Whiteout
Le 21/09/2009 à 10:26Par Caroline Leroy
Pour son grand retour sur les écrans, Dominic Sena se fourvoie dans un polar éteint et peu digeste qui n'exploite jamais vraiment le potentiel de son décor pourtant original, l'Antarticque. Scénario linéaire, absence totale d'atmosphère, musique redondante et incessante, Whiteout finit par susciter un ennui profond que ne dissipent pas ses quelques scènes d'action placées ça et là pour en mettre plein la vue. Même la présence de Kate Beckinsale, très convaincante, ne justifie pas de s'attarder sur ce long métrage sans suspense qui ne s'élève jamais vraiment au-dessus du niveau d'un banal téléfilm.
Découvrez ci-dessous la critique de Whiteout
Dominic Sena nous avait agréablement surpris lors de ses débuts au cinéma en 1993 avec le sympathique Kalifornia, qui offrait notamment à Brad Pitt un contre-emploi savoureux. Son film suivant, 60 secondes chrono, se laissait voir mais n'arrivait pas à la cheville de Gone in 60 seconds, réalisé en 1974 par H.B. Halicki - et dont les quarante dernières minutes proposent sans doute la plus hallucinante course-poursuite en voiture de l'histoire du cinéma. Quant à Opération Espadon, il s'apparentait à un machin vulgaire et sans aucun intérêt, à l'exception de l'explosion hilarante d'un hélicoptère au dessus d'un toit dans son dernier quart d'heure... Un bilan pas vraiment fameux. Après avoir déserté les écrans de cinéma pour se tourner vers la télévision, le réalisateur nous revient huit ans plus tard, toujours sous la houlette de Joel Silver, avec un thriller nettement plus posé que son précédent film. Dominic Sena a-t-il encore quelque chose à nous dire ? Il est permis d'en douter.
L'attrait de Whiteout repose avant tout sur son décor : l'Antarctique et son froid glacial, milieu hostile entre tous et terrain propice au développement d'un huis clos oppressant voire paranoïaque - une pensée pour The Thing de John Carpenter -, surtout lorsque notre héroïne, le Marshal Carrie Stetko (Kate Beckinsale), se voit adjoindre la compagnie d'individus suspects tels que l'Agent Spécial Robert Pryce (Gabriel Macht). Le souci est que nous sommes bel et bien dans une production hollywoodienne et que la création d'une atmosphère est le cadet des soucis du réalisateur comme de ses producteurs. Tout au plus Dominic Sena se contente-t-il de jouer sur la frontière qui sépare l'intérieur (le refuge) et l'extérieur (la mort) dans ce contexte particulier. L'important est que l'intrigue avance et qu'elle soit régulièrement entrecoupée de scènes d'action reposant si possible sur un concept un peu original. Carrie se retrouve par conséquent à plusieurs reprises poursuivie dehors par grand froid sous la menace d'un individu masqué brandissant une machette. Si le scénario tenait ses promesses par ailleurs, ces scènes brouillonnes et peu inspirées visuellement ne lasseraient pas autant. Or Whiteout se contente de tisser une trame policière très linéaire dont on voit arriver la résolution bien avant les personnages.
L'ensemble apparaît d'autant plus pénible que le film est constamment alourdi par une bande originale assommante qui en surligne le moindre changement de ton. Dès qu'il y a danger, les oreilles sont martelées par un rythme allant crescendo qui n'est soutenu par aucune mélodie ; quand tout va bien, la musique repasse en majeur de manière soudaine et excessive. Cette incapacité récurrente dans le cinéma américain commercial à mettre en relation les images et la musique de manière intelligente devient usante à la longue. A force de chercher à tout prix à combler les vides, Whiteout en oublie de se concentrer sur l'ambiance du récit et le traitement des personnages. Sans Kate Beckinsale, le film serait tout simplement irregardable. Le personnage de Carrie est à peine esquissé sur le papier mais l'actrice parvient à en tirer le maximum avec sobriété et conviction. Dommage que sa prestation ne soit jamais soutenue par une réalisation à l'avenant.