Captifs
Le 05/10/2010 à 14:35Par Arnaud Mangin
Ce que Captifs perd en originalité, puisque le film demeure un survival plutôt classique, il le gagne en efficacité, tant dans son énergie que dans sa maitrise technique. Petit essai d'horreur à la française mettant en vedette une Zoé Felix qu'on a connu plus sage, le premier film de Yann Gozlan s'impose comme une petite réussite du genre à la française, un cran au-dessus des tentatives de nombreux confrères.
Découvrez ci-dessous la critique du film Captifs
Critique Captifs
Décidément, L'Etrange festival fait coup double cette année avec les films d'horreur made in France puisque, après la réussite de Proie et ses sangliers mutants carnassiers, Captifs tape encore un échelon au dessus. Un peu comme son congénère précédemment cité, Captifs mise tout ses atouts sur sa simplicité du propos et sur sa volonté de faire les choses de manière classique. Il ne s'agit pas vraiment d'un film à l'ancienne, encore moins d'un hommage, mais l'objet entretient un sentiment, une sensation (la tension, évidemment) un peu entortillée comme un gros fil de fer métallique en choisissant habilement quand la plier sévèrement et quand la détendre. Son réalisateur Yann Gozlan joue la carte du survival psychologique en laissant de côté ce qui lui parait trop factice (on n'est pas chez une famille de dégénérés difformes) pour privilégier la claustrophobie, la peur de l'étranger, l'éloignement de chez soi et surtout un grain de folie humaine appuyé par la différence de culture. En tablant sur ces thèmes, on peut penser à Ils de Palud et Moreau, petite référence jusqu'alors lourdement détrônée ici. Ne serait-ce que par un véritable soin formel et un habile jumelage de la peur avec le suspens. Car si Captifs retient notre attention et nous divertit, il y parvient dans un premier degré parfaitement maitrisé, sans avoir à se cacher derrière la boutade.
Il est ensuite difficile d'évoquer les thèmes de Captifs sans en dévoiler les quelques ressorts - même s'il est plutôt facile pour les initiés de comprendre où le film veut en venir. En particulier les intentions des personnages qui retiennent les héros captifs (ce qui explique le titre du film). En l'occurrence ici, ces derniers s'avèrent être trois médecins français humanitaires partis en ex-Yougoslavie pour aider les établissements médicaux locaux et qui, sur le chemin du retour, se font violemment kidnapper par un groupe d'hommes armés avant d'être retenus prisonniers dans un bunker aménagé en sous-sol. Traités, soignés et nourris comme des otages, ils comprendront rapidement la raison de leur présence dans ce vase-clos au milieu de nulle part et devront trouver un moyen de s'enfuir... urgemment !
L'histoire ne va pas plus loin, certes, mais Yann Gozlan met un point d'honneur à rendre le film terriblement efficace dans sa construction et fait absolument tout pour éviter au spectateur de s'endormir. Mettant la réalisation au service de son film et non l'inverse, il livre un spectacle soigné, tant par son énergie que ses cadrages, épaulé par un travail sur la photographie absolument somptueux. Certainement l'une des meilleures tentatives du genre de par chez nous...
Date de première publication : 15 septembre à 8h35