"Etre Jean-Claude Van Damme ne doit pas être évident" interview Julien Leclercq
Le 20/04/2020 à 17:53Par Olivier Portnoi
Julien Leclercq : Van Damme, c’est génial. Le tournage de Lukas a été incroyable. Deux jours avant, je me suis dit "il va me faire chier". Tout ce qu’il avait autour, les agents, les managers, la taille de la caravane... il y avait trop d’entourage néfaste. Je suis allé le voir pour lui dire, « tu sais Jean-Claude la star c’est le film. Il n’y aura rien de plus fort que le film ». Il y a eu un blanc, je me suis dit que mj'allais me prendre une droite. Mais il m’a dit « ok. Tu as raison ». Je lui ai dit « fais moi confiance. Si tu me fais confiance et que tu m’écoutes et qu’on le fait à ma sauce tu seras super dans le film ». Il a passé les 7 semaines sur un cube assis à côté de moi. Il était à l’écoute, il faisait même des cafés aux gens, il était dispo 24h sur 24. C’était dément. C’est ce souvenir là que je veux garder. On était en fusion totale pendant les 7 semaines.
On sent que c’est un personnage à part de son langage à sa manière de se comporter.
Oui mais moi qui ait vécu avec lui quelques temps, je me dis que cela ne doit pas être évident d’être Jean-Claude Van Damme. Dans le fond, c’est un vrai gentil, il ne dit jamais non à un autographe, il ne dit jamais non à un selfie. Au sein du tournage, il est dans ton équipe, on travaille, c’est un acteur mais dès qu’il sort du décor, c’est Van Damme. Je me souviens lui avoir demandé : « mais comment tu fais ? Cela te prend combien de temps par jour ? ». Sur le tournage, il signait une heure et demie par jour avec les fans, c’est lui qui va cadrer le selfie et il dit « mais je leur dois tout » et c’est sincère. Il me disait « Moi sinon j’aurai été prof de sports à Bruxelles. C’est grâce à eux que je suis devenu une star mondiale ». Le gérer depuis autant d’années doit être compliqué.
Tu as été déçu par la réception commerciale de Lukas ?
Oui, c’est toujours pareil. Je n’aime pas l’appellation film de genre mais il n’y a pas eu d’ouverture en salles. C’est là où je me suis dit pour ce genre de films en France, c’est définitivement terminé en salles. Peut importe le sujet ou le cast. Mais la VOD et Canal+ ont fait explosé le film. Canal+ nous ont appelé, Lukas a été un carton. Ils l’ont retiré mi mars et il était sur la plateforme depuis septembre. C’est énorme. Comme je le disais tout à l’heure, dieu sait que j’adore les cinémas, je suis pote avec les exploitants mais Spielberg et Lucas avaient raison. Ils l’ont dit il y a 10 ans, je ne l’avais pas trop compris à l’époque, mais on est en plein dedans. Quand on leur avait demandé quel était l’avenir des cinémas, ils avaient dit "cela sera comme les cabarets au début du siècle". C’est à dire que tu vas payer très cher ton ticket, cela va durer un peu plus longtemps et tu vas t’en prendre plein la gueule. Je suis le premier à aller voir un film en THX Dolby 4DX mais la place est à 17 euros ! Comment font les familles ?
Tu arrives dans une forme premium de proposition de cinéma. Mais cela est cohérent avec quels films ? Tu vas voir Star Wars, Avengers, ou un concert. Tu ne vas pas aller voir des films d’auteurs que tu peux voir dans un circuit d’auteurs. Notre circuit cinéma s’américanise et se formate. Cela fait un gap avec ce que peuvent te proposer les plateformes à la maison ou d’un coup tu découvres Uncut Gems avec Adam Sandler qui est IN-CRO-YABLE. Des claques d’indépendant comme ça, j’en redemande et les plateformes veulent se faire un premium dans ce registre. Cela rabat les cartes sainement par rapport à l’industrie. C’est top. Cela permet à des jeunes metteurs en scène d’éclore avec des films de genre qui ne seraient peut-être jamais sortis en salles en France. C’est une vraie chance. Netflix s’en fout d’où tu viens, de la star de ton film, l’important c’est le film. Ce qu’ils veulent c’est du bon contenu. Vu qu’ils vendent le film à l’international, ils s’en foutent de qui tu choisis en lead. J’avais carte blanche sur la Terre et la Sang. C’est génial.