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Welcome to the Rileys : rencontre avec Jake Scott

Le 10/11/2010 à 09:33
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Welcome to the Rileys : rencontre avec Jake Scott

Plus de dix ans après Guns 1748, son premier long métrage pour le cinéma, Jake Scott, fils de Ridley Scott et neveu de Tony Scott, signe un second film, Welcome to the Rileys. C'est l'histoire d'une rencontre, celle d'un couple de cinquantenaires frappé huit années auparavant par la mort de leur fille avec une jeune fugueuse sur le point de sombrer dans la prostitution. En déplacement professionnel à la Nouvelle Orléans, Doug Riley (James Gandolfini) se rend dans un night club où il fait la connaissance de Mallory (Kristen Stewart), une jeune strip-teaseuse qui a coupé les ponts avec sa famille. Pris d'une affection paternelle, il décide de la prendre en charge et de lui imposer une discipline afin de la remettre sur les rails. Comme on s'en doute, Mallory va résister mais finir par baisser sa garde, par se laisser tenter par cette relation père/fille. C'est alors qu'entre en scène Loïs Riley (Melissa Leo), l'épouse de Doug, qui cherche elle aussi à surmonter son passé en réapprenant à conduire et finit par rejoindre son mari à la Nouvelle Orléans.

 

Crise de couple et parentalité


Tourné en vingt-huit jours seulement, Welcome to the Rileys dresse les portraits croisés de trois paumés en mal d'affection et blessés par la vie. Ne cachant pas son attirance pour les histoires centrées sur les personnages, Jake Scott s'attache avant tout à saisir l'évolution psychologique et les bouleversements émotionnels de Doug, Loïs et Mallory à travers une mise en scène tout en sobriété, sans fioriture, donnant la part belle aux subtilités de jeu des comédiens. Lui-même père de quatre enfants, le cinéaste a été touché par la thématique de la paternité : « L'idée de la perte vécue par cet homme et la manière dont il tente d'en venir à bout, sans l'aide de personne, était incroyablement triste et m'a en quelque sorte inspiré. En tant que père, j'étais très impressionné par ce personnage », confie le cinéaste. « Quant à Lois, elle me rappelait ma belle-mère, qui a perdu son fils aîné il y a dix ans. Elle a connu une évolution très proche de celle de Loïs dans le film. » Si Welcome to the Rileys s'avère aussi poignant, c'est aussi parce que le cinéaste choisit de ne pas tout dévoiler, préférant distiller des éléments du passé des personnages par petites touches plutôt que de céder à la facilité de l'emploi du flash back. « Dans le scénario original, il y avait beaucoup de flash back, mais je les ai tous retirés », explique Jake Scott. « Le film ne parle pas du passé mais du présent. La perte d'un enfant crée un vide, un trou, et je trouve qu'on ne l'aurait pas ressenti de la même manière avec des flash back. Il n'était pas pertinent de montrer le passé à l'écran. »

Welcome to the Rileys : rencontre avec Jake Scott

 

Avec Welcome to the Rileys, Jake Scott s'impose surtout comme un réalisateur très attentif à ses acteurs. Les trois comédiens principaux, James Gandolfini, Melissa Leo et Kristen Stewart révèlent une alchimie parfaite dans les rôles de ces trois paumés blessés par la vie et qui vont peu à peu retrouver foi en eux-mêmes. Pour obtenir une telle vérité psychologique, Jake Scott a passé beaucoup de temps à discuter avec ses comédiens, abordant des sujets tels que le mariage, la fidélité ou la confiance, mais aussi à les observer entre les prises voire en dehors du plateau : « Observer les acteurs vous permet d'enrichir constamment les personnages avec des mimiques, une manière de parler, des mécanismes de défense. ». Toutefois, pour donner vie à Doug Riley, interprété par James Gandolfini, extrêmement touchant dans le film, Jake Scott avait à cœur de créer un personnage très différent de tous ceux que l'acteur avait interprétés auparavant : « Nous avons travaillé de très près sur beaucoup d'aspects de son personnage, comme le rythme de sa démarche, sa manière de se mouvoir, la douceur de son attitude ou encore sa manière de s'exprimer, avec ce sens de la politesse et ce refus d'employer des vulgarités ». Décidément très inspiré par ses comédiens, Jake Scott puise directement dans l'aura dégagée par son acteur principal : « Il y a quelque chose de très terre à terre chez James. Son gabarit fait beaucoup pour le personnage. C'est quelqu'un de doux et gentil, vous pouvez le voir dans ses yeux, mais il y a aussi une sorte de férocité en lui. Il fait un peu penser à un grizzly. »

