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Deauville Asie 2008 : Jour 3

Le 15/03/2008 à 23:22
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Deauville Asie 2008 : Jour 3 Avant d'en venir au détail de la troisième journée de ce dixième Festival du Film Asiatique de Deauville, revenons quelques instants sur le troisième film de la compétition, présenté la veille au soir. Funuke, Show Some Love, You Losers ! de Daihachi Yoshida est une tragi-comédie familiale japonaise dans la veine de The Taste of Tea de Katsuhito Ishii, l'onirisme en moins. Alors que Shinji et Kiyomi viennent tout juste d'enterrer leur parents décédés dans un tragique accident, leur soeur Sumika débarque dans la maison familiale située en pleine campagne, bien décidée à s'installer là quelques temps. Actrice ratée partie tenter sa chance à Tokyo, elle a besoin de faire le point et en profite pour se venger du sale coup que lui a fait sa soeur Kiyomi dans le passé. Elle entretient par ailleurs des relations plus qu'ambiguës avec son frère, malgré la présence de la femme de celui-ci. Drôle, déjanté et parfois très violent, explicitement comme implicitement, Funuke parvient à faire rire du début à la fin tout en allant très loin dans la description des rapports malsains qu'entretiennent les membre de cette famille en miettes. Parmi les acteurs, on remarquera surtout l'irrésistible et absolument hilarante Hiromi Nagasaku qui joue Machiko, la femme de Shinji. Quant à Eriko Sato, elle campe une teigne insupportable dont on se souviendra.






Nous débutons cette troisième journée de festival avec Blood Brothers, premier film de Alexi Tan produit par John Woo et Terence Chang. Situé dans le Shanghaï des années 30, Blood Brothers rend un hommage explicite à tous les films de chevalerie modernes qui ont marqué le cinéma de Hong Kong, à commencer par ceux qui ont fait connaître John Woo en Occident. On retrouve ainsi toutes les thématiques typiques du genre, telles que l'honneur, l'amitié virile et bien sûr la trahison. Des thématiques auxquelles vient s'ajouter l'éternel schéma voulant que des campagnards tentant leur chance dans une grande ville finissent immanquablement par se perdre. Blood Brothers ne brille donc pas par l'originalité de son sujet mais se démarque par un style visuel intéressant, une belle exploitation de son décor et une approche moderne des personnages. Le casting apporte quant à lui un réel coup de frais au genre et constitue même l'un des atouts majeurs du film - le réalisateur lui-même nous confiait à quel point il s'estimait chanceux d'avoir pu réunir de telles figures du cinéma chinois et hongkongais pour son premier film. Jugez plutôt : nous avons d'un côté Daniel Wu (Une Nuit à Mongkok), comme à son habitude impeccable dans le rôle principal, Chang Chen (Tigre et Dragon, Souffle) qui déploie dans ce film une classe hallucinante, Shu Qi (Millenium Mambo) qui joue avec prestance la carte du mystère, Liu Ye (Lan Yu, Wuji) qui fait des étincelles dans un vrai contre-emploi, et Sun Honglei (Seven Swords, Mongol) qui déborde comme toujours de charisme. Au final, Blood Brothers reste certes extrêmement classique sur le fond mais possède énormément de charme.


Deauville Asie 2008 : Jour 3

La compétition se poursuivait aujourd'hui sur un ton nettement moins léger, avec The Red Awn de Cai Shangjun, sans conteste le film le plus austère jusqu'à présent. Il s'agit là encore d'un premier film, dont le moins que l'on puisse dire est qu'il transpire la sincérité de son auteur de la première à la dernière minute. Qualité qui permet de passer outre les quelques maladresses de mise en scène, notamment lors de scènes de dialogues parfois très statiques. Le propos est fort, et le constat terrible. A travers les très conflictuelles relations entre un père et son fils - le second ne pardonne pas au premier de les avoir abandonnés sans explication, lui et sa mère, pendant plusieurs années - le réalisateur parle de la rupture du lien de transmission entre les générations que vient encore aggraver le fossé ville-campagne. L'exode rural, qui a déjà fait l'objet de plusieurs films auparavant (So close to paradise en Wang Xiaoshuai par exemple) est ici traité de point de vue de la campagne et non de la ville. Les deux personnages sont plus profonds qu'il n'y parait au premier abord, en particulier le fils. Film rébarbatif dans la forme - les trente premières minutes sont même assez ennuyeuses - The Red Awn vaut le détour au final, pour son réalisme et son pessimisme.

