Nodame Cantabile : deux films en préparation !

Le 12/12/2008 à 18:39
Par Caroline Leroy

Good news ! Après deux adaptations télévisées à succès, l'une sous forme de drama et l'autre sous forme d'animé, Nodame Cantabile franchit un nouveau cap avec l'annonce d'une prochaine transposition, sur grand écran cette fois. A la manière de Death Note en 2006, le délicieux manga de Tomoko Ninomiya se verra octroyer non pas en un mais en deux longs métrages de cinéma, dont les sorties sont respectivement prévues pour le mois de décembre 2009 et le printemps 2010. Selon le distributeur Toho, ce calendrier particulièrement serré - trois mois d'intervalle seulement entre les deux dates - est une première au Japon pour une séquelle au cinéma. L'initiative est osée, mais le producteur Hiroki Wakamatsu confirme qu'il était impossible de condenser toute l'intrigue en deux heures de film, et ce même si ces longs métrages n'ont pas vocation à reprendre l'histoire depuis le début. Kuga Maeda, un autre producteur, se dit confiant quant à l'enthousiasme qu'est susceptible de déclencher le premier volet auprès du public. Les très bons résultats au box-office des deux Death Note de Shusuke Kaneko et du premier volet de 20th Century Boys de Yukihiko Tsutsumi auraient plutôt tendance à lui donner raison a priori.

Nodame Cantabile (drama)

Si le public français n'a pas encore, à l'heure qu'il est, l'immense chance de connaître Nodame Cantabile, le tort est fort heureusement sur le point d'être en partie réparé grâce à la parution le 14 janvier prochain du premier tome du manga chez Pika Editions. Il était temps ! Récompensée en 2004 du Kodansha Manga Award, l'œuvre de la mangaka est pré-publiée depuis juillet 2001 dans le magazine Kiss, et paraît depuis 2002 en volumes reliés aux éditions Kodansha. Les Américains ont comme souvent quelques longueurs d'avance sur nous puisque le public peut en profiter depuis 2005.

A l'instar de Nana de Ai Yazawa, Nodame Cantabile appartient à la catégorie josei, soit l'équivalent du seinen publié dans un magazine destiné au public féminin. Cette dernière précaution dans les termes mérite d'être précisée car il faut garder à l'esprit que le support de pré-publication ne se confond pas forcément avec le lectorat de l'œuvre éditée dans sa forme reliée, en particulier lorsque celle-ci s'avère être un succès. Or c'est le cas de Nodame Cantabile, dont les volumes se vendent comme des petits pains depuis le début, au rythme de plus d'un million d'exemplaires par numéro. Si l'on s'amuse à pousser plus avant la comparaison avec Nana, dont il est sans doute le concurrent le plus sérieux, force est de constater que Nodame Cantabile possède une dimension universelle plus évidente, plus immédiatement engageante encore. Cette qualité tient d'une part à la manière parfaitement équitable dont l'auteure met en avant les points de vue des deux protagonistes principaux, une fille et un garçon. Elle tient d'autre part à la place majeure occupée par le troisième personnage principal, sans doute le plus à même de réconcilier tous les publics : la musique classique.

L'action de Nodame Cantabile se déroule dans la prestigieuse école de musique Momogaoka. Considéré comme l'élève le plus brillant de l'établissement, Shinichi Chiaki est idolâtré par ses camarades de promotion pour son talent et sa beauté. Aussi à l'aise au piano qu'au violon, il nourrit depuis longtemps le rêve de devenir chef d'orchestre. Une ambition qui se voit largement compromise lorsque son professeur, lassé de sa suffisance, le relègue dans la classe des losers pour lui apprendre la vie. C'est à cette occasion que Chiaki fait la connaissance de Megumi Noda, dite "Nodame", une prodige du piano que sa technique et son attitude peu orthodoxes maintiennent à l'écart des autres élèves comme des professeurs. Fasciné par la puissance de ses interprétations, l'arrogant Chiaki est cependant bien embarrassé lorsque Nodame lui fait savoir sans détour qu'elle s'est entichée de lui et qu'elle ne le lâchera plus. Il faut dire que Nodame, qui est plutôt mignonne à première vue, correspond en réalité peu ou prou à l'antithèse de l'héroïne de manga bien sous tous rapports. Allergique au système, elle refuse de respecter les partitions et préfère livrer sa version toute personnelle des morceaux les plus réputés, quand elle ne compose pas elle-même d'invraisemblables comptines pour enfants de trois ans. Elle ne prend même pas la peine de se laver tous les jours et crèche dans une véritable poubelle, ce dont Chiaki s'aperçoit en réalisant avec horreur qu'ils sont voisins de palier. Nodame ne s'arrête d'ailleurs pas là et pousse le vice jusqu'à venir squatter chaque soir chez Chiaki pour qu'il lui prépare à dîner, prétextant de maigres compétences en la matière. Ce choc de personnalités servira pourtant de détonateur pour l'un comme pour l'autre dans la réalisation de leurs ambitions respectives, tout entières dédiées à l'amour de la musique.

