Le Missionnaire

Jean-Marie Bigard + Samantha Oups + EuropaCorp + premier film ... le calcul était vite fait dans nos petites têtes de cinéphiles médisants : Le Missionnaire allait être un mauvais film (pour rester poli). Mais, comme nous le diraient les frères Blues, les voies du Seigneur sont impénétrables, et ô Miracle, ce missionnaire-là, même s'il ne sermonne rien de bien original, a réussi à convaincre notre paroisse qu'il méritait sa place, peut-être pas au paradis, mais certainement pas non plus dans les limbes qui lui étaient prédestinées.

Sorte de Sister Act à la française, à l'humour issu d'un croisement hybride entre quelques Louis de Funès de bas étages (pour l'humour vieille France et le sur-jeu constant) et le meilleur de Jean-Marie Poiré (pour la mise en scène), le premier film de Roger Delattre n'est pas un grand film, loin de là. Ultra caricatural (il suffit de voir la vision de la France "d'en bas" dépeinte dans le film), lorgnant volontairement du côté du Grand-Guignol qui s'agite beaucoup pour pas grand chose, sacrifiant souvent ses dialogues au profit de quelques "bons" mots façon Audiard de supermarché, Le Missionnaire nous rappelle par moment quelques passages du pourtant peu mémorable La vie est à nous ! de Gérard Krawczyk. Oui, ça fait mal. Mais après quelques premières trente minutes laborieuses, Delattre dévoile les charmes de sa bobine et finit par nous rendre attachant ce truand repenti qui va à sa manière apporter de la joie dans un petit village, et réussir là où un homme d'Eglise lambda aura échoué avant lui. Avec sa simplicité et son pragmatisme, il arrivera à faire passer un message de paix, certes un brin facile, mais qu'il est toujours bon d'entendre. Ce n'est pas très fin, mais au moins ce n'est pas vulgaire. Pataud mais honnête, le film s'améliore donc avec le temps, et nous prouve en fin de compte que malgré des apparences balourdes, il a un bon fond. Un peu comme son acteur principal serions-nous tentés de dire .