Sans être particulièrement frappante, parce que Matt Reeves s'offre une belle esthétique sans tomber dans l'esbroufe technique, la copie française de Laisse-moi entrer a le mérite de rester foncièrement jolie sans être tape-à-l'œil. Comprendre par là que Blu-Ray tire parti de la Haute Définition non pas pour délivrer une image immaculée croulant sous les détails, mais plutôt pour jouer sur les clairs-obscurs et les contrastes. Le genre de chose qui, avec un encodage malheureux, pourrait se casser les dents et qui permet ici de bénéficier de jolis jeux de noirs, le gros de l'intrigue se déroulant de nuit. C'est souvent sombre, laissant surgir ça et là ces détails qui font toute la différence. Pour le reste, le master haute définition offre une restitution parfaite de la colorimétrie parfois jaunâtre de l'ensemble, de sa texture argentique et de ses jolis effets de focale.
La sobriété constatée du traitement graphique du film se retrouve également dans sa conception sonore. En cela, le film a le mérite de suivre fidèlement la sagesse de l'original, Morse, qui évitait déjà de basculer dans le tintamarre pour privilégier un mixage discret, mais pointu. Démarrant en fanfare sur une ambulance parcourant des routes enneigées et un accompagnement de basses (qui demeureront le véritable ressort imposant de l'écoute générale), le reste du film privilégie une ambiance ciselée, précise et presque douce. Chose d'autant plus efficace que les séquences terrifiantes raisonneront comme un cor de chasse. Comme à son habitude, Metropolitan ne laisse personne de côté et propose du DTS HD Master audio 5.1 en VO comme en VF, offrant un naturel indiscutable à l'ensemble.
On trouve en premier lieu un Commentaire audio de Matt Reeves qui a le mérite d'attirer la sympathie d'entrée de jeu en affirmant que lorsqu'on lui a proposé de faire ce remake, il avait répondu que c'était inutile puisque l'original était déjà parfait. Evidemment, le film démontre que le réalisateur de Cloverfield a changé d'avis mais son regard sur le projet auquel il a participé est d'une humilité appréciable. En plus de confirmer qu'il n'est pas qu'un simple faiseur et qu'il a longuement étudié le sujet en faisant énormément de parallèles entre son film, l'original ainsi que le roman dont ils s'inspirent, Låt den rätte komma in de John Ajvide Lindqvist, il reconnait dans le film une part d'autobiographie, le petit garçon étant un reflet de sa propre enfance. Loin d'être inintéressant. Ces propos auraient pu être parfaitement complétés par la fonction Picture In Picture si cette dernière n'était pas si épisodique. En effet, les petits modules vidéo sont franchement captivants (en particulier sur la résurgence de la Hammer) mais souffrent de longs trous entre leurs apparitions. Vraiment dommage.
Les bonus suivant seront très répétitifs avec que ce que l'on a pu découvrir au-dessus mais ont ce mérite de résumer l'essentiel du propos à ceux qui n'auront pas la patience de visionner le film avec ses commentaires et son PIP. Ainsi, l'Interview de Matt Reeves (22min47), exclusive à cette édition française, permet au réalisateur de revenir sur la genèse du film et les thèmes qui l'ont touché personnellement dans le roman original. Les coulisses (17min03) demeure une featurette promotionnelle plutôt traditionnelle, mais ne succombe pas aux flagorneries parfois pesantes dans ce genre de bonus. Les acteurs évoquent le caractère particulier de leurs personnages ainsi que celui du film et ce sera la seule occasion de les entendre sur ce disque. Autant en profiter.
On notera la présence d'un excellent module, L'art des effets spéciaux (6min28), qui retrace les effets visuels les plus importants du film, invisibles pour la plupart, puisque Laisse-moi entrer dispose de pas moins de 250 plans truqués. A cela vient se joindre une autre petite vidéo sur la Description de la scène de l'accident de voiture (5min34), où Matt Reeves explique (par téléphone) la conception de ce plan séquence particulier, illustrée par de nombreuses photos, extraits et animatiques 3D. Enfin, outre les bandes-annonces, on retrouvera une petite série de Scènes coupées (4min49).