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Monsters

Le 01/12/2010 à 10:20
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Notre avis
8 10

Quand un cinéaste débutant relève le défi impensable de réaliser avec 15000 dollars en poche un film de monstres en plein cœur du Mexique, cela donne Monsters, un mélange de science-fiction et de road movie aux accents politiques. Les scènes d'action auraient gagné à être rallongées et les personnages plus fouillés mais Monsters coiffe au poteau bon nombre de productions hollywoodiennes grâce à sa mise en scène immersive, son atmosphère post-apocalyptique richement entretenue et la pertinence de son propos.

Découvrez ci-dessous la critique de Monsters


Critique Monsters

Critique Monsters

 

Réaliser un film de monstres avec 15000 dollars en poche a tout du pari impossible et c'est pourtant le défi que le réalisateur Gareth Edwards se propose de relever avec Monsters. Infographiste de formation, le cinéaste anglais avait déjà réussi à épater le studio Vertigo avec quelques plans filmés par ses soins et tournant autour de situations catastrophes, des images dont il avait réalisé les effets visuels avec son ordinateur portable. A présent, Gareth Edwards signe avec Monsters son tout premier long métrage et se lance dans le projet fou d'aller tourner en pleine jungle mexicaine en équipe très réduite (moins de dix personnes, acteurs compris), recrutant au passage quelques non professionnels pour assurer les rôles secondaires. D'un réalisme assez surprenant compte tenu de son pitch science-fictionesque de départ, le résultat ne ressemble à rien de ce qui a été vu auparavant et croise les genres avec une certaine habileté.

 

Critique Critique Monsters

 

L'histoire de ce film britannique plante son décor au Mexique, six ans après le crash d'une sonde de la NASA qui ramenait des échantillons de vie extraterrestre. Depuis, une partie du pays ainsi que le Costa Rica ont été déclarés "zone infectée". Sur le devant de la scène, Andrew (Scoot McNairy), un photographe en quête du cliché susceptible de faire la Une, se voit contraint de ramener à la frontière Sam (Whiteney Able), la fille du grand patron de sa société. Mais dans une région en ruines, le moindre moyen de transport devient hasardeux, quand il ne requiert pas d'avoir un sacré pactole en poche - de quoi décourager les plus démunis de sauver leur peau. Avec son ambiance crépusculaire et ses extraterrestres géants lâchés en liberté dans une zone mise en quarantaine, Monsters pourrait ressembler à un mélange entre Cloverfield et District 9. Pourtant, si Gareth Edwards surfe indéniablement sur cette vague, l'invasion alien ne constitue finalement qu'une toile de fond pour le film qui se définit plutôt comme un road movie post-apocalyptique aux accents politiques, avec une pincée de romantisme. Gareth Edwards s'intéresse tout autant au voyage singulier réalisé par ses deux personnages, mais aussi à décrire la manière dont les habitants de la région ont accepté la présence des créatures - désormais intégrées au folklore local. Le cinéaste imagine en outre comment les différents pays concernés ont pu gérer l'invasion, à commencer par les Etats-Unis qui cherchent à tout prix à se protéger et à repousser le problème, quoiqu'il en coûte pour la faune locale. Outre un message écologique distillé sans trop de moralisme, on ne pourra s'empêcher de déceler également une critique acerbe de la politique d'immigration américaine envers le Mexique.

 

Critique Critique Monsters


Le budget de Monsters étant ce qu'il est, il ne faudra pas s'attendre à découvrir un film d'action reposant sur une attaque de monstres tous les quarts d'heure. Le film s'attache davantage à immerger le spectateur dans une atmosphère à la fois tendue et exotique aux côtés du couple de voyageurs, plongés dans l'angoisse de voir surgir une créature alien et dont les réactions s'avèrent crédibles d'un bout à l'autre (Scoot McNairy, impeccable). Gareth Edwards filme à ce titre la jungle avec passion et fait de son Monsters une expérience immersive et dépaysante, voire émouvante grâce à la composition musicale atmosphérique signée Jon Hopkins (la partition évoque celles de Cliff Martinez dans Trafic et dans Solaris). Certes, Monsters manque un peu de générosité du côté des scènes d'action et c'est sur ce plan que le manque de moyens se fait ressentir. Mais Gareth Edwards est un cinéaste intelligent qui a compris qu'il fallait chiader les quelques séquences où surviennent les créatures. Et quand monstres il y a, la qualité, voire la beauté, est au rendez-vous. Avec ses tentacules visiblement dotée de capteurs sensoriels (on pense à La Guerre des Mondes pour le moment où la jeune femme se cache dans un magasin pour leur échapper), le design des pieuvres géantes réserve quelques jolies surprises, certaines visions distillant une sensation mystique renvoyant à l'apparition sur la route de la créature géante dans The Mist.

 

Critique Critique Monsters

 

En d'autres termes, il ne manque à Monsters qu'un soupçon d'action supplémentaire et une écriture des personnages plus fouillée pour prétendre entrer dans les classiques du genre. Quoiqu'il en soit, ce premier long combine déjà l'originalité et la réussite formelle, ce qui est déjà beaucoup, et a de quoi donner de fabuleux espoirs aux étudiants en cinéma ou toute autre personne souhaitant se lancer dans un film de genre à moindre coût susceptible de coiffer au poteau quelques productions hollywoodiennes.

 

 

Date de première publication : le 2 novembre 2010 à 8h40

 







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