Les partis-pris esthétiques du célèbre chef opérateur Giuseppe Rottuno (Et vogue le navire..., La Cité des femmes) donne du fil à retordre à la définition avec ce Technicolor alliant à la fois des verts sombres, des teintes roses, saumons et mauves omniprésentes et des noirs denses. Un voile rugueux demeure chronique tout du long, les visages des comédiens, en particulier ceux des fantômes, sont livides et manquent de détails, tandis que la restauration s'avère très impressionnante, malgré quelques poussières et "brûlures de cigarettes" subsistantes. Issu de la copie neuve visible dans les salles en 2010, ce master respecte les volontés artistiques de son auteur mais la définition est loin d'être optimale. La saturation est plutôt légère, quelques décrochages sont à noter sur les fondus enchainés, certaines scènes sombres se révèlent plus spongieuses mais les séquences diurnes sont réellement étonnantes avec un relief fort appréciable et les fourmillements sont plutôt limités.
Marcello Mastroianni, je me souviens, oui, je me souviens (1h31)
Rappelez-vous, nous avions chroniqué en 2010 le DVD du chef d'œuvre Divorce à l'italienne (disponible chez le même éditeur, le test est disponible ici) sur lequel figurait un documentaire indispensable intitulé "Marcello Mastroianni, l'attrait d'un homme ordinaire". On y revenait alors sur la prolifique carrière du comédien à travers des extraits d'entretiens réalisés tout au long de sa vie mais surtout, on croyait ce film exhaustif. C'était sans compter sur ce film "Marcello Mastroianni, je me souviens, oui, je me souviens", réalisé en septembre 1996 par Anna-Maria Tato, la compagne du comédien. Alors qu'il fête ses 72 ans sur le tournage de Voyage au début du monde (réalisé par Manoel de Oliveira), qui sera son dernier film, Marcello Mastroianni profite des pauses entre les prises pour découvrir le Portugal tout en racontant face caméra son amour de la nature, sa passion pour les femmes et le cinéma, ses amis (Marco Ferreri, Vittorio Gassman, Federico Fellini, Ettore Scola, Sophia Loren), ses collaborateurs, son métier, en un mot sa vie. Visiblement diminué par la maladie mais l'œil toujours pétillant, le comédien se confie comme jamais auparavant, partage ses souvenirs comme ils lui passent par la tête, en allumant cigarette sur cigarette (50 clopes par jour depuis 50 ans confie t-il). De son premier film vu au cinéma (le Ben-Hur de Fred Niblo) à ses débuts sur scène en passant par ses échecs professionnels, les plus grands films de sa carrière, sa complicité avec Federico Fellini, son premier grand rôle (Nuits blanches de Luchino Visconti), l'évolution de l'industrie cinématographique en Italie, sa condition d'artiste, sans oublier de nombreux souvenirs d'enfance et d'anecdotes de tournage (la partie consacrée à La Grande bouffe est à ne pas manquer), Marcello Mastroianni subjugue et bouleverse. L'acteur aux 150 films cite Proust et Kafka, ironise sur son physique qui lui a valu d'être taxé de latin lover, une qualification qu'il a toujours détesté et tenté de balayer en remettant constamment son image en jeu. Ce film permet enfin d'admirer les transformations physiques du comédien qui ont marqué à jamais le cinéma. A travers de nombreuses photographies, d'archives, d'extraits, ce film fascinant et mélancolique complète le documentaire "Marcello Mastroianni, l'attrait d'un homme ordinaire" et demeure essentiel pour les fans d'un des plus grands comédiens de l'histoire du cinéma.
L'interactivité du DVD de Fantômes à Rome se clôt sur des notes de production ainsi qu'un lot de bandes-annonces.