Max Payne
Le 11/11/2008 à 22:17Par Arnaud Mangin
Se rapprochant plus d'un Sin City vraiment chiadé, Max Payne accumule les tares à la pelle à commencer par ne pas rendre justice au jeu vidéo culte. Trop vite emballé au niveau du scénario et de la mise en scène, sans réelle ambition ni vraie personnalité, Max Payne est totalement fade et provoque même quelques rires involontaires. Malgré une bande annonce presque enthousiasmante, on sy attendait, vous vous y attendiez, et le résultat est malheureusement à la hauteur.
Commençons d'abord par les qualités du film. Ou plutôt la qualité. Par courtoisie mais surtout parce que l'on va très rapidement en faire le tour. Quelque part sur le plateau de tournage traînait quelqu'un, une flèche en comparaison avec tous les autres, qui a au moins reconnu en Max Payne un univers un brin esthétisé. Ca permet d'une part aux étalonneurs numériques d'enchaîner les nuits blanches pour rendre le machin dans les temps, mais surtout de reproduire la texture lisse et froide du jeu vidéo. Bon, Sin City est passé par là avant, mais le résultat beaucoup moins numérique que le film de Robert Rodriguez est une qualité. Malheureusement le scénario enchaîne tellement les clichés et avec une telle maladresse, que l'esthétique du film ne peut pas cacher un fond aussi creux.
Max Payne, ça raconte donc l'histoire de Max Payne. Un type bien, à priori, à qui tout souriait : une grande maison, une belle femme, un bébé et une belle chemise blanche qui lui faisait voir la vie en jaune/orange. Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin, des sales types ont débarqué chez lui, ont fait un trou dans son carreau et ont tué sa famille. Des vrais méchants, des drogués qui se shootent avec une nouvelle dope qui leur fait voir des démons. Du coup, Max voit la vie en gris, avec une nouvelle chemise noire. Comme il a vu tous les Un Justicier dans la ville et la trilogie Matrix, il décide donc de mettre la main sur les salopards, de se venger façon Charles Bronson en leur tirant dessus façon Keanu Reeves. Le hic pour Max, c'est que l'industrie du jeu vidéo est rentable comme on ne devrait pas le permettre et qu'un shoot'em up de 2002 doit fatalement devenir un ''vrai'' film de cinéma en 2008. Avec tous les clichés de rigueur. Pauvre Maxou, on ne lui aura rien épargné.
Avec Max, pas de pitié pour le bitume...
Comme il n'a pas assez morflé, on lui inflige donc John Moore à la tête du projet. Un réalisateur à la filmographie glissant sur une pente raide, qui annonçait déjà la couleur avec En Territoire Ennemi, film glorificateur de l'armée américaine, bourré de ralentis et qui n'aurait duré que 20 minutes à vitesse réelle. Outre Un Vol du Phoenix moins honteux, Moore est ensuite devenu responsable du remake de La Malédiction. N'en jetez plus, Max Payne est donc entre les mains d'un yes-man sans réelle inspiration quelconque, si ce n'est qu'il sait précisément où se trouve le bouton ralenti sur les caméras. Ce n'est pas rien, ça. Un truc bien pratique quand on veut rendre spectaculaire quelque chose qui ne l'est pas, comme par exemple trois abrutis qui se tirent dessus dans une remise.
Malheureusement, Max Payne, c'est ça ! Trois couillons qui se tirent dessus dans une remise, derrière un bureau. Bon, comme ça doit quand même durer un peu plus d'une heure et demi, est rajouté un méchant énigmatique (mais échappé de Prison Break) qui passe tout le film sur les toits à regarder ce que font les autres en dessous, une nana à poil qui s'entoure d'un drap, un complot cliché, des seconds rôles bidons, deux/trois cascades démonstratives déjà vues mille fois en dix ans et une intrigue emberlificotée qui empêche ce semblant de film de décoller avant une bonne heure. Car si encore Max Payne était juste mauvais, on aurait pu rigoler un peu, mais le résultat final est surtout aussi ennuyant que regarder un autre type en train de jouer. Une bonne façon de nous rappeler que dans ces conditions, Max Payne aurait dû rester un jeu vidéo.