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Claustrophobe ?

Le 04/11/2010 à 08:43
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Dossier : les films claustrophobes Dans les salles cette semaine, Buried pousse à l'extrême le concept du huis-clos en enfermant son personnage principal interprété par Ryan Reynolds dans un cercueil une heure et demie durant. Alors que l'idée aurait pu s'essoufler au bout de vingt minutes, Rodrigo Cortés réussit à maintenir le suspense claustrophobe du début à la fin, sans temps morts, et délivre un propos pertinent sur l'emploi des contractuels dans la guerre d'Irak, soulevant au passage quelques questions sociales glaçantes sur le peu de poids de la vie humaine face aux complications administratives engendrées par sa propre existence.

Buried n'est pas le premier huis clos, loin de là, à distiller efficacement une sensation d'enfermement dans un espace confiné : de Alien à [Rec], en passant par The Descent, Cube ou encore Les Autres, les exemples sont légion.
Justement, les rédacteurs de Filmsactu profitent de la sortie de Buried pour tout vous dire sur leur peur des espaces confinés puisque chacun vous révèle le film ou la scène "claustro" qui lui a provoqué des angoisses. Et vous, êtes-vous claustropobes ?


Dossier : les films claustrophobes

Kevin Prin : Difficile de répondre ! Fellini Satyricon ?

Par définition, la claustrophobie est désagréable, "phobique". Lorsqu'elle est voulue dans un film, elle procure un ressenti renvoyant au contraire directement aux plaisirs que je cherche au cinéma et ne répond donc pas une seule seconde à sa définition de base. A mon sens, la triste vérité est que les films provoquant réellement cette violente et désagréable sensation le font involontairement. Le premier qui me vient en tête est Fellini Satyricon, où le décor romain ressemble plus à celui d'un gigantesque vaisseau spatial tout droit sorti d'un film SF des années 70, où tous les lieux semblent enfermés entre quatre murs et sans aucune aération. Tenir dans une salle durant 2h18, devant ce film (fascinant) sans se tortiller dans tous les sens et sans en espérer rapidement la fin tient du défi. S'agissant en plus d'un film réussi, Satyricon demeure à mon sens la meilleure définition que je peux trouver à la claustrophobie au cinéma... Mais bon nombre de navets cheaps et/ou mal filmés provoquent également la même sensation horriblement désagréable, souvent justement des films de SF enfermés entre quatre murs. Les autres ne m'impressionnent pas, du moins pas dans ce sens.



Dossier : les films claustrophobes

Elodie Leroy : HAZE de Shinya Tsukamoto
Court métrage d'une cinquantaine de minutes réalisé par l'inénarrable Shinya Tsukamoto (Tetsuo, Tokyo Fist, Nightmare Detective), Haze présente au moins un point commun avec Buried : le film s'ouvre sur le moment où un homme s'éveille dans un espace étouffant et entièrement plongé dans la pénombre. Cerise sur le gâteau, le pauvre gus, qui n'a aucun souvenir de la manière dont il est arrivé là, se paie une grosse entaille ensanglantée dans l'abdomen. Le terrain de jeu n'est pas d'un cercueil mais d'un dédale de couloirs bétonnés laissant tout juste la place de ramper à sa pauvre victime - ou plutôt ses victimes, comme nous le découvrons un peu plus tard - sachant que des pièges mortels et vicieux sont disséminés sur son chemin et le mutilent au fur et à mesure. Comme on s'en doute, le labyrinthe est une métaphore de l'univers mental du personnage, ce qui ouvre la porte à de nombreuses possibilités.
Outre le moment où Shinya Tsukamoto (qui est aussi l'interprète principal) s'éveille dans cet espace confiné en pousse un hurlement à vous coller des frissons, une scène m'a particulièrement horrifée : celle du tuyau. La mission : passer entre deux murs très rapprochés, laissant tout juste la place à un homme de son gabarit de se glisser. L'obstacle : non seulement des objets coupants sont disséminés sur le sol, mais un tuyau est situé à la hauteur de sa tête - sachant qu'il lui est impossible de se courber, faute de place. Shinya Tsukamoto a donc l'idée de passer en maintenant le tuyau entre ses dents tout en restant sur la pointe des pieds. Un moment particulièrement révulsant filmé en plans serrés, et où chaque petite irrégularité métallique devient source de cauchemar. Si l'on ajoute à cela les bruits de dents qui crissent sur le tuyau quand l'homme, pris de panique, décide d'accélérer le mouvement, cette séquence est tout simplement cauchemardesque.
Objet filmique non identifié et purement expérimental, Haze n'est pourtant pas le seul film à m'avoir collé quelques frissons liés à l'enfermement. Je pourrais également m'étendre sur The Descent, sur le final glaçant de The Darkness ou bien la scène insoutenable dans le film coréen The Scarlett Letter où deux personnages se retrouvent enfermés dans un coffre de voiture...
> Voir le teaser de Haze


