L'esprit de Caïn est sans doute le film qui divise le plus les aficionados de Brian de Palma. Sorti en 1992 directement suite à l'échec critique et public de Bûcher des vanités deux ans auparavant, le film renferme toutes les obsessions formalistes et narratives à la limite du baroque de ce fils spirituel évident (et revendiqué) d'Alfred Hitchcock. Mais si à l'instar de Pulsions ou encore Body Double, deux grands films signés de Palma, L'esprit de Caïn multiplie les plans séquences virtuoses et joue continuellement sur les apparences, de Palma semble davantage se pasticher que construire un film somme.

Si l'on se réfère aux entretiens accordés à Samuel Blumenfeld et Laurent Vachaud (Brian De Palma publié chez Calmann-Lévy, 2001), le cinéaste se serait arrachés les cheveux en salle de montage pour faire tenir le tout. Le début notamment ne lui plaisait pas. "J'ai toujours voulu commencé le film avec [la femme] et son dilemme plutôt qu'avec [John] Lithgow [...] Parce que le film s'ouvre dans une atmosphère de schizophrénie, avec cet homme aux 25 personnalités, le public n'est pas prêt à accepter la romance de Jenny qui suit" explique de Palma. Peet Gelderblom s'est décidé à remonter L'esprit de Caïn afin de s'approcher au maximum des intentions premières de du cinéaste.



L'Esprit de Caïn recut se concentre ainsi, pour les 20 premières minutes, uniquement sur Jenny, pour ensuite prendre les chemins du thriller en suivant le multiple John Lithgow. Un virage à 180° qui rappelle le Pulsions du même de Palma ou encore, plus lointain, d'Une nuit en enfer de Quentin Tarantino/Robert Rodriguez. Celui-ci démarrait comme un polar tarantinien pour se transformer la nuit tombée en film de vampire latino. Si le remontage de Peet Gelderblom n'améliore pas réellement L'esprit de Caïn, il propose une relecture intéressante à destination des fans.