L'Homme qui rit : Les critiques
Le 27/12/2012 à 13:43Par Camille Solal
Transposer une grande oeuvre littéraire classique du calibre de L'Homme qui rit de Victor Hugo au cinéma n'est pas chose aisée. Une tâche ardue a laquelle s'est collé le réalisateur Jean-Pierre Améris dont le fruit du travail est sorti hier en salle. Seulement l'exercice de l'adaptation à la page près a ses limites. Pour saisir toute la substance d'un roman de cet acabit, il faut prendre certaines libertés et ainsi sortir du piège de la simple illustration. Malheureusement, la plupart des critiques s'accordent à dire que le metteur en scène des Emotifs Anonymes en 2010 est tombé les deux pieds dedans...
Studio Ciné Live : [L'Homme qui Rit] propose une histoire dépassionnée, récitée par des personnages qu'on aurait aimés davantage incarnés. Pas de quoi démentir l'a priori qui veut que les oeuvres classiques soient fastidieuses.
Le Nouvel Obs : L’essentiel est sauf et la modestie d’Améris emporte le morceau. Une fois l’univers posé, la force du texte prend le relais : défense des marginaux, anoblissement du prolétariat, lutte des classes, le film monte en régime avec une fluidité et un sens du dépouillement remarquables. [...] D’accord, on n’est ni chez Chaplin ni chez Tod Browning, mais cet « Homme qui rit » qui ne réclame pas tant d'honneurs, mérite du même coup, un minimum de respect.
Le Parisien : Le maquillage de Marc-André Grondin, qui fait penser au Joker de Batman, vaut aussi le coup d’œil. En revanche, l’histoire n’est guère captivante.
Les Inrocks : Le résultat se montre très illustratif - avec quelques clins d'oeil à Tim Burton. Les métaphores pèsent des tonnes, on ne parvient pas à s'identifier au personnages. [...] Malgré la sincérité de la mise en scène, cet Homme qui rit ressemble à un livre d'images d'Epinal, version abrégée pour public pressé.
Le JDD : En soignant la forme qui est splendide et du côté de Tim Burton, le réalisateur néglige le fond dramatique du roman de Victor Hugo. Du coup, les efforts des personnages pour nous émouvoir paraissent quelque peu artificiels, noyés par la somptuosité des décors.
Telerama : Ce travail sur l'atmosphère et les décors ne bénéficie pas vraiment aux personnages, qui donnent l'impression de se donner en spectacle même lorsqu'ils ne sont plus sur scène. Il manque un peu de naturel dans cet hommage affectueux que Jean-Pierre Améris veut rendre à l'imaginaire d'Hugo.
Première : [...] Tout paraît cheap, artificiel et kitsch. Puis la force du récit prend le dessus, la richesse symbolique des personnages aussi et L’homme qui rit finit par se forger une identité visuelle digne de ce nom [...]. Les acteurs, tous excellents [...] participent à cette belle montée en puissance.
VSD (n°1840, page 67) : Imaginez un croisement entre le roman de Victor Hugo et l'esthétique de Tim Burton et vous aurez une idée de ce conte cruel et soigné, mais déséquilibré par une interprétation inégale.
Ecran Large : Par une absence de souffle dans l'art habile de la démesure, le récit manque ainsi plus d'une fois d'impact. [...] Seules alors les belles images de ce conte étrange subsistent vraiment et on en vient à regretter vivement que cette percée dans le fantastique ne dépasse pas, au final, le statut d'essai louable.
Le Monde : L'Homme qui rit appelle à ce titre un traitement cinématographique qui soit digne de l'effroi et de la fascination qu'il suscite. La version qu'en donne Jean-Pierre Améris, qui hésite entre les conventions narratives du réalisme et le boursouflé du gothique hollywoodien, est bien trop illustrative et gentillette pour convaincre.