Second long métrage du studio Pixar comptant désormais 12 années à son compteur, 1001 Pattes semble pourtant ne pas avoir pris une seule ride. A titre technique, d'une part (comparativement au premier Toy Story sur qui l'épreuve du temps est parfois palpable) puisque l'image de synthèse demeure d'une qualité incroyable, détaillée et habilement texturée. Mais c'est surtout son transfert numérique qui nous épate constamment, démontrant une fois de plus le talent du département vidéo de Walt Disney pour livrer des Blu-Ray de référence. Cette histoire d'insectes ne déroge donc pas à la règle et brille comme s'il était sorti hier : Les couleurs sont éclatantes et abondent sans bavure avec du vert, du bleu ou du mauve partout, le piqué foisonne de détails et use aussi bien son univers miniature pour se focaliser sur ces choses normalement invisibles, comme pour offre de belles profondeur de champs justifiant l'utilisation du cinémascope. Bien que la 3D n'était pas à l'ordre du jour, on décèlera en plus de jolies sensations de relief immersif dans cet univers bucolique.
Est-il encore besoin de préciser que, comme à son habitude, l'éditeur met à notre disposition un disque nous permettant d'écouter le film dans les meilleures conditions possibles ? En effet, même si son intrigue se situe dans un univers riquiqui, son traitement sonore joue avec les proportions et propose un spectacle particulièrement démonstratif. Du côté de la VO, on écope d'un impressionnant DTS HD Master Audio 5.1 qui s'amuse de façon constante à appuyer les contrastes entre la petitesse des éléments et le bruit assourdissant qui peut s'en dégager (les ailes de l'orycte ont des allures d'hélicoptère), usant et abusant du caisson de basses comme des canaux surrounds pour livrer un univers enveloppant et constamment en activité. Entre la musique, l'action, l'énergie cartoonesque et autres insectes virevoltant dans tous les sens, on est constamment au spectacle.
Notons que ce Blu-Ray sort en France avec deux ans de retard sur son homologue américain dont il est une déclinaison. Par conséquent, la VF ne dispose de canal HD mais d'un DTS Standard plein débit malgré tout. Certes, on n'y retrouve pas la même précision que la piste anglaise, mais la dynamique ne démérite pas et les francophiles sauront l'apprécier.
Le Commentaire audio faisant intervenir John Lasseter, Andrew Stanton et Lee Unkrich a cet intérêt d'avoir été enregistré il y a quelques années, avant que le marché des films en images de synthèse soit aussi important qu'aujourd'hui, mais quelques années quand même après la sortie de 1001 Pattes en salles. Une période leur permettant d'avoir à la fois du recul sur leur œuvre mais également d’être au cœur d'un boum technique qui a changé le cinéma. A travers leurs propos, les intervenants démontrent que, outre le résultat exceptionnel du film, il aurait été impossible de proposer exactement la même chose avec une animation traditionnelle (mise en scène, choix des cadres, atmosphères brumeuses, etc.). Les intervenants défendent aussi le cinéma d'animation moderne avec d'excellents arguments. Pour le reste, les propos sont classiques puisqu'ils s'intéressent à la structure narrative, le choix des acteurs, des idées et autres anecdotes, mais tout ceci est fait dans la bonne humeur et avec une passion palpable.
Le nouveau bonus proposé sur ce Blu-Ray est désormais un incontournable des titres Pixar remis à flot en haute définition : le tour de table des réalisateurs. Baptisé ici Rencontre avec les cinéastes (21min), on y retrouve John Lasseter et ses producteurs revenant en quelques minutes sur la conception du film avec un lot essentiel d'anecdotes et sur le difficile pari de mettre en chantier un second film après le succès de Toy Story. Si ça vous embête de faire le tour des suppléments de ce disque, ce bonus en est un résumé. On appréciera un autre supplément de choix, 1001 Pattes - 1ère version (10min18), qui propose un joli story-board animé (en haute définition) d'une version du film totalement inédite suivant une intrigue assez éloignée du résultat final. Un second film, en quelque sorte.
La section Pré-production regorge de petits modules plutôt simplifiés dans leur démonstration et leur ton, permettant une compréhension immédiate des différentes étapes de la conception d'un tel film. Certes, on a vu depuis beaucoup mieux et bien plus complet (surtout de la part de Pixar), mais les fans ont de quoi être satisfaits. Ainsi, Lilipuce (3min19) est une vidéo amateur tournée par l'équipe du film pour vendre le projet aux distributeurs mettant en scène une drôle de marionnette. Histoire et scenario (5min33) permet de comprendre comment est conçu l'écriture d'un film d'animation tandis que Comparaison du film au Story-board (3min55) propose d'alterner entre la version crayonnée et résultat final de la séquence où les héros du film affrontent le moineau. Les Séquences abandonnées (5min34) dévoilent une introduction alternative se déroulant dans l'avenir et prenant la forme d'une visite de musée ainsi qu'une amusante séquence de remontrance de la part de la puce. Enfin, le Documentaire (5min22) est un mini reportage en prises de vue réelle de l'univers des insectes via une minuscule caméra permettant de mieux cerner la nature de leur point de vue.
La section Production offre un Making of (3min46) commercial très succinct n'ayant pour réel intérêt que de voir les acteurs à l'œuvre. Même chose pour le Casting des voix (4min12) qui se focalise un peu plus sur les voix secondaires mais qui n'a pas réellement le temps de tout développer. Les Essais préliminaires (5min25) permettent de découvrir les toutes premières ébauches numériques des créatures du film et les différents tests d'animation destinés à simuler les personnages en surnombre ou bien encore les mouvements discrets mais pourtant importants de la flore servant de décor. Enfin, Démonstration de la production permet de découvrir une seule séquence (le fiasco de la scène du cirque) sous quatre angles différents correspondant à chaque fois à une étape de la construction du film : les story-boards dessinés, la 3D approximative, l'animation sans les textures ni éclairage et le résultat final. De petites introductions vidéo des chefs de département sont également proposées pour mieux comprendre la conception de ces étapes.
D'autres petits éléments complètent enfin cette édition, comme un double Bêtisier (disponible en français), un Making of du travail sonore du film (13min11) plutôt rigolo même s'il manque cruellement d'images, le célèbre court-métrage Le joueur d’échec (4min55) ainsi qu'un autre court métrage La Cigale et la fourmi (8min) tiré des Silly Symphonies et datant de 1934. Une dernière section consacrée à la promo du film propose deux bandes annonces ainsi qu'une interview des personnages.