Les copies du Convoi sauvage et du Fantôme de Cat Dancing ont bénéficié du même traitement de faveur et ce qui frappe d’emblée est la propreté irréprochable de l’image. Rares sont les petites scories qui ont pu passer à travers les mailles du filet de la restauration et seuls de minimes points noirs subliminaux sont aperçus sur la galette du premier film. Bénéficiant du cadre large, les deux longs métrages de Richard C. Sarafian offrent aux spectateurs une profondeur de champ fort agréable même si divers fourmillements sont constatables à plusieurs reprises. La colorimétrie est à peu près semblable pour les deux films à savoir un ciel bleu immaculé contrastant avec les teintes terreuses des paysages, les gammes sombres des costumes et des séquences nocturnes aux noirs plutôt denses. Les contrastes sont concis avec une légère avance pour Le Fantôme de Cat Dancing, plus jeune de deux ans. Les amateurs seront ravis d’apprendre que le grain cinéma est sensiblement conservé tout en découvrant un piqué assez vif et inattendu en particulier sur les plans rapprochés. Malgré tout, certaines scènes apparaissent moins définies et les deux copies demeurent marquées par un effet slow motion trahissant quelques artefacts de compression, nullement dérangeant mais bel et bien tangible sur quelques mouvements de caméra notamment sur Le Convoi sauvage aux prises de vue plus mouvementées. Les masters sont clairs, les séquences nocturnes fluides et homogènes, et les photos stylisées signées respectivement par les chefs opérateurs cultes Gerry Fisher (The Offence, Highlander) et Harry Stradling Jr. (Little Big Man) sont excellemment restituées pour le plus grand bonheur des cinéphiles.
Les mixages anglais et français mono 2.0 pour les deux films ne présentent aucun soucis de compréhension et ont également bénéficié d’une restauration indéniable afin d’offrir aux spectateurs un confort acoustique jamais pris en défaut. Les voix demeurent claires et distinctes, la musique, en particulier la magnifique partition du Fantôme de Cat Dancing signé par le maestro John Williams, est superbement mise en valeur et les effets annexes ne manquent pas. Pour les deux films, les dialogues repris en postsynchronisation détonnent par rapport à ceux enregistrés en son direct, beaucoup plus couverts et graves. Si nous notons quelques légères saturations pour Le Convoi sauvage ainsi qu’un souffle malgré tout limité, la richesse acoustique est frappante (les pas dans la neige, le doux épanchement d’une rivière), dynamique et d’une fluidité édifiante.
Vous retrouverez sur chacun des DVD, un entretien avec Richard C. Sarafian réalisé chez lui par l’excellent Jean-Baptiste Thoret. Attablé devant un bon verre de vin rouge (dont le niveau descend au fil de l’interview), le réalisateur culte de Point limite zéro, 80 ans au compteur, revient sur Le Convoi sauvage dans le segment intitulé L’Ouest sauvage (13min29) et sur l’ensemble de sa carrière dans le module La Danse du destin (26min27). Dans ces entretiens, Richard C. Sarafian parle de ses influences (John Huston en particulier mais aussi Vittorio De Sica, Federico Fellini, Akira Kurosawa, Jean-Luc Godard, Ingmar Bergman, John Ford), pose les thèmes du Convoi sauvage et du Fantôme de Cat Dancing (la quête initiatique des personnages, leur conflit avec Dieu, la quête pour la survie, la rédemption) et évoque les relations entre l’homme et la nature. Le réalisateur new yorkais évoque ensuite le manque d’argent et de temps qui l’ont empêché d’approfondir quelques séquences sur les deux films (la cause de la peur du Capitaine dans Le Convoi sauvage, la relation de Grobart avec les indiens dans Le Fantôme de Cat Dancing). Il règle également ses comptes avec l’industrie hollywoodienne, ne reste pas avare en anecdotes de tournage en particulier sur sa collaboration avec Richard Harris et sur la production du Fantôme de Cat Dancing dont le tournage a été entaché par la mort inexpliquée du jeune attaché de presse de la comédienne Sarah Miles. Ces entretiens dressent le portrait d’un artiste passionné et singulier, fier de ses films et sensiblement amer de ne pas être reconnu à sa juste valeur aux Etats-Unis bien qu’adulé en France et en Italie.
Avant
Après
Sont également disponibles sur chacun des DVD une galerie de photos rares, une filmographie du réalisateur, des liens internet et la bande-annonce du Convoi sauvage (3min).
Richard C. Sarafian et Richard Harris sur le tournage du Convoi Sauvage
Séquence maquillage pour Richard Harris
Dans le cadre de sa collection Classics Confidential, Wild Side joint dans ce coffret un magnifique livre inédit de 80 pages richement illustré par des photos exclusives et des documents d'archives rares, intitulé "L'Ame de l'Ouest" et écrit spécialement par Philippe Garnier, journaliste (Libération, Le Monde), grand cinéphile et écrivain. Ce supplément se penche sur la genèse et l'histoire du tournage du Convoi sauvage et du Fantôme de Cat Dancing. Indispensable.