All the Boys Love Mandy Lane : interview de Jonathan Levine

Enfin disponible en France depuis quelques jours, en DVD et Blu-Ray sous la bannière de Wild Side Vidéo, All The Boys Love Mandy Lane est un film d'horreur avec des adolescents emprunt d'une patte auteurisante très surprenante. Comme si Sofia Coppola filmait Scream. Un mélange détonnant qui n'a pas manqué de provoquer des réactions diamétralement opposées. A l'occasion de cette sortie, nous avons eu la chance de nous entretenir avec le réalisateur de ce film hors norme, Jonathan Levine.

Les réactions à votre film sont littéralement divisées en deux : ceux qui aiment et ceux qui détestent. Comment l'expliquez-vous ?

Nous voulions vraiment faire quelque chose de très différent avec le genre. Nous voulions bousculer les spectateurs, leur proposer une alternative, livrer une approche psychologique dans un thriller horrifique. La combinaison des genres, entre un film d'ados et un film d'horreur, était un gros challenge. Quand vous faites quelque chose aussi ambitieux, ça ne peut que diviser. C'est là la particularité d'avoir envie de faire quelque chose d'unique : vous partagez radicalement vos spectateurs. C'est la règle du jeu à accepter. J'en suis très fier ! Essayer de brosser le spectateur dans le sens du poil est nocif à la créativité.

Ce n'était pas risqué financièrement ?

C'est l'avantage de faire un film qui ne coûte que 5 millions de dollars : vous pouvez prendre des risques ! Ce n'est pas très original de faire un film avec des jeunes qui se font tuer : en revanche avoir une approche très moderne du sujet, très provocatrice. La psychologie ou la sexualité ne sont généralement pas abordé de cette façon là. En tant que réalisateur, je voulais absolument une vraie approche visuelle et lui administrer un réalisme et une beauté qu'on ne trouve pas dans le genre du film d'horreur.

Selon vous, c'est difficile de tourner et sortir aujourd'hui un film d'horreur ?

Oui. Pour être honnête, nous sommes dans une période difficile. Nous avons eu la vague des films de torture-porn comme Saw, Hostel, etc, populaires à travers le monde. Si vous suivez les traces de ce genre, ce n'est pas difficile de financer et sortir votre film. Si vous sortez des sentiers battus, ça devient un challenge. L'horreur est un genre très vaste et pourtant la production globale est de très faible qualité aujourd'hui. Les films d'horreur cheap sont légions et il faut une certaine intelligence, du moins une certaine approche différente, pour sortir son épingle du jeu. Il y a une vraie saturation en ce moment. Je trouve que Paranormal Activity est superbe pour ça : c'est un film original. Les spectateurs demandent à être surpris. Il faut lever le niveau et pas le baisser...

Dans le genre film d'horreur qui ose, vous avez vu Martyrs ?

Non, pas encore ! Mais je veux le voir ! Vous n'êtes pas le premier à m'en parler. J'ai beaucoup entendu parler de Pascal Laugier, son réalisateur.

C'est parce que c'est difficile de sortir un film d'horreur que votre prochain sera une comédie avec Seth Rogen ? (Live With It, prévu au cinéma début 2011, ndlr)

J'ai juste envie de faire des films différents. Je suis encore un jeune réalisateur, et comme beaucoup d'autres, comme j'ai fait un film d'horreur, on ne me propose que des films d'horreurs ensuite. J'ai envie de prouver que je sais faire autre chose. Etre tout de suite classé dans un genre n'est pas bon. Ce qui m'intéresse par dessus tout, ce sont les personnages. Et Live With It sera une comédie dramatique assez ambitieuse, très drôle et très triste aussi.... Joseph Gordon Levitt est aussi au casting.