Red Riding 1974

Le 12/11/2009 à 18:04
Par Yann Rutledge

Notre avis

8 10 Il est rageant de constater que tandis que nous devons nous farcir Joséphine Ange Gardien ou Louis la Brocante, de l'autre côté de la Manche la télévision britannique propose du polar sombre et intelligent. On a la télévision qu'on mérite dit-on... Tandis que chez nous les téléfilms sont indissociables de la médiocrité formelle, 1974 - premier volet de Red Riding qui en compte trois - surprend par ses partis pris esthétiques. Le cinéaste parvient effectivement a faire sienne la griffe de David Peace, écrivain anglais dont est adaptée la série. Souvent rapproché de James Ellroy, Peace s'inspire effectivement de faits divers macabres, fasciné qu'il est par ce qui se trame tant dans les bas-fonds que dans les salons confortables d'une petite bourgeoisie adepte de perversités - deux mondes qui se retrouvent par ailleurs d'avantage liés qu'on ne le croit. Les deux écrivains partagent également un goût pour les récits complexes, aux tiroirs multiples, enchevêtrés les uns dans les autres, où chaque détail - même le plus anodin - s'avèrera crucial par la suite. 1974, le premier volet, suit l'enquête d'un jeune journaliste du nom Eddie Dunford sur d'étranges disparitions de fillettes dans le Yorkshire (dans nord de l'Angleterre) tandis qu'un de ses collègues s'intéresse de près à une magouille politico-industrielle. Plus il avance, plus Eddie comprend que les deux enquêtes sont liées... Faisant usage d'une photographie granuleuse, de la caméra épaule et d'un montage volontairement décousu, Julian Jarrold ne lâche pas d'une semelle la dure et progressive descente aux enfers d'Eddie. Le cinéaste est par ailleurs épaulé d'un casting de premier choix, en premier lieu Andrew Garfield (qu'on avait pu découvrir dans Boy A et Lions et Agneaux) dans le rôle du journaliste obstiné, mais également Eddie Marsan (Miami Vice, Vera Drake), Rebecca Hall (Le Prestige, Frost/Nixon), Peter Mullan et Sean Bean dont on saisira pleinement l'implication dans le troisième et dernier épisode. Un premier volet remarquable au final d'une grande noirceur qui ne s'avère qui plus est pas le meilleur de la série.