LOL (laughing out loud) ®
Le 03/02/2009 à 18:04Par Michèle Bori
Moins fun que Nos 18 ans, moins poignant que La Naissance des Pieuvres, moins juste que Et toi t'es sur qui ? et largement moins drôle que Mes Copines, sorti il y a deux ans, LOL déçoit. Sorte de relecture moderne de La Boom, s'intéressant à la jeunesse dorée des années 2000, le nouveau film de Lisa Azuelos ne dispose hélas pas de la même âme que son illustre modèle et se retrouve plombé par une accumulation de poncifs et une absence totale d'enjeux narratifs. Pas vraiment MDR. Découvrez ici la critique de LOL...
CRITIQUE DU FILM LOL
Deux ans après Comme t'y es belle, sorte de Sex and the Sentier qui avait su conquérir les spectateurs (près d'un million d'entrées quand même), Liza Azuelos revient avec LOL. Une comédie sur les ados, leurs problèmes de cœur, leur ressentiment face à l'incompréhension de leurs géniteurs, eux-mêmes perdus dans une vie sentimentale mise à rude épreuve par les nouvelles normes sociétales en matière de couple ... Chouette, un film comme ça, cela faisait bien six mois qu'on n'en avait pas vu ! C'était cet été, avec le très sympathique Nos 18 ans de Frédéric Berthe, qui en assumant pleinement son côté teen comedy avait réussi à nous convaincre de sa bonne foi, en dépit du fait qu'il n'apportait strictement rien à ce qui avait été fait auparavant. Malheureusement, malgré de fortes similitudes entre les deux projets, LOL est bien moins emballant.
Si nous pouvons pardonner l'humour désuet du film, dont les seuls moments de grâce sont à mettre au crédit de quelques adultes (Alexandre Astier, Jocelyn Quivrin), il en sera autrement pour le fond, démodé et inoffensif, dans lequel les seuls messages qui ressortent sont des vieux lieus communs surannés : "Après tout, ils sont jeunes, laissons-les s'amuser" et "Nous aussi on a fait des bêtises quand on était ados". Pas de grosses surprises dans cette peinture sèche et sans point de vue donc, puisqu'on retrouve les mêmes thématiques et les mêmes problématiques vues depuis 25 ans dans tous les films du genre (du Breakfast Club de John Hugues au Supergrave de Judd Apatow), mais ici traitées par dessus la jambe. Seule nouveauté : la mise à jour de cas de figure. Les SMS remplacent les lettres d'amour qui jadis passaient de main en main jusqu'au premier rang et MSN a surclassé les interminables appels téléphoniques qui naguère bloquaient la ligne familiale jusqu'à pas d'heure. LOL, que l'on pourrait surnommer "La Boom 3 version XXIe siècle", avec Sophie Marceau dans le rôle de la maman (pour passer le flambeau certainement) et une nouvelle génération de djeunz censée représenter les adolescents modernes. Et c'est là que le film de Lisa Azuelos exaspère. Car quels sont ces jeunes pour la réalisatrice ? Des Nappies !
Les Nappies... Cette génération parisiano-bourgeoise de teenagers coiffés au Vivel Dop fixation bêton qui vivent dans le 16è arrondissement de Paris, qui arpentent les rues de la capitale le soir venu en faisant beaucoup de bruit, qui se la jouent rebelle en écoutant du rock à papa (voire à grand papa) et qui gagne en guise d'argent de poche hebdomadaire l'équivalent de deux RMI. Ces jeunes qui passent leurs nuits en boite, qui fument du hash parce que "c'est cool, quoi, tu vois" et qui sniffent juste parce qu'ils en ont les moyens. Cette jeunesse dorée - si bien décrite par TTC dans son tube "De pauvres riches" - qui représente peu ou prou la tranche de la société la plus inintéressante que la France ait connu depuis les yéyé. Ces ados là n'ont pas d'idéaux politiques, pas de révoltes à mener et ne sont pas des portes étandards d'une évolution culturelle majeure. Leur seul créneau, pour reprendre la fameuse expression des Beastie Boys, est de se battre (mais très mollement) pour "leur droit de faire la fête". Là où les jeunes des années 90 hurlaient leur mal être en chantant "Fuck You I Won't do What You tell me" ou encore "Qu'est ce qu'on attend pour foutre le feu ?", ceux-là dodelinent de la tête en écoutant sur Myspace les "hits" de Naast, de Justice, des BB Brunes et des Vesperines. Leur Kurt Cobain s'appelle Pete Doherty. Leur PJ Harvey, Amy Wimehouse. Une partie négligeable et insipide de la jeunesse donc. LOL raconte leur quotidien et est donc dénué de tout intérêt.