Dossier : les films claustrophobes

Arnaud Mangin : HISTOIRES D'OUTRE-TOMBE de Freddie Francis

Il faudra remonter jusqu'à 1972 pour découvrir la première véritable adaptation des EC Comics Tales From The Crypt, mise en boîte par des Anglais qui plus est, et ses cinq histoires effrayantes. Dans le genre claustro, l'une d'entre elles baptisée Blind Alleys raconte l'histoire du gérant d'un hospice médical pour aveugles manipulant ses patients, les laissant dépérir avec de la nourriture et une blanchisserie vraiment pas à la hauteur du loyer exorbitant qu'il leur fait payer. La plupart des plats délicieux concoctés par les cuisiniers lui étant réservés ainsi qu'à son chien. Mais lorsque l'un des occupants meurt des suites de ces mauvais traitements, les autres organisent une mutinerie et fabriquent, durant toute une nuit, un labyrinthe à portes coulissantes à même la bâtisse avec de vieilles planches en bois, plongeant leur bourreau dans le noir et des couloirs exigus qu'il ne connait pas. Poussant le sadisme à son paroxysme, ils ont fixé des lames de rasoir sur toutes les parois pour joindre la torture physique au psychologique, puisque la victime entend également son chien mourir de faim derrière une cloison voisine. Le sort final qu'ils lui réservent est d'autant plus terrifiant... Sans mal la meilleure des cinq histoires proposées dans le film, la force du scénario l'emportant sur les effets gores un peu cheap des quatre autres, se payant le luxe d'avoir pour vedette Patric Magee (l'infirme d'Orange Mécanique) et sa trogne inquiétante, dans le rôle du meneur des aveugles vengeurs.


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Aurélie Vautrin : THE DESCENT de Neil Marshall

Je ne vais pas faire dans l'originalité, c'est vrai, mais le dernier film en date qui m'est vraiment rendue claustro, c'est The Descent. Car en filmant approximativement des bouts de cavernes, en propulsant ces femmes dans les entrailles de la terre, sans moyen de communication avec l'extérieur, sans avoir prévenu personne, sans cartes, sans plans, sans rien, le réalisateur britannique réussit la gageure d'enfermer avec elles le spectateur. Un endroit obscur, exigu, étouffant, où se distillent la peur, la paranoïa, et l'on en serait presque, nous aussi, à retenir notre respiration, à cause de cette sensation bizarre au creux de notre estomac. Et s'il fallait évoquer une scène en particulier, je citerai celle où, vers le milieu du film, la brunette se fracture le tibia en tombant dans un trou - ce n'est d'ailleurs pas joli-joli à voir. Et encore une fois, la jambe cassée en deux, coincée dans une grotte, on ne mise pas beaucoup sur la survie de la demoiselle...  Autant vous dire qu'en plus de m'avoir foutu une trouille pas possible, le film de Neil Marshall m'a ôté vite fait bien fait toutes mes envies de spéléologie.


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Matthieu Morandeau : KILL BILL - VOLUME 2 de Quentin Tarantino

En 2004, dans le second volet de son Kill Bill, Quentin Tarantino s'est lui aussi attaqué à une scène claustro. Comme son maître (de l'horreur) Lucio Fulci (Frayeurs, 1980),  le cinéaste choisit d'enterrer vivante son héroïne.

Contre Budd (Michael Madsen, toujours parfait chez Tarantino), pas de duel sanglant à coups de pieds et de sabre. La Mariée se fait surprendre et est battue, blessée, paralysée.  Budd s'amuse à enfouir Uma Thurman six pieds sous terre et le spectateur avec elle. S'en suit presque 10 minutes d'angoisse, de panique, de suspense.

Une succession de très gros plans montés en parallèle (les clous qui s'enfoncent dans le bois / le visage terrifié de la victime) scellent le cercueil et le destin de La Mariée. Plus les clous s'enfoncent, et plus la lumière à l'intérieur baisse. Après quelques coups de marteau, c'est le noir total. Le cinéaste n'utilise plus que le son pour faire vivre l'horreur ultime au spectateur. Le son du cercueil qui descend dans le trou est rythmé par la respiration saccadée du personnage. La Mariée craque, panique, suffoque déjà. Et nous avec. Au bout de quelques instants, plus rien. Ce silence (de mort) est bientôt brisé par le son lourd de la terre qui vient recouvrir le cercueil. Elle ne peut rien faire.  Ce bruit terrible est régulier. Elle pleure et gémit de plus en plus. Sa respiration est intense alors que le spectateur retient son souffle. L'héroïne, jusqu'alors invincible, se sent condamnée.

Plus un bruit, c'est fini. La Mariée allume enfin la lampe-torche que lui a « gentiment » laissé son adversaire. La lumière revient, mais maintenant l'image est en noir et blanc, magnifique. Elle parcourt son tombeau avec sa lampe. Tarantino choisit ici de n'utiliser que des cadres très serrés, avec comme seul point de repère le visage en clair-obscur de Uma Thurman.  Nous sommes totalement avec elle dans le cercueil. Par désespoir, la victime réagit enfin. Elle frappe de toutes ses forces contre la paroi. Elle hurle de rage, de colère, de peur. En vain. Elle tape sa tête contre le bois comme si elle cherchait une idée pour s'en sortir. Mais il n'y a pas d'issue. Elle éteint sa lampe. Noir. Fin du chapitre. Brillant. Comment pourra-t-elle survivre ?

A  noter que Tarantino a refait le coup un an plus tard lors du final de la saison 5 de la série Les Experts qu'il réalise. Dans cet épisode intitulé, Jusqu'au dernier souffle (Grave Danger en VO), il y enterre l'un des personnages principaux dans un cercueil de verre...



Dossier : les films claustrophobes
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