Pour les trois films présentés (ou les quatre si l'on prend en compte la seconde version du Syndicat du Crime 3), le transfert a été réalisé à partir d'un master haute définition. Le résultat est dans l'ensemble hautement satisfaisant même s'il n'est pas exempt de quelques défauts. On jugera bien entendu le résultat en gardant à l'esprit que les Hongkongais faisaient jusqu'à très récemment peu de cas de la conservation des films.
Le Syndicat du Crime : 15/20
Des trois films, Le Syndicat du Crime est celui dont l'image trahit le plus son âge - le film date de 1986. Le master se montre globalement d'une propreté exemplaire même si l'on relèvera la présence furtive de quelques points blancs, petits clignotements et autres artefacts. En revanche, la définition s'avère un peu plus inégale : la majeure partie du film affiche une belle précision mais certains flous viennent s'insérer ça et là. Il en va de même pour la palette colorimétrique qui manque un peu d'homogénéité. Soyons clair, les couleurs restituent très bien l'esthétique du métrage tel qu'on pouvait le découvrir en salles ou sur les VHS. Mais on remarque quelques passages forçant un peu sur les oranges, tandis que d'autres présentent un aspect un peu terne. Quant au contraste, il se révèle globalement bien dosé, bien que certains "blancs" apparaissent trop lumineux (le manteau de Ti Lung au début du film fait un peu mal aux yeux), alors que les plans nocturnes se montrent au contraire un tantinet trop sombres. Cela dit, les noirs très appuyés apportent une profondeur tout à fait plaisante à l'image. Enfin, on relèvera la présence d'un grain sur certains plans ainsi qu'une très légère instabilité de l'ensemble. Le verdict ? Une image dans l'ensemble perfectible mais qui permet tout de même de redécouvrir ce classique dans des conditions exceptionnelles compte tenu de l'âge du film.
Le Syndicat du Crime 2 : 16/20
Le transfert de ce second opus surpasse celui du précédent. On relève une fois encore quelques points blancs sur le master et la présence d'un léger grain sur certains plans, mais l'image tire davantage parti des bienfaits de la haute définition : la texture se révèle nettement plus lisse et la définition plus précise. Quant à la palette colorimétrique, elle se montre encore plus harmonieuse car plus homogène en dépit de quelques choix d'étalonnage un tantinet contestables (le rouge à lèvre des acteurs est parfois apparent !). L'amélioration est aussi visible sur la gestion des contrastes, de meilleure tenue encore que sur le premier film et avec des noirs toujours aussi profonds. On relève là encore quelques plans nocturnes un peu trop sombres mais on n'imagine guère comment l'éditeur aurait pu faire autrement sans trahir l'esthétique d'origine du film. Enfin, la compression se fait très discrète.
Le Syndicat du Crime 3 : 15/20
Sur ces troisième et quatrième disques, la définition se situe encore un cran au-dessus bien que l'on remarque toujours quelques plans plus flous que la moyenne, moins nombreux cependant. Si le contraste assure globalement une bonne visibilité, y compris lors des scènes nocturnes, la palette colorimétrique, en revanche, fera débat en raison de ses tons ultra saturés. Sur les plans de jour, le rendu chatoyant des couleurs est, il faut bien le dire, du plus bel effet. Dans les scènes de nuit, comme la fusillade nocturne située vers le début du film, les bleus sont si saturés que les rouges/oranges des explosions, très vifs eux aussi, donnent l'impression de faire intrusion voire de "trouer" l'image. De même, dans certaines scènes d'intérieur, les associations de couleurs vives ne sont pas toujours très agréables à l'œil. Cela dit, il y a fort à parier que ces inconvénients soient inhérents aux choix artistiques du réalisateur et à l'utilisation de filtres sur l'image. Sachant que le film date de 1989, on reste bluffé par la qualité d'ensemble du transfert. Précisons enfin que sur le quatrième disque, l'intégration de scènes supplémentaires passe inaperçue.
Le Syndicat du Crime : 15/20
Le premier film dispose de deux pistes, une cantonaise et une française en mono. La bonne surprise, c'est de retrouver sur la piste cantonaise la bande originale du film telle que les fans l'attendaient. En effet, Le Syndicat du Crime a souvent souffert de changements de musiques sur les éditions étrangères, anglo-saxonnes par exemple, notamment sur la légendaire scène des pots de fleurs. C'est d'ailleurs le cas sur la piste française présente sur ce DVD, où l'on ne retrouve pas la chanson chinoise qui doit accompagner cette scène mais un remix du thème principal. Si l'on ajoute à cela un son plus étouffé et une musique légèrement en retrait, on se reportera sans hésiter sur la piste "originale". Une piste chinoise qui bénéficie d'un mixage de très bonne facture, avec des voix bien mises en avant. La musique et les bruitages paraissent un peu suraigus, mais le son reste globalement clair et les inévitables effets de saturation ne se font pas trop envahissants.
Le Syndicat du Crime 2 : 15/20
Sur le second disque, le film est proposé en cantonais et en français. Encore une fois, l'éditeur a conservé les mono d'origine et on ne peut que lui en être reconnaissant. Par rapport au premier disque, cette piste cantonaise se révèle de qualité à peu de choses près identique sur le plan du mixage. Les voix ressortent bien, et si les coups de feu et explosions sembleront un peu trop aigus, l'ensemble est tout de même d'une belle clarté. On ne peut pas en dire autant de la piste française qui, en plus de son doublage peu naturel, se montre trop étouffée dans le rendu de la musique et des effets sonores, pour une efficacité moindre. Le choix se portera donc encore une fois sans hésitation possible sur le cantonais.
