Crazy Heart
Le 07/03/2010 à 20:12Par Elodie Leroy
Notre avis
Découvrez ci-dessous la critique de Crazy Heart
CRITIQUE CRAZY HEART
Pour son premier long métrage, Scott Cooper, inconnu au bataillon, frappe très fort. Adapté du roman de Thomas Cobb, Crazy Heart nous emmène au coeur du Texas aux côtés de Bad Blake (Jeff Bridges), chanteur de country has been et fauché. Alors qu'il parcourt le pays pour donner des petits concerts dans des bowlings ou bars de troisième zone, il fait en chemin la rencontre de Jean (Maggie Gyllenhaal), une journaliste locale qui galère pour élever seule son enfant. Irrésistiblement attirés l'un par l'autre, Bad Blake et Jean vont vivre une liaison à la fois tendre et fragile, tandis que le cowboy vieillissant va peu à peu affronter ses démons intérieurs.
Ecrit avec une sensibilité à fleur de peau, le scénario de Crazy Heart ne trahit pas l'ombre d'un cliché dans les portraits de ses personnages qui transpirent le vécu à chaque instant. Se refusant à l'emploi du flash back, Scott Cooper préfère suggérer par petites touches l'histoire passée de Bad Blake, qui se façonne peu à peu aux yeux du spectateurs à travers quelques répliques jetés ça et là. Alors que la fatigue de vivre du personnage, rongé par l'alcool et les regrets, aurait pu conférer au film un caractère sordide, les dialogues, toujours justes, s'accompagnent d'un humour qui lui permet de conserver tout du long une légèreté douce amère. Crazy Heart est porté par la prestation bouleversante de Jeff Bridges qui délivre une composition criante d'authenticité, imprimant à Bad Blake une gestuelle à la fois nonchalante et douloureuse, explorant une gamme d'émotions d'une rare richesse. Les seconds rôles sont loin de faire pâle figure, Maggie Gyllenhaal délivrant l'une de ses plus plus belles interprétations dans un rôle plus vrai que nature.
Scott Cooper signe aussi avec Crazy Heart une ode à la musique country et à l'ambiance si particulière du Texas. Il est rare de découvrir au cinéma des scènes de concert aussi immersives, d'autant qu'elles sont envisagées du point de vue du chanteur comme du public, communiquant de manière vibrante l'amour de cette musique grâce à des cadrages sublimes et une incroyable prise de son. On se surprend à battre la mesure et à savourer les paroles, Jeff Bridges révélant à ce titre des talents de chanteurs impressionnants et un véritable charisme sur scène. Dans le rôle de son disciple auquel il ne pardonne pas son succès, Colin Farrell trouve lui aussi l'occasion de dévoiler son beau filet de voix. A ces moments intimistes répondent les grands angles sur les sublimes paysages texans, Cooper utilisant admirablement le format scope pour en saisir l'immensité. En plus de nous prendre au coeur, Crazy Heart s'impose comme une expérience tellement authentique et vivifiante que l'on en ressort avec l'envie de prendre directement un billet d'avion pour se rendre sur place.