 

Welcome to the Rileys : rencontre avec Jake Scott

 

Kristen Stewart, révélation du film


Mais celle qui crée véritablement la surprise, c'est la jeune Kristen Stewart, alors peu connue puisque Twilight n'était pas encore sorti sur les écrans lors de la production de Welcome to the Rileys. L'actrice avait cependant achevé le tournage du premier opus de la saga inspirée des romans de Stephenie Meyer et montrait déjà une ferme volonté de se détacher de l'image de Bella Swan, une orientation qu'elle confirmait encore récemment avec The Runaways (Floria Sigismondi), où elle interprétait la rockeuse Joan Jett. C'est cependant avec Welcome to the Rileys qu'elle étonne le plus, de par son naturel à chaque plan, son mélange de dureté et de fragilité, mais aussi sa prise de risques puisqu'elle se montre sous un jour peu flatteur à l'écran. « Kristen n'est pas superficielle. Elle n'est pas comme la plupart des jeunes actrices, elle se fiche de son image. C'est une dure à cuire », commente Jake Scott. « Elle était vraiment déterminée à choquer un peu avec ce rôle. Il est possible que cela ait quelque chose à voir avec son personnage dans Twilight. Je pense qu'elle est en lutte avec ce personnage. Je ne veux pas parler pour elle mais il me semble qu'elle est devenue un modèle pour les jeunes filles et je ne suis pas certain qu'elle soit très à l'aise avec ça. »

 

Welcome to the Rileys : rencontre avec Jake Scott

 

Pour trouver le ton juste, Kristen Stewart s'est livrée à un véritable travail d'immersion. Si le cinéaste n'a pas hésité à l'emmener dans des night clubs afin qu'elle puisse passer du temps avec de véritables strip-teaseuses ou des travailleuses du sexe, l'actrice s'est également investie physiquement, allant jusqu'à manger mal, dormir peu, fumer beaucoup, s'isoler afin d'imprimer sa propre vérité à Mallory. Dans le film, elle apparait non seulement sans maquillage mais avec des valises sous les yeux et un teint constellé de boutons. Cette soif d'authenticité a véritablement nourri le personnage et correspondait au le souci de réalisme du réalisateur, qui désirait se détacher du caractère "sexy" habituellement associé aux strip-teaseuses au cinéma. « Cette absence de glamour correspond à la réalité. C'est à cela que ressemblent ces filles à la lumière du jour », explique Jake Scott. « Quand vous les rencontrez dans un club, elles portent du maquillage, des tenues sexy et toute la panoplie. Mais quand vous les rencontrez ensuite à la lumière du jour, elles ont une mine terrible. Elles sont toutes pâles, elles ont des cernes, elles ont une horrible peau et des cheveux gras. Elles ne portent pas d'habits sexys mais plutôt des gros sweat-shirts. Etant donné qu'elles ont passé toute la nuit nues, exposées, elles se cachent. » Et le cinéaste de louer l'investissement et la prise de risque de son actrice : « Kristen tenait beaucoup à ce réalisme. Il est certain que cela aurait posé problème à beaucoup d'actrices. C'est ça qui est formidable avec Kristen. C'est une jeune femme très courageuse. »

 

Welcome to the Rileys : rencontre avec Jake Scott

 

Une famille de réalisateurs


Soutenu par son père Ridley Scott et son oncle Tony Scott, tous deux producteurs sur le film, Jake Scott impose sans difficulté sa marque dans Welcome to the Rileys, évitant ainsi la comparaison avec les pointures que sont les frères Scott. Aujourd'hui âgé de 45 ans, le réalisateur, qui avoue avoir un temps envisagé d'être peintre ou de travailler dans la mode, assume pleinement le statut de sa famille dans l'industrie du cinéma. « J'ai grandi toute ma vie dans le cinéma. Mais vous finissez par parler de votre propre voix. C'est quelque chose de formidable d'avoir deux réalisateurs aussi réputés parmi les proches membres de ma famille ; deux personnes qui puissent me conseiller, que je puisse admirer. Mais je suis différent. Je fais les films que j'ai envie de faire, tout comme ils font les films qu'ils ont envie de faire. Nous sommes tous très unis. »

Détail amusant, Welcome to the Rileys sort sur les écrans français le même jour que le thriller d'action Unstoppable, le nouveau film de Tony Scott avec Denzel Washington et Chris Pine. L'occasion d'apprécier directement en salles à quel point Jake Scott a su trouver sa voie tout en héritant du talent de ses ascendants.








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