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Le Hérisson

Le 30/06/2009 à 18:48
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Notre avis
4 10 Pour son premier long métrage, Mona Achache tombe dans le piège classique de l'adaptation frileuse, s'auto-freinant sans doute par un souci de ne pas dénaturer le roman à succès (L'élégance du hérisson de Muriel Barbery) duquel elle tire son film.

Critique L'élégance du Hérisson Mona Achache Muriel Barbery Josiane Balasko Critique L'élégance du Hérisson Mona Achache Muriel Barbery Josiane Balasko
Paloma (Garance Le Guillermic), gamine plutôt maline de onze ans a décidé de se suicider le jour de son anniversaire par dégoût de sa famille. Renée Michel (Josiane Balasko) cache sous ses airs de concierge bourrue et taciturne une femme cultivée et japanophile. Pas dupes l'une de l'autre, elles noueront une relation particulière et apprendront à s'ouvrir au monde à l'arrivée du nouveau locataire, l'énigmatique Monsieur Kakuro Ozu (Togo Igawa).

Mona Achache, dont Le Hérisson est le premier long métrage, a visiblement beaucoup de tendresse pour les personnages du roman de Muriel Barbery et semble même se retrouver dans les yeux de Paloma, qui se sert de sa caméra comme d'un outil d'étude sur sa famille timbrée. Mais plus qu'une qualité, c'est bien ce trop de tendresse qui dessert le film. Ses personnages ne sont en effet définis - mis à part leur exclusion volontaire des autres qui ne peuvent les comprendre - que par un ou deux traits de caractère forcément positif, comme si la jeune réalisatrice avait peur de perdre la sympathie du public en rendant son trio de personnages plus humain. Par peur de les abîmer, jamais elle ne les bouscule, jamais elle ne les plaque face à leurs certitudes ou leur morne existence. Lisse et uniforme, ce trio manque en définitive tout autant de consistance que les insipides bourgeois ignorants qui les entourent (en passant : bonjour le cliché !). La réalisatrice s'avère par ailleurs beaucoup trop frileuse dans sa mise en scène académique (il faudra peut-être qu'on se fasse une raison avec le ciné français...) ainsi que dans son crucial devoir d'adaptation à l'écran de ce qui fonctionne à l'écrit chez Muriel Barbery. Que les personnages s'expriment en langage soutenu n'est dans un bouquin aucunement gênant (cela fait partie d'une acceptation tacite du lecteur), mais le besoin de réalisme étant au cinéma primordial, une telle façon de parler ne passe pas du tout. Du coup, aussi intelligente qu'elle puisse être, pas une seule seconde n'est crédible cette gamine qui s'exprime, avec érudition et en choisissant scrupuleusement ses mots, sur ses congénères familiaux ou sur le principe de vie et de mort dans le jeu de go. "Les apparences sont trompeuses" nous confie la réalisatrice. On regrette seulement qu'à l'inverse de Jaoui/Bacri autrement plus subtiles, Mona Achache campe trois personnages déconnectés de toute réalité. Fallait-il que ces outsiders soient autant cultivés et rafinés pour gagner l'approbation du public ? Jamais investi par la mise en scène ou par des personnages auxquels on ne croit pas, on suit sans conviction ces personnages amorphes jusqu'à un dénouement tire-larme dont on avait deviné la morale depuis belle lurette.







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