Artistiquement parlant, L'Agence tous risques est un pur produit de consommation contemporain, carré, droit dans ses bottes et - chose rare - réussi. Divertir frontalement sans passer pour une idiotie est une qualité en soi. Le genre de film qui marche main dans la main avec le home cinéma et plus particulièrement le Blu-Ray, pour lequel nous avons des attentes similaires. Ce que Fox semble avoir compris puisque la plupart de leurs titres font office de démonstration technique et le film de Joe Carnahan s'y prête constamment se délivrant avec une joyeuse générosité. Pour simplifier, on est ici devant ce qu'on appelle un beau Blu-ray. Pour cette oeuvre fraiche, la copie est d'une propreté sublime et se paie un piqué permettant de profiter de la multitude de détails qui se bousculent à l'image, malgré sa mise en scène très remuante. De quoi transcender également la colorimétrie (chaude pour les régions ensablées et froide pour l'urbanisme allemand), contrastée comme le veulent les tendances actuelles, mais qui offre des conditions de visionnage aussi efficaces que le film-même. C'est parfait.
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Plaisir des yeux, mais également des oreilles. On s'y attendait un peu, mais, film d'action oblige, L'Agence Tous Risques met la gomme à la moindre occasion pour assurer le spectacle. Outre une belle ouverture frontale, perpétuée par une gestion grondante du canal des graves, le mixage délivre ce qu'il faut de balance avant/arrière pour accentuer le côté roller-coster, faisant ricocher les balles ici et là, entre les explosions, les survols d'engins volants et autres folies du même style. On appréciera d'autant plus le soutien musical d'Alan Silvestri qui, sans friser l'extraordinaire, impose une énergie qui offre un chouette ensemble. Comme toujours, c'est la version originale qui bénéficie d'un DTS HD Master Audio 5.1 sans retenue, la VF ne disposant que d'un DTS mi-débit, un peu moins précis dans sa dynamique, mais franchement musclé et imposant malgré tout un spectacle d'une grande puissance.
On prendra la Version Longue comme un bonus puisque cette dernière n'est, à aucun moment, considérée comme un director's cut et reste peu revendiquée par le réalisateur. Faisant grimper la durée du film à 2h13 là où la version salles atteignant une durée d'1h58, ce montage alternatif propose pas mal de choses supplémentaires mais qui sont effectivement en trop. Autrement dit : on préfère la version salles qui va à l'essentiel alors que la version longue cumule quelques baisses de régime d'autant plus mal situées qu'elles ne font que ralentir la mise en place de l'intrigue. Les rencontres respectives d'Hannibal et Barracuda puis de Barracuda et Futé se perdent un peu en palabres, alors que le temps est compté. Le prologue est d'ailleurs si long que le titre du film n'apparait qu'au bout de 20 minutes.
Ce sont ensuite toutes les séquences dans le camp militaire qui s'enrichissent de passages plutôt chouettes (Jessica Biel menée en bateau par une fausse Agence Tous Risques en ombres chinoises) et des liens plus tissés entre l'équipe et leur chef, le Général Morisson, mais là encore, le rythme recule pour mieux sauter. D'autant plus que, non seulement la première mission officielle ne démarre qu'au bout de 32 minutes, mais l'énoncé du plan s'étale sur un degré de lecture supplémentaire qui alourdit parfois la chose. Le reste des petits plus narratifs ne reposent que sur quelques détails, dévoilant le méchant en train d'abattre ses complices avant l'arrestation de l'équipe là où ils s'enfuyaient à plusieurs dans la version salles.
On notera néanmoins quelques petites choses sympathiques. Du bonus, en quelque sorte. D'une part, les apparitions de Dirk Benedict et Dwight Shultz (Futé et Looping dans la série d'origine) sont réintégrées dans le film et ne se font plus après le générique. On relève aussi un clin d'œil à Looping qui rallonge sa séquence d'internement en Allemagne, développant un peu plus sa relation avec les autres patients, même si l'arrivée du colis avec les lunettes 3D prend un détour narratif pas très utile. Mais ce qui vaut vraiment le coup, ce sont les quelques coups de sang de Futé, absents de la version salles, et qui entretiennent la frontière qui le sépare d'Hannibal, l'un étant froid et méthodique, l'autre spontané et impulsif. Ces différences de caractère donnent lieu à un court combat entre les deux au milieu du film et à une dispute généralisée un peu plus tard, alors que Futé s'apprête à tuer celui qui a trahi l'équipe... En somme, une version longue ou tout n'est pas forcément à prendre ou à laisser, mais qui affiche trop de longueurs comparativement à la version sortie sur les écrans l'été dernier. Notons enfin que cette dernière est disponible en VO DTS HDMA, mais pas en français, aucun doublage n'ayant été réenregistré pour l'occasion.
Le reste de l'interactivité est plus traditionnel et ne se contente réellement que du minimum syndical, même si la légèreté qui en émane est fidèle au caractère du film. Ainsi, Dans l'action avec Joe Carnahan est un commentaire audio laissant parfois apparaitre le réalisateur à l'écran (dans une sorte de hangar). Un petit happening qui semble très représentatif du film et du réalisateur : il est question d'un gros produit commercial avec ses atouts et ses dérives, mais conçu en pleine connaissance de cause - et le cinéaste le reconnait sans mal. Un peu comme Matthew Vaughn sur le commentaire de Kick-Ass, Carnahan pèse le pour et le contre avec sincérité mais non sans une certaine ironie, ne serait-ce que par son regard sur la Censure. Parfois répétitif dans son décorticage (il ne cesse de pointer du doigt les erreurs de raccord), il livre le minimum syndical sur le plan artistique. Ses apparitions se font rares, essentiellement sur les scènes d'action, et sont secondées de quelques animatiques et story-board, pour un outil qui se révèle en fin de compte mineur. Pour l'accompagner, une fonction envahissante numérote les missions et leurs étapes. Pas utile.
Les Scènes inédites (9min05) sont plutôt sympathiques mais la plupart auraient eu du mal à s'intégrer dans le montage compte tenu de leur décalage. On appréciera quelques joutes entre les personnages principaux (leur rencontre à l'hôpital) ainsi qu'une poursuite en voiture sur le tarmac entre l'évasion de Looping et le décollage de l'avion. A cela se joint un petit Bêtisier (7min19) qui explique en partie l'atmosphère du film et la complicité entre les personnages. Pour ceux qui aiment voir les acteurs rire, Quinton Jackson est une sorte de machine difficile à arrêter une fois qu'il est lancé...
Plan d'attaque (28min39) est un making of assez conventionnel sortant rarement du cadre informatif (et quand bien même, on n'apprend pas énormément de choses sur la conception du film) mais pas désagréable pour autant. D'abord parce que Carnahan y tient des propos d'une rare franchise sur l'état actuel du cinéma américain, mais aussi parce que cette visite dans les coulisses se focalise énormément, là encore, sur l'ambiance joyeuse qui régnait sur le tournage. Pas mal pour une simple featurette. A celle-ci viennent s'ajouter les Chroniques des personnages (23min11), cinq modules dans le même ordre d'esprit que le documentaire précédent, se focalisant sur chacun des rôles principaux et le plaisir que les comédiens ont pris à les interpréter. Seul vrai supplément technique, Les effets visuels (6min11) est un petit comparatif évolutif de quelques plans avant et après trucages numériques, commenté par le superviseur de ces mêmes effets.
Les derniers suppléments consistent en un petit montage des meilleures séquences du film illustré par la musique de la série (1min36) ainsi que la bande-annonce.