Les Contes de la Nuit 3D
Le 13/04/2011 à 08:57Par Elodie Leroy
Après les Kirikou et Azur et Asmar, Michel Ocelot se livre à de nouvelles expérimentations avec Les Contes de la Nuit 3D, réunion de cinq courts métrages revisitant des légendes traditionnelles d'origines géographiques variées. Véritable festival de couleurs chatoyantes et de formes gracieuses fourmillant de détails somptueux, Les Contes de la Nuit fait un emploi inédit de la 3D qui s'accorde aux partis pris graphiques de Michel Ocelot pour apporter aux décors un relief élégant. C'est sur le fond que Les Contes de la Nuit pèche par manque d'originalité, véhiculant quelques clichés que l'on croyait définitivement passés de mode, même si certains contes séduiront de manière inconditionnelle. Cela dit, malgré un contenu inégal, Michel Ocelot signe une œuvre poétique et pleine de charme, un ravissement pour les yeux doublé d'une ode à l'imaginaire. Découvrez ci-dessous la critique des Contes de la Nuit 3D.
CRITIQUE : LES CONTES DE LA NUIT
La sortie d'un long métrage de Michel Ocelot est toujours un événement. Pour les enfants mais aussi pour tous les amoureux de cinéma d'animation qui se respectent, ou même les amateurs de contes quelque soit leur âge. Avec les chefs d'œuvres que sont Kirikou et la Sorcière et sa suite Kirikou et les Bêtes Sauvages, mais aussi Azur et Asmar, Michel Ocelot fait partie, aux côtés de Sylvain Chomet (L'Illusionniste), des auteurs qui ont su apporter un nouveau souffle à l'animation française en employant à bon escient les techniques modernes, tout en conservant une délicieuse touche traditionnelle et un style très affirmé. Des auteurs qui ont aussi su résister au formatage des productions d'outre-Atlantique et respecter l'esprit du cinéma d'animation français, qui a toujours mis en avant de véritables personnalités artistiques. Avec Les Contes de la Nuit, Michel Ocelot se livre à de nouvelles expérimentations graphiques en s'essayant à la 3D relief et revisite par la même occasion cinq contes traditionnels d'origines géographiques variées. Si pour des raisons thématiques le film ne nous a pas autant emballés que ses précédents, Michel Ocelot signe une fois de plus une œuvre pleine de magie et visuellement magnifique.
Dans un vieux cinéma, une fille, un garçon et un vieux technicien se retrouvent chaque soir pour fabriquer des costumes et inventer des histoires dont les deux jeunes gens sont eux-mêmes les interprètes. Véritable promesse de poésie jouant sur la mise en abyme, le décor qui ressemble à un vieux théâtre abandonné fait tout simplement rêver, cependant que les personnages élaborent leurs pièces sous l'œil observateur d'une chouette dont le hululement marquera le coup d'envoi de chacune de ces histoires de princes et de princesses. N'ayons pas peur des mots, le graphisme des Contes de la Nuit est tout simplement sublime, avec ses couleurs chatoyantes, ses personnages en ombre chinoise dont seuls les yeux ressortent avec une grâce folle, ses décors somptueux aux feuillages minutieusement dessinés (véritable marque de fabrique d'Ocelot, qui fascine toujours autant). Avec de tels partis pris graphiques, on se demandait comment Michel Ocelot allait introduire la 3D, censée mettre en valeur les volumes. C'est toute la subtilité visuelle du film : la 3D différencie les plans du décor pour lui apporter un relief tout particulier sans jamais trahir les effets d'aplats auxquels l'auteur nous avait habitués. Une manière aussi belle qu'originale d'utiliser le procédé, que l'on doit en l'occurrence à Mac Guff Films, studio français auquel l'auteur avait déjà fait appel pour Azur et Asmar et qui officie également pour des productions hollywoodiennes (Moi, Moche et Méchant).