Les yeux de Julia
Le 10/11/2010 à 13:50Par Arnaud Mangin
Tentant de nous faire croire de façon maline que son film tend à un certain onirisme propre au cinéma fantastique européen, le réalisateur de cette production Del Toro révèle finalement son jeu : un slasher de très moyenne gamme, à la limite d'un Giallo dépourvu de charme, qui semble compenser son manque de confiance en l'intelligence du spectateur par une violence maladroite. Même si techniquement somptueux, derrière leur façade vitreuse, on se rend rapidement compte que Les Yeux de Julia n'ont plus rien à dire...
Découvrez ci-dessous la critique du film Les yeux de Julia
Critique Les yeux de Julia
Valeur sure du cinéma de genre européen avec la Grande-Bretagne, l'Espagne n'a eu de cesse de s'ériger avec talent depuis quelques années. Alors forcément, lorsque l'on apprend que Guillermo Del Toro chaperonne un nouveau produit après l'excellent L'Orphelinat (déjà avec Belén Rueda), on tend l'oreille. Plus que les yeux en tout cas puisque le sujet de cette nouvelle production se penche sur la cécité visuelle et les méandres qui l'entourent lorsque le danger rôde aux alentours. Ou l'histoire de Julia, une femme dont la vue baisse à un rythme alarmant, souhaitant démêler la mort mystérieuse de sa sœur qui souffrait également des mêmes symptômes, avant d'être totalement plongée dans l'obscurité. Dans la thématique, c'est beau. Dans le relationnel entre les personnages c'est beau aussi... D'ailleurs c'est globalement beau à titre visuel (un comble pour un film d'aveugles) puisque le travail photographique apposé ici est d'un soin rare pour un simple thriller bateau. .
Mais patatras, malgré la teneur adulte que Les Yeux de Julia pose dans ses bases, on se rend vite compte que le réalisateur Guillem Morales (dont c'est le second film) est bien plus un petit malin cherchant l'efficacité outrancière jusqu'à plus soif qu'un cinéaste inspiré. Et ses magnifiques ouvertures, aussi oniriques soient-elles, semblent finalement n'être que des ficelles permettant de masquer la très mauvaise écriture du film, étalant sa nature profonde dans son dernier tiers. En effet, après 60 minutes confinant presque à de la poésie séduisante, il casse son jeu en basculant dans une modernisation crétine du Giallo/Slasher (sans le charme, ni les codes) et tous les pièges vulgaires qui s'étendaient devant lui. Réutilisant d'ailleurs pour l'occasion la chute de Ténèbres de Dario Argento. Et une demi heure de portes qui claquent et de couteaux qui passent à travers, ça fait quand même très long pour un affrontement final.
Loin d'être dénué de qualités, essentiellement techniques, Les Yeux de Julia est pourtant ce qu'on peut qualifier de gâchis, succombant bêtement aux facilités du "Pan t'es mort" assez crétin sans énergie après une mise en place pourtant prometteuse. Le résultat est tellement anodin qu'on peut passer à côté les yeux fermés.