Le Syndicat du Crime 3 : 16/20
Sur la troisième galette, les deux pistes son proposées sont des mono, l'un en cantonais et l'autre en français. Le cantonais d'origine offre une fois encore un mixage harmonieux, faisant efficacement ressortir les voix tout en restituant la musique et les bruitages avec un tantinet plus de profondeur que sur les disques 1 et 2. D'une clarté et d'une puissance supérieures, la piste française tente de répartir le son sur les deux enceintes afin de créer un effet stéréo. Le résultat s'avère plaisant mais un peu maladroit tout de même, puisque l'équilibre de cette répartition change dès lors que les voix se font entendre.
Enfin, sur la quatrième galette, le mixage mandarin se révèle une fois encore correct même si les bruitages et la musique laissent entendre quelques grésillements désagréables.
Pour la sortie DVD maintes fois repoussée de la trilogie du Syndicat du Crime, l'éditeur a fait les choses en grand. Tout d'abord, l'objet est tout simplement superbe : les visuels ne rendent pas justice à la qualité du packaging puisque le coffret est conçu comme un beau livre relié dont les dernières pages permettent de glisser les DVD. Ensuite, il y a les suppléments. Certes, les bonus vidéo ne sont pas légion, mais qu'importe. HK Vidéo nous a concocté un livret de 144 pages qui répond à toutes les attentes des fans du réalisateur.
Livret de 144 pages
Ce superbe livret illustré s'ouvre sur Better Yesterdays, un texte très inspiré de 7 pages et dont l'auteur, Léonard Haddad, est parvenu à rendre justice non seulement à la trilogie mais aussi à l'esprit même de l'œuvre de John Woo.
Ensuite vient John Woo par John Woo, une longue et passionnante interview carrière qui occupe la majeure partie du livret et qui justifie à elle seule de la note attribuée à cette interactivité. Le cinéaste revient non seulement sur ses influences du côté du cinéma américain et français, mais bien évidemment sur l'ensemble de sa carrière, de ses débuts aux côtés de Chang Cheh à son expérience à Hollywood. Il se livre aussi de manière plus personnelle en parlant de son enfance et sa jeunesse. En plus d'apporter un éclairage nouveau sur les thématiques qui lui sont chères, certains passages se révèlent assez poignants, notamment lorsqu'il évoque les périodes de trouble de l'Histoire récente de son pays et l'impact sur sa famille. Pour ce qui est de son cinéma, le réalisateur livre aussi beaucoup d'anecdotes sur ses relations avec ses collaborateurs phares, tels que Terence Chang ou Tsui Hark, ou avec ses acteurs (Chow Yun-Fat, Leslie Cheung, Tony Leung), et revient sur le tournage de certaines scènes de ses films. On apprendra ainsi notamment quels ont été ses désaccords avec Tsui Hark sur Le Syndicat du Crime, comment lui est venue l'idée hallucinante du sabreur qui attaque par au-dessus dans le final de Last Hurrah for Chivalry, le fiasco encaissé par Une Balle dans la Tête lors de ses premières projections et le contenu du montage d'origine, la manière dont a été conçue la scène d'ouverture de A Toute Epreuve, etc. Enfin, une longue partie est consacrée à l'expérience de Woo aux Etats-Unis, où il s'est confronté à la rigidité et aux luttes de pouvoir caractéristiques du système hollywoodien, mais où il a tout de même trouvé quelques satisfactions. A noter que ce genre d'interview très fouillée fait partie des suppléments que l'on apprécie bien mieux à tête reposée sur un livret que sur une video.
Après John Woo, la parole est donnée dans Post-Face à Tsui Hark, producteur de la saga Le Syndicat du Crime et réalisateur du troisième opus. Après avoir décrit l'état d'esprit dans lequel il se trouvait au début des années 1980 et les raisons pour lesquelles il a créé son studio Film Workshop, Tsui Hark revient sur ses relations avec John Woo, la genèse du Syndicat du Crime et les désaccords qui ont fini par émerger entre eux deux. Sur Le Syndicat du Crime 3, Tsui se montre relativement honnête en avouant que le film a été mis en route dans un but purement mercantile. Il explique ensuite la manière dont il a tenté de se réapproprier le concept et le personnage de Mark, incarné par Chow Yun-Fat, afin que son film ne se résume pas à un simple prolongement des deux autres. Si ce texte s'avère moins développé que l'interview de John Woo, et pour cause, Tsui apporte avec le recul une analyse intéressante sur les événements et le contexte de l'époque.
Ce livret s'achève avec les filmographies et biographies de John Woo, de Tsui Hark et des acteurs Chow Yun Fat, Leslie Cheung, Ti Lung, Anita Mui et Tony Leung Ka-Fai.
Le Syndicat du Crime 3 : version longue
Le quatrième disque permet de découvrir pour la première fois en France la version longue du troisième opus de la trilogie, celui de Tsui Hark, en version chinoise sous-titrée français. Cette version comporte environ dix minutes supplémentaires, ce qui porte la durée du film à 123 minutes environ. Un commentaire plus détaillé arrivera ultérieurement.
Diaporamas
Il ne s'agit ni plus ni moins que de galeries de photos. Sur le second disque, les photos défilent de manière classique. Sur le premier et le troisième, l'éditeur a sans doute voulu faire original en présentant les photos en travers de l'écran et le résultat n'est pas du plus bel effet. Dommage.
Bonus caché
Une scène coupée de 18 secondes se trouve quelque part sur le second disque - elle n'est pas trop difficile à trouver. Il s'agit d'une courte scène entre Chow Yun-Fat et Dean Shek.
Enfin, les trois premiers disques proposent la bande-annonce cinéma du film concerné, chaque bande-annonce s'étalant sur une durée dépassant les 4 minutes. Chaque disque comporte aussi une panoplie de bandes-annonces éditeur.