Le Malin
Le 08/10/2007 à 08:01Par Sabrina Piazzi
A la fin des années 70, John Huston alors âgé de 73 ans ne compte pas prendre sa retraite. En totale indépendance, le réalisateur du Grand sommeil et de Key Largo réalise Le Malin, l'œuvre d'un homme en pleine « force » comme le dit l'historien du cinéma Patrick Brion dans son introduction disponible sur le DVD : « un film exceptionnellement jeune parmi la plupart des longs métrages réalisés par d'autres cinéastes du même âge à la même époque ». Passionné par son sujet à savoir l'itinéraire d'un bookmaker de la religion, en d'autres termes un prédicateur ambulant, John Huston se sert du roman de Flannery O'Connor afin d'approfondir ses thématiques récurrentes. Le personnage principal, Hazel, incarné par un Brad Dourif littéralement habité par son rôle, est un « aventurier » qui croît en ce qu'il fait et qui ira jusqu'au bout de ses ambitions dans un monde qui le déçoit. Il créé et vante un nouveau culte, celui d'une Eglise sans Christ. De rencontres en rencontres, Hazel se confronte à des concurrents ou des plagiaires sans jamais remettre en question ses idéaux.
John Huston dresse une galerie de personnages hauts en couleurs, auréole les laissés pour compte des Etats-Unis et offre à Brad Dourif un de ses rôles les plus marquants. Le Malin est encore de nos jours un film audacieux dénonçant tous les fanatismes (conduisant à l'automutilation mais aussi au crime), bourré d'humour et techniquement grandiose. Un véritable bras d'honneur aux conventions.