Gerardmer 2011 : Jour 4
Le 29/01/2011 à 23:51Par Aurélie Vautrin
Tuerie annoncée de cette 18ème édition du Festival, J'ai rencontré le Diable a tenu ses promesses et conquis le coeur et les tripes des spectateurs avec cette sombre histoire de vengeance, aussi glaciale qu'efficace.
Notre avis sur J'ai rencontré le diable :
Centré sur le face-à-face entre un tueur psychopathe cynique jusqu'à l'os et le fiancé vengeur de l'une de ses malheureuses victimes, J'ai rencontré le Diable repose sur un fil rouge simple : le premier est poursuivi par le second qui va lui faire vivre un véritable enfer, au risque de se transformer lui aussi en monstre. Après le western délirant Le Bon, la Brute et le Cinglé, Kim Jee-Woon effectue un virage à 180 degrés et délivre un thriller vigilante ultraviolent, qui repousse les limites du genre jusqu'à l'écœurement et installe un vrai malaise. Si la mise en scène de Kim s'avère toujours aussi efficace, fourmillant de belles idées soutenues par une photographie de toute beauté, J'ai rencontré le Diable manque tout de même d'enjeux dramatiques suffisamment forts pour justifier les 2h24 de bobine, au point que le concept finit par s'épuiser. Un peu vain au bout du compte, J'ai rencontré le Diable est sans conteste le moins bon film de Kim Jee-Woon. Mais il est difficile de ne pas être fasciné par la radicalité et le jusqu'auboutisme de ce jeu enragé du chasseur et de sa proie, dont les séquences de torture, très gores, atteignent une brutalité inouïe comme seuls les Coréens en sont actuellement capables. Un objet extrémiste à ne pas mettre entre toutes les mains. (=> lire la suite)
Des cris, des applaudissements en cours de route et une salle archi comble en extase, voilà l'acceuil réservé à The Loved ones à la projection du samedi soir... Il faut dire que, sorti de nulle part, voilà un sacré bon compétiteur qui pourrait bien repartir avec le Prix du Jury. Parce que la vengeance, là aussi, fait un bien fou !
Notre avis sur The loved ones :
Et voilà donc un film que peu attendait mais dont tout le monde va se souvenir : The Loved Ones, venu tout du droit d'Australie - un cinéma à suivre décidemment de très près après l'excellent Wolf Creek. Avec son histoire qui nous plonge en plein Cul-de-Sac (les amateurs de Douglas Kennedy comprendront), The Loved Ones nous offre un cocktail à la fois irrévérencieux, ultra fun, violent quand il faut l'être et surtout bourré d'un second degré salvateur... Un long qui, en quelques secondes, nous démontre qu'il a vraiment tout pour plaire aux amateurs de films de torture badass que nous sommes (parfois). Mix improbable entre Misery, Carrie et d'autres encore, The Loved Ones sait se démarquer grâce à une mise en scène exemplaire, une interprétation à couper au couteau et une bande-son qui, à la fois, sert l'image et fait le bonheur de nos oreilles. Un cocktail aussi déjanté que foutrement bien fichu. Un nouveau petit bijou du genre à voir absolument !
Egalement présenté en compétition, La Casa Muda, tourné au Canon 5D en un plan séquence et trois acteurs. Alléchant ? Sans aucun doute. Malheureusement, cette histoire de maison follement hantée ne tient pas toutes ses promesses...
Notre avis sur La Casa Muda :
On ne vous cachera pas que la Casa Muda est la grosse déception de la journée. Poursuivi par un petit buzz véhiculait par la prouesse technique du long-métrage, présenté à Cannes en section parallèle il y a quelques mois, ce premier film urugayen avait son potentiel pour tenir en haleine les Festivaliers... C'est sans compter une histoire qui passe du déjà-vu à l'invraisemblable sans explication aucune, et qui cherche à nous faire peur en filmant des murs, des bâches et des escaliers à la lampe torche. Pire, la prouesse technique du plan séquence disparaît, dans le sens où ça dessert l'histoire plutôt qu'autre chose. Au lieu d'être embarqué dans cette baraque "silencieuse" mais bruyante, on débarque assez rapidement, la faute à un manque de rythme flagrant et à un manque d'enjeu phénoménal. Dommage.
Enfin, parce qu'un petit film Français à Gerardmer c'est toujours notable, et ça fait toujours du bien (surtout quand il est réussi !), le fameux Proie était présenté à 22h en sélection officielle hors compétition... L'histoire ? Une nuit, plusieurs cerfs se jettent inexplicablement sur la clôture électrique d'une exploitation agricole. Apercevant de profondes traces de morsures sur les cadavres des bêtes, les propriétaires de l'exploitation comprennent qu'un prédateur sévit dans les bois alentours. Décidée à le chasser, la famille d'agriculteurs s'enfonce au coeur de la forêt voisine. Stupéfaits, ils constatent que la nature environnante se meurt, ravagée par un mal inconnu. Alors que le soleil décline, des hurlements retentissent autour d'eux. Les chasseurs sont devenus les proies... Et sincèrement, c'est plutôt bien fichu.
Notre avis sur Proie :
Improbable film de monstre made in France recyclant quelques recettes efficaces des séries B américaines des 80's, Proie a le mérite d'être d'être l'un des rares essais de chez nous qui tiennent la route sans basculer dans le ridicule. On aurait seulement souhaité un brin d'originalité, histoire d'être autre chose qu'un film qui se laisse juste suivre, mais l'exercice est encourageant. (=> lire la suite)