernière phrase du film ("Genroku, période de prospérité. Mais au plus profond des gens couvait une maladie. La maladie de l'âme") un regard frondeur sur son époque, le miracle économique japonais des années 70 se répondant avec le Japon pacifié de l'ère Genroku.


Le cinéaste ouvre son film en douceur par un premier sketch volontairement très classique thématiquement (une femme follement amoureuse accepte de se prostituer pour l'homme qu'elle aime) et formellement (le générique puisant dans les racines du butô, le viol au milieu des rouleaux de tissu à la limite de la théâtralité) faisant de ce segment le plus chaste des trois, nos yeux libidineux n'ayant pas grand-chose à se mettre sous la rétine. La deuxième histoire monte d'un sérieux cran l'érotomètre en contant la singulière quête de plaisirs de cette femme violée dans sa jeunesse par un homme défiguré, singulière car cette dernière n'éprouve du plaisir qu'en reproduisant ce traumatisme d'enfance avec des êtres difformes sauvages et brutaux. Nous apprendrons d'ailleurs que pour Teruo Ishii, Nains et Noirs sont des êtres difformes... mouais... Flirtant avec l'eroguro (néologisme combinant érotique et grotesque), ce segment annonce la future adaptation par Ishii d'une nouvelle morbide de Edogawa Rampo L'Effrayant Docteur Hijikata (plus connue sous le titre Horror of a Deformed Man mais récemment éditée en DVD sous le titre Horrors of Malformed Men) et les mangas du cinglé Suehiro Maruo (les âmes sensibles s'abstiendront de cliquer ici).


Le troisième et dernier segment s'intéresse quant à lui aux plaisirs sadiens que tire un Shogun dans les sévices qu'il fait subir à une concubine masochiste et effrontée. Balancée au cœur d'une arène face à un taureau, ligotée, fouettée et intégralement recouverte d'une peinture dorée, ce segment est un festival de sévices grand-guignolesques doublé d'un magnifique portrait de femme tenant tête à un homme. Malheureusement - et c'est le défaut de chacune des trois histoires - le segment se terminera par une pirouette morale voyant ces pécheurs déviants immolés par un feu purificateur (la moukère subira en sus une éprouvante césarienne forcée), Teruo Ishii comme nombre de ses confrères qui œuvraient dans le genre n'assume en effet rarement jusqu'au bout l'extrémisme hédoniste de ses personnages.


Orgies sadiques de l'ère Edo est véritablement la quintessence de ce dont nous raffolons chez Teruo Ishii, à savoir les envolées oniriques et grotesques qui s'échappent sans crier gare d'une histoire prenant racine dans un genre ultra-codifié, rappelant parfois la poésie du macabre de Lucio Fulci. Le premier volume de ces Femmes Criminelles hérissera à coup sûr les poils des féministes de par leur mauvais goût assumé tandis qu'il ravira au plus haut point les cinéphiles vicelards émerveillés par la poésie perverse et les fulgurances malsaines qui s'en dégagent.

Retrouvez le test DVD du coffret en cliquant sur la jaquette ci-dessous.

Femmes Criminelles - Volume 1 : Sexe et Châtiment au Japon






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