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Grace is Gone

Le 17/05/2008 à 16:34
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Notre avis
6 10

James C. Strouse réussit son passage à la réalisation en délivrant une œuvre intimiste sur le deuil d'un père confronté à ses difficultés de communication avec ses deux filles. Les relations entre les trois personnages centraux sonnent justes d'un bout à l'autre, et si l'on pourra reprocher à Grace is Gone un caractère parfois trop démonstratif, ce film sincère et joliment mis en scène sait garder une certaine simplicité et parvient à laisser une véritable empreinte émotionnelle. L'interprétation poignante de John Cusack, habité par le rôle de ce père déboussolé, y est pour beaucoup.


Critique Grace is Gone

Après avoir révélé ses talents auprès de Steve Buscemi en signant le scénario du très bon Lonesome Jim, James C. Strouse passe à la réalisation avec Grace is Gone, un drame poignant dans lequel un père de famille doit faire face à la mort de son épouse et à ses difficultés de communication avec ses enfants. A travers l'expérience de Stanley (John Cusack), Grace is Gone aborde un sujet rarement pris en compte dans le cinéma d'aujourd'hui, à savoir le deuil des familles des soldats tués pendant la guerre. Une fois n'est pas coutume, l'attention se porte sur un homme dont l'épouse est militaire et a péri au cours d'une opération en Irak. Dès lors que Stanley décide de cacher l'événement à Heidi (Shélan O'Keefe) et Dawn (Grace Bednarczyk) et de les emmener à l'improviste dans un périple supposé les mener vers un parc d'attraction, le film adopte la forme inattendue d'un road movie. Sauf que ce road movie s'avère assez inhabituel dans le genre puisque l'homme ne fuit aucun danger particulier, si ce n'est le moment où il va devoir annoncer la nouvelle à ses deux filles.


Critique Critique Grace is Gone

 

La guerre en Irak constitue toujours un sujet litigieux, surtout aux Etats-Unis, mais James C. Strouse a le bon goût de ne pas transformer son film en pamphlet politique. En effet, le cinéaste n'émet pas de jugement sur le bien-fondé de la guerre et n'hésite pas à utiliser le personnage de l'oncle (Alessandro Philips) pour laisser s'exprimer le point de vue opposé à celui de Stanley. Laissant le spectateur libre de ses opinions politiques, Grace is Gone reste résolument centré sur le drame humain vécu par cette famille, sur l'impact de la tragédie sur les relations entre le père et ses deux filles et sur la manière dont ils vont se redécouvrir mutuellement à l'occasion de ce voyage. Si la tension dramatique est palpable dès les premières minutes de bobine, Grace is Gone dépeint avec justesse les émotions complexes qui étreignent les personnages grâce à une mise en scène très intimiste, elle-même soutenue par une composition musicale prenante signée Clint Eastwood (le vrai, l'unique). On pourra certes reprocher la présence de quelques effets tire larmes dans la dernière partie, mais la qualité de l'interprétation participe à faire de Grace is Gone une expérience émotionnellement intense. John Cusack habite littéralement le film et exprime la douleur et la vulnérabilité de Stanley avec une authenticité désarmante, tandis que les deux jeunes comédiennes qui incarnent ses deux filles lui tiennent tête avec un naturel étonnant. Si la petite Grace Bednarczyk (Dawn dans le film) attendrit par sa spontanéité, c'est sans doute Shélan O'Keefe (Heidi) qui impressionne le plus en apportant une réelle complexité à un personnage un peu trop survolé sur le papier.

 

Critique Critique Grace is Gone

 

L'entreprise n'est toutefois pas exempte de quelques faiblesses. Contrairement à Papa, la superbe comédie dramatique de Maurice Barthélémy et avec Alain Chabat sortie il y a quelques années, un film qui adoptait aussi le canevas du road movie, Grace is Gone n'entretient aucune ambiguïté quant aux sentiments profonds qui guident les éventuels dérapages des personnages. Bien que la balance penche davantage vers celui du père, le point de vue adopté n'en est pas moins omniscient, ce qui confère parfois au métrage un caractère trop démonstratif. Le spectateur décrypte ainsi avec un peu trop de facilité les réactions des uns et des autres, ce qui risque de frustrer légèrement les amateurs de vrais drames psychologiques. En d'autres termes, on aurait aimé que le James C. Strouse fasse un choix entre les regards des trois personnages dominants du film. Malgré tout, force est d'admettre que Grace is Gone sait conserver une simplicité bienvenue et atteint son but, celui de nous laisser entrevoir le vécu de ceux qui partagent le sort de Stanley, et ce sans jamais sombrer dans la mièvrerie. Et c'est déjà une immense qualité.






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