Une seule chose à faire : applaudir des deux mains l'équipe qui s'est chargée de remettre à neuf le master 2K Haute Définition de Seven pour l'édition de 2000 (directement tiré du négatif d'origine) et d'en faire une copie de très grand standing, réutilisée ici. Parce que franchement, revoir le film en Blu-Ray est une expérience déroutante tant la qualité de l'image proposée est à tomber. Et encore plus lorsque l'on garde à l'esprit que le film a 15 ans d'âge et qu'il renvoie ici dans les cordes la restitution technique de nombreux titres beaucoup plus récents. C'est bien simple : les défauts sont quasi inexistants et la tenue générale de l'ensemble nous rappelle qu'au-delà de son effet sensoriel, Seven est un thriller esthétique d'une puissance graphique folle, à la lisière du film d'horreur gothique. Outre une mise en scène et un jeu de cadres somptueux, on profite enfin de l'incroyable travail de photographie de Darius Khondji (à qui l'on doit les premiers films de Jean-Pierre Jeunet), atteignant la perfection, que ce soit dans les atmosphères grisâtre, la pénombre insistante (les noirs sont parfaits) d'où ressortent habilement quelques détails, l'utilisation de l'éclairage au néon mais également le bain de soleil de sa séquence finale. L'encodage AVC permet d'en profiter tout du long en plus de délivrer un piqué pointu comme trop peu de Blu-Ray en proposent. Un splendide objet à posséder absolument pour saisir toute la performance de la Haute Définition...
On en n'attendait pas moins, mais c'est un carton plein technique que nous propose Metropolitan, comme à son habitude. Puisque c'est toujours un peu la guéguerre des langues chez les consommateurs, on notera que les francophiles trouveront pour leur plus grand plaisir une piste DTS HD Master Audio 5.1 qui remplit certes son office mais qui ne parvient à aucun moment à tenir la comparaison avec une VO DTS HD Master audio 7.1 assourdissante. Ce n'est pas un hasard si l'on pense un peu au sort alloué à Fight Club qui constituait également une expérience sonore de premier choix, reposant essentiellement sur la grande qualité de son mixage original, supervisé par le très inspiré Ren Klyce. C'est un peu le cas ici, puisque le même concepteur sonore est aux manettes. Face à une VF pas trop mal, on se tournera bien évidemment vers la VO, démentielle, qui brille par son équilibre générale et sa façon habile de prendre possession de l'ensemble des canaux. Totalement enveloppant, l'univers pluvieux du film s'accompagne d'une atmosphère pesante, chargé en basses fréquences et d'une bande originale ténébreuse faisant de "l'écoute" du film une expérience à part entière. Décidément, Seven est une réussite sur tous les plans...
Reprenant le contenu de la précédente édition DVD Collector, l'interactivité de Seven prouve une fois de plus que David Fincher est un réalisateur qui aborde la conception des bonus de façon plus informative que quiconque. On le constate rien que dans la manière dont sont réalisés les Commentaires audio, loin d'être uniquement là pour faire acte de présence (contrairement à une majorité de disques) puisqu'il prend la forme d'une analyse complète sur quatre axes bien distincts. Difficile de savoir si c'est un atout (chacun se focalise sur un point en particulier) ou une gageure (il faut se farcir le film quatre fois en écoutant des gens parler), mais leur présence a au moins le mérite de disséquer en profondeur les points fondamentaux et la construction formelle d'un film majeur dans l'histoire du thriller.
La première piste est la plus ludique puisque l'on y retrouve David Fincher et Brad Pitt, dont les interventions sont combinées avec celle de Morgan Freeman. Les trois intervenants font une lecture générale de l'œuvre, de son contexte, de sa technique, de ses thèmes mais également des égarements commerciaux utilisés pour vendre le film. On appréciera les connaissances techniques de Freeman, ainsi que son petit coucou français au lancement du film. Le second commentaire s'intéresse à l'écriture du film et donne entre autres la parole à Fincher, un auteur et ses scénaristes, tandis que le troisième se penche sur la mise en images avec l'intervention du chef opérateur Darius Khondji et d'un designer. On notera que ces trois commentaires bénéficient de sous-titres français, contrairement au quatrième qiu se focalise sur le travail sonore et ne s'adresse malheureusement qu'aux anglophones aguerris. La déconstruction technique devient vite difficile à suivre si l'on ne parle pas un mot d'anglais...
Alors qu'elle pourrait n'avoir l'air de rien, la section réservée aux Photographies est loin d'être anodine puisqu'elle se constitue de galeries thématiques prenant la forme de vidéos, commentées par leurs auteurs ou par David Fincher lui-même. Chose rare, mais non négligeable. Surtout en ce qui concerne les éléments John Doe (14min26), La décomposition de Victor (2min28), Les photos de police (5min31) ou Les Carnets (8min17), puisque l'on y explique la conception de documents macabres qui constituent ici des accessoires importants. Les photos de plateau (10min47) est bien évidemment moins "sophistiqué" mais ne manque pas d'intérêt... Ces derniers accompagnent enfin les Dessins de production (8min56), lesquels sont également proposés à travers une vidéo commentée.
Le segment consacré aux séquences supplémentaires permet tout d'abord de regarder une série de scènes coupées et prises intégrales (19min20), dont l'intérêt principal est de nous proposer l'introduction d'origine, une séquence dévoilant le personnage de Morgan Freeman envisageant l'achat d'une maison éloignée de la tristesse de la ville à quelques jours de sa retraite. Les autres variantes reposent surtout sur quelques changements de plan, quelques secondes ça et là qui modifiaient la teneur de quelques scènes plutôt que la globalité du film en lui-même. Elles sont accompagnées d'un commentaire de David Fincher. Le module consacré au Fins alternatives (13min) est également intéressant puisque l'on y découvre d'une part une fin semblable à celle que l'on connaissait, mais dans un montage sensiblement différent, où l'on notera l'absence des plans d'hélicoptère (sans eux, l'ensemble manque de peps), et d'autre part le story-board d'une autre version, changeant radicalement la donne. Là encore, des commentaires du réalisateur sont disponibles.
L'Analyse du générique de début (2min51) fait partie de ces suppléments représentatifs de ce que l'on peut retrouver chez David Fincher et de son goût prononcé pour l'entremêlement des éléments. Ainsi, une petite vidéo de moins de 3 minutes peut nécessiter des visionnages multiples puisqu'elle dispose de trois angles de vue (story-board/version intermédiaire/version définitive), de quatre mixages sonores différents ainsi que deux commentaires audio que l'on peut imbriquer les uns dans les autres. Toujours très technique, La Remasterisation (23min18) explique tout simplement comment a été conçu le film dans les conditions telles qu'on pouvait le découvrir sur la précédente édition collector, et bien évidement ici. Le module s'intéresse au remixage sonore, au procédé restituant la nouvelle copie ainsi qu'au travail d'étalonnage. Trois extraits du film (en multi-angle et multi-pistes) sont proposés en guise d'illustration pour jongler de l'ancienne version à la nouvelle. On regrettera juste qu'ils ne soient pas proposés en Haute Définition afin de mieux en saisir toutes les nuances.
Enfin, à défaut d'un making of, nous avons droit à une Featurette d'époque (6min40) qui mise bien évidemment à fond sur la carte du commercial, ainsi que la Bande annonce du film en VO et en VF.