Echappant à tous les standards de la comédie romantique, Nodame Cantabile témoigne, à l'instar d'un drama comme Orange Days, du talent exceptionnel qui caractérise les auteurs japonais lorsqu'il s'agit de capter cette énergie propre à l'aube de la vie adulte, à l'heure où tout reste encore à faire, où tout est encore possible. Les chamailleries du couple attachant et impayable formé par Chiaki et la fantasque Nodame, les bizzareries des d'élèves et des professeurs de cette école néanmoins studieuse ne cessent de nous rappeler cet enthousiasme propre à ceux qui vont de l'avant, guidés par une passion commune. A l'intérieur d'un univers à la fois typiquement étudiant et complètement déjanté, l'humour dévastateur ne le cède jamais à la subtilité des sentiments, quels qu'ils soient, tandis que chacun s'interroge sur son avenir et sur ses motivations profondes. Et quel meilleur vecteur que la musique pour exprimer ces élans tour à tour vifs et fragiles ? Célébrée tout au long de Nodame Cantabile, la musique classique y est vécue de l'intérieur par les protagonistes, de même que par le spectateur qui est susceptible à tout moment de redécouvrir avec ravissement la pureté des phrases musicales d'un morceau entendu maintes fois.

Nodame Cantabile (drama)

Au Japon, Nodame Cantabile fait régulièrement l'actualité depuis qu'une première adaptation télévisée a vu le jour il y a deux ans. Dirigée par Hideki Takeuchi - à qui l'on doit une autre irrésistible adaptation de manga, le drama Densha Otoko -, et plus accessoirement par Yasuhiro Kawamura et Masaki Tanimura, cette série live met en vedette Juri Ueno (Swing Girls) et Hiroshi Tamaki (Waterboys) dans les rôles principaux. Gros carton auprès des téléspectateurs, elle raflait un nombre impressionnant de prix au Japon et en Corée durant l'année 2007 : meilleur drama, meilleur réalisateur et meilleur arrangement musical pour Hideki Takeuchi, meilleure actrice pour la jeune Juri Ueno, meilleure musique pour Takayuki Hattori. Diffusé en deux parties les 4 et 5 janvier 2008, un drama Special intitulé Nodame Cantabile in Europe venait logiquement enfoncer le clou, abordant le nouvel arc du manga, situé non plus au Japon mais en Europe comme son titre l'indique, et plus précisément à Paris ! Les deux longs métrages, dont le tournage débutera en mai prochain pour une durée de cinq mois, feront justement suite à ce Special et se dérouleront par conséquent pour une bonne part sur notre continent.

Nodame Cantabile: Paris (anime, saison 2)

Enfin, Nodame Cantabile se décline depuis 2007 sous la forme d'une série d'animation absolument magique, orchestrée de main de maître par le studio J.C. Staff (Azumanga Daioh). La première saison, réalisée par Kenichi Kasai (Honey & Clover), comprend 23 épisodes et suit de très près le manga jusqu'au volume 9. La deuxième saison, Nodame Cantabile: Paris, a débuté en octobre dernier et compte à ce jour 11 épisodes, dirigés cette fois par Chiaki Kon (Higurashi no Naku Koroni Kai). On apprenait il y a peu qu'une troisième saison était d'ores et déjà annoncée pour l'automne 2009. Dans les rôles de Shinichi Chiaki et de Megumi Nodame, on retrouve deux pointures du monde des seiyuu : d'un côté, le génial Tomokazu Seki (Full Metal Panic!, Gungrave) et de l'autre, une véritable révélation en la personne de Ayako Kawasumi (Initial D, .hack//G.U. Trilogy), dont le talent n'avait jusqu'à présent jamais laissé entrevoir l'étendue du potentiel drôlissime. Leurs énergies combinées à celles du staff tout entier font de Nodame Cantabile, l'anime, un vrai concentré de bonheur à consommer sans modération. Il reste à espérer que les films à venir soient de cet acabit.