Deauville Asie 2008 : Jour 3

Pour continuer dans une ambiance très dure, le film suivant, With a girl of black soil de Jeon Soo-Il, en rajoutait encore une couche, mais avec plus de grâce. Cette fois, nous retournons en Corée pour découvrir un lieu parmi les plus désolés qui soient, une ville minière aux couleurs noires et grises. Employé à la mine, seule source de revenus du coin ou presque, un homme doit s'enquérir d'un autre travail lorsqu'on lui découvre des problèmes de santé. Seulement voilà : il a deux enfants à charge, dont un petit garçon de 11 ans souffrant d'un handicap mental. La petite fille, âgée de 9 ans tout au plus, doit porter la lourde responsabilité de s'occuper de son frère, et bientôt de son père quand celui-ci, refusé de partout, commence à sombrer dans l'alcool. Déprimant à l'extrême, le film n'est jamais complaisant ni même insoutenable. Il est juste poignant, et porté par l'interprétation extraordinaire de la toute jeune actrice Yu Yun-Mi, qui présentait d'ailleurs le film avec le réalisateur.

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Cette journée a aussi marqué l'ouverture de la Compétition Action Asia qui comporte cinq films et qui a débuté avec la projection matinale de Coq de Combat, le nouveau film de Soi Cheang adapté d'un manga de Izo Hashimoto. Jeune talent prometteur au style très affirmé, Soi Cheang avait remporté l'année dernière le prix Action Asia au même festival de Deauville avec Dog Bite Dog. Malheuremement, Coq de Combat est loin d'égaler son long métrage précédent. Après une première demi-heure qui parvient plutôt bien à installer son atmosphère et à introduire les enjeux de son personnage principal, le film se perd dans des sous-intrigues sans véritable intérêt qui ont tendance à faire oublier la quête supposée constituer le fil directeur de l'histoire. Le résultat est un film décousu dont les personnages ne parviennent même pas à captiver, faute d'avoir bénéficié d'une réelle écriture. Même les scènes d'action échouent à susciter la moindre émotion viscérale, les situations virant parfois au ridicule en dépit d'un jeu d'acteurs plutôt bon - Shawn Yue est méconnaissable comme pouvait l'être Edison Chen dans Dog Bite Dog, l'intensité en moins. Un déception, donc.

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Second long métrage présenté dans la sélection Action Asia, Black Belt est un pur film d'arts martiaux signé Shunichi Nagasaki. Qui dit film d'arts martiaux sous-tend une histoire dont les enjeux et le destin des personnages sont étroitement liés aux arts martiaux, d'où une intrigue qui pourra sembler simpliste aux non-initiés. En l'occurence ici, il s'agit du karaté, un art martial qui ne se prête pas forcément très bien au cinéma puisque plus sec, plus terre-à-terre et moins virevoltant que le kung-fu ou encore le taekwondo. Sur ce plan, le réalisateur accomplit une belle performance puisque les scènes d'action de Black Belt se révèlent impressionnantes de fluidité et de rapidité, ce qui les rend véritablement passionnantes à regarder. Là où le bât blesse, c'est dès lors qu'il s'agit de nous captiver avec le scénario et surtout les personnages, trop désincarnés pour susciter l'empathie. Il faut dire que le jeu des comédiens s'en tient lui aussi au minimum syndical. Pourtant, grâce à une bonne gestion du rythme, le film se laisse regarder sans ennui et force même la sympathie. Et puis, si le réalisateur et les interprètes - tous des praticiens - ont au moins réussi à transmettre une passion, le but est en quelque sorte atteint.

Pour finir, la soirée s'ouvrait sur un très bel hommage au réalisateur/acteur Jiang Wen, qui ne se montrait pas avare dans son discours et faisait même preuve d'un certain humour. Rendez-vous demain pour Crows Zero, le très attendu long métrage de Takashi Miike, et bien sûr pour le reste de la compétition officielle.


Nos remerciements aux membres de l'équipe de CINEMASIE pour nous avoir livré leurs impressions.






Festival du Film Asiatique de Deauville 2008

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