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Sortilège

Le 29/06/2011 à 18:10
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Notre avis
3 10
Pour un teen movie estival, Sortilège (Beastly pour le titre anglais) aura bien du mal à convaincre les cœurs les plus tendres, la faute à un scénario paresseux qui noie son public dans un océan de déjà-vu. Certes le joli minois de Mlle Hudgens sait faire illusion mais même la Belle est incapable de combler toutes les carences d’un film aussi "bête" qu’il n'est inoffensif.

Critique : Sortilège
Critique Sortilège (Beastly)

Alors qu'on pouvait saluer l'initiative de dépoussiérer le mythe de la Belle et la Bête par le biais de cette adaptation cinématographique du roman éponyme d'Alex Flinn, Sortilège se révèle avant tout d’un bien trop grand classicisme. Pêchant par son manque d’audace et son style pantouflard, le film oublie en effet de nous apporter la fraîcheur et la modernité qui aurait pu le distinguer d’une énième pâle copie fantastico-romantique de la saga Twilight. Entre baisers fougueux d'adolescents mignons tout plein, déclarations d’amour enflammées, bande originale emo et, bien sûr, une scène avec la dernière idole à la mode torse nu (ici Alex Pettyfer, le héros du film Numéro Quatre), tous les ingrédients pour taper dans l'oeil d'un public pré-adolescent sont bien là... mais la sauce ne prend pas. A qui la faute?


 

Etonnamment, le problème majeur de Sortilège se situe dès les premières minutes du film lorsque l’exposition est balayée d’un revers de main avec une insolence assez prodigieuse. Les éléments s’y enchaînent à une vitesse folle, abusant de raccourcis et déroulant des caractérisations de personnages aussi stéréotypées que des masques de tragédies grecques (mention spéciale au défilé de mode perpétuel de Mary-Kate Olsen). Si bien qu’au bout de seulement 10 minutes et au prix d’un sacrifice irréversible (cadre de l’action, mise en place des personnages et construction du conflit), le premier point de tension est atteint : une malédiction bouleverse la vie de Kyle et l’amène à comprendre le but qu’il se doit d’atteindre : devenir beau, mais cette fois-ci, de l'interieur ! Soit. Mais évidemment l’énorme couac dans la structure narrative se répercute aussi et surtout lors d’un deuxième acte insupportablement long qui aligne un romantisme fleur bleue exacerbé et assurément ringard.

 

 

Ainsi, Kyle passe presque immédiatement d’un jeune homme fier et prétentieux à un amoureux timide et foncièrement tête à claques. Tel un enfant amoureux de sa maîtresse, il écrit une lettre à sa belle (Lindy, interprété par Vanessa Hudgens), lui offre des cadeaux, l'amène au bord d’un lac sous un joli soleil couchant, lui construit une serre sur le toit de son immeuble, lui déclame un poème et l’emmène même dans un endroit qui lui tient à coeur afin de partager les terribles douleurs de son enfance. On assiste ainsi à une transformation psychologique clairement abusée et d'autant plus choquante qu'elle prend le pas sur le sujet même du film: la mutation physique du héros. Car ici, point de corps meurtri, ni de violence viscérale à la David Cronenberg, juste un personnage un peu tatoué, assez intrigant, très ténébreux et oui, parfois torse nu.


Critique : Sortilège

Car c'est un fait, le réalisateur Daniel Barnz privilégie toujours l’émotion à la tension. Le spectateur navigue donc au gré de séquences sans fioritures aux cadrages serrés (afin de rapprocher les deux amoureux et, accessoirement, dissimuler les décors d'un New York en carton pâte) et avec un montage bourré d’effets spéciaux périmés (les apparitions de Mary-Kate Olsen en surimpression, le ciel qui change successivement de couleur lors des moments intimistes, effets de flous bâclés…). A cette importante dose de clichés s'ajoute un scénario troué de toutes parts (les personnages vivent dans un monde où les sorcières existent et où un meurtre est aussi facilement dissimulé que des miettes sous un tapis) et une bande originale qui surinterprète chaque émotion (après tout, quand un personnage dit "I love you", pourquoi ne pas le chanter aussi?). C'est donc bardé de tous ces défauts qu'on assiste impuissant à une très longue heure -presque tout le film en fait- de déplacements en tous genres sans aucun élément perturbateur, aucun conflit ni enjeu, bref : aucun suspense