Test DVD : Opération Opium

L’éditeur nous avait habitué à mieux et ne livre malheureusement qu’un master médiocre (français, comme l’indiquent les credits d’ouverture) dans ce DVD d’Opération opium. D’emblée, la définition laisse à désirer, la colorimétrie demeure plutôt délavée bien que la clarté soit plutôt flagrante sur les séquences diurnes, et le piqué est pour ainsi dire inexistant. En dépit d’une évidente restauration, l’image contient encore son lot de rayures verticales, de tâches et points, les noirs tirent sur le vert, la saturation des couleurs déçoit, les contrastes manquent de fermeté et nous notons également quelques fourmillements sur les arrière-plans. Le grain y est plus ou moins appuyé et il n’est pas rare que la netteté faiblisse au cours d’une même séquence comme celle où apparaît Yul Brynner. On ne sait pas dans quel état l’éditeur a dégoté la copie d’origine, mais Carlotta a du arriver à temps pour stopper les dégâts avant que le master au format 1.66 respecté soit réellement perdu.

Comme pour l’image, les mixages DD mono anglais et français (au doublage old-school très réussi) ont subi aussi les affres du temps. Un souffle sporadique se fait entendre tout du long, étonnamment plus atténué sur la piste française, bien que les conditions acoustiques demeurent suffisantes pour redécouvrir le film. Quelques grésillements, craquements et saturations sont cependant aussi inévitables que récurrents, la clarté n’est pas toujours homogène, mais les effets annexes et la musique sont relativement bien mis en valeur. Quelques scènes ne manquent pas d’ardeur à l’instar de l’attaque au début du film et de l’affrontement final, mais la version originale surpasse son homologue française du point de vue dynamique. Il n’y a qu’à comparer les deux mixages au moment où Trini Lopez entonne La Bamba (à 1h02), où la piste française apparaît bien en retrait par rapport à la version originale beaucoup plus vive et fougueuse. Pour l’anecdote, signalons que Marcello Mastroianni et Georges Géret, bien qu’ayant tourné en anglais, ont été redoublés par des comédiens américains imitant l’accent italien et français.

Opération ONU (15min40)

Le journaliste Philippe Lombard revient dans ce module sur la mise en chantier et le tournage d’Opération Opium, tout en passant en revue son impressionnant casting international. Dense, regorgeant d’informations passionnantes, cette présentation évoque tout d’abord les raisons pour lesquelles l’ONU a voulu produire ce film. Le projet remonte fin 1963 quand le directeur des fonds spéciaux de l'ONU Paul Hoffman entreprend un programme de six téléfilms destinés à faire connaître ses activités au monde entier. Chacun des téléfilms, réduits à quatre histoires, devait être centré sur un domaine spécifique. Les plus grands noms d’Hollywood ont été sollicité (dont Stanley Kubrick et Alfred Hitchcock) mais ceux finalement retenus sont Joseph L. Mankiewicz, George Sidney, Leopoldo Torre Nilsson et Terence Young qui choisi comme sujet la lutte antidrogue internationale. Notre interlocuteur se penche bien évidemment sur ce dernier et son film Opération Opium, un téléfilm d’aventures sur fond d’espionnage, pour lequel le réalisateur de Bons baisers de Russie demande à Ian Fleming d’écrire un synopsis à partir d’un élément tiré d’un de ses romans intitulé Les Contrebandiers du diamant (1957), un de ses rares écrits qui ne met pas en scène son personnage de James Bond et dans lequel l’écrivain raconte une histoire vraie, celle d’une opération destinée à démanteler un réseau de contrebande visant à exporter chaque année près de 10 millions de livres de diamants (remplacé par le trafic d’opium dans le film) hors des frontières africaines. Philippe Lombard n’est pas avare en anecdotes liées à la production du film (Terence Young et les stars acceptent de tourner gratuitement), liées au tournage (la collaboration du Shah d’Iran qui fait défiler son armée pour les besoins du film), et donne son avis personnel sur Opération Opium (diffusé aux Etats-Unis à la télévision, sorti dans les salles en Europe) qu’il considère comme un film de propagande peu intrépide mais dont le caractère pédagogique et le réalisme de l’histoire demeurent authentiques encore aujourd’hui.

L’interactivité du DVD d’Opération Opium se clôt sur la bande-annonce (3min45).