En 2001, Le Beau Serge avait été édité en DVD dans la collection Les films de ma vie. Dix ans après, ce nouveau master entièrement restauré en Haute-Définition, qui plus est proposé en Blu ray, rend obsolète la première édition du film de Claude Chabrol et ce dès la première image du générique. Le N&B est fabuleux et il faut vraiment se pincer pour croire que le film a déjà plus de cinquante ans au compteur. Les contrastes sont merveilleux, les noirs d'une densité exemplaire et la restauration a littéralement éradiqué toutes les scories de l'ancienne, devrait-on dire antique édition DVD. Nous sommes réellement abasourdis devant la clarté incandescente de la copie, le relief est palpable sur tous les plans, et le piqué tranchant. Ce master plein cadre et lisse affiche une stabilité irréprochable grâce à un exemplaire encodage AVC. Qu'importe le grain plus ou moins notable sur certains plans, nous n'hésitons pas à mettre la note maximale vu que nous pouvons aisément qualifier cette restauration d'ultime.
En dépit de petites résonnances, ce mixage DTS HD Master Audio 2.0 offre de fabuleuses conditions acoustiques pour apprécier pleinement Le Beau Serge. Certes, le film repose en grande partie sur les dialogues, clairs et hautement distincts, mais de belles envolées musicales sont également les bienvenues et la propreté est incontestable. Les plages de silence ne sont jamais marquées par un quelconque souffle intempestif, et notons que l'éditeur joint les sous-titres destinés au public sourd et malentendant.
Chabrol lance la vague, première partie : Le Beau Serge (55min34)
Des documentaires sur l'émergence de la Nouvelle Vague il y en existe déjà beaucoup. Et pourtant, celui que nous proposent Gaumont et Pierre-Henri Gibert se démarque grâce aux propos passionnants et spontanés de ses intervenants : Bernadette Lafont, Charles Bitsch et Claude de Givray (assistants réalisateur sur Le Beau Serge), Claude Zidi (cameraman de Claude Chabrol de 1962 à 1969), Jacques Gaillard (monteur de Claude Chabrol de 1957 à 1974), Cécile Maistre (assistante de Claude Chabrol de 1987 à 2008), François Guérif (auteur de Claude Chabrol – Un jardin bien à moi), Agnès Goute (première épouse de Claude Chabrol) et Claude Chabrol lui-même apparaissant via quelques images d'archives. Un magnifique portrait du réalisateur aux célèbres lunettes est dressé tout au long de ce documentaire, de son enfance bourgeoise à la découverte du cinéma, en passant par ses études de lettres et de droit, sa rencontre avec d'autres passionnés du septième art (François Truffaut, Jacques Rivette, Eric Rohmer) jusqu'à ses premières critiques publiées dans les Cahiers du cinéma (de 1953 à 1957) et son mariage en 1952 avec Agnès Goute qui, ayant hérité d'une grosse fortune, financera la maison de production de Claude Chabrol en 1956. Enfin, ce documentaire se concentre sur la conception du Beau Serge en 1957, premier long-métrage de Claude Chabrol et même premier film tout court puisque le réalisateur sera le seul de la bande des Cahiers à ne pas être passé par la case du court-métrage. Regorgeant d'anecdotes personnelles ou liées au tournage du Beau Serge, cette première partie du documentaire Chabrol lance la vague s'avère indispensable.
L'Avarice – court-métrage (18min34)
Ce film réalisé par Claude Chabrol en 1962 est tiré du film à sketches réunissant également derrière la caméra Edouard Molinaro, Jacques Demy, Roger Vadim, Jean-Luc Godard, Philippe de Broca, et devait être une réponse de la Nouvelle Vague au film du même nom réalisé dix années auparavant entre autre par Yves Allégret, Claude Autant-Lara et Roberto Rossellini. Claude Chabrol se charge de mettre en scène l'avarice à travers l'histoire d'un groupe de polytechniciens qui rêvent tous d'une nuit d'amour avec Suzon, dont les tarifs sont malheureusement trop élevés. Pour réunir la somme nécessaire, ils organisent une loterie qui profitera à l'heureux gagnant. Nous retrouvons dans ce court-métrage fort plaisant, Claude Berri, Jean-Claude Brialy, Jean-Pierre Cassel, Claude Rich et Claude Chabrol lui-même, tous resplendissants de jeunesse. Notons en passant que nous avions déjà pu voir et chroniquer le segment consacré à la luxure réalisé par Jacques Demy dans le premier DVD du coffret consacré au réalisateur des Demoiselles de Rochefort, dont vous pouvez retrouver le test complet en cliquant ici.
L'interactivité du Blu ray du Beau Serge se clôt sur un lot de bandes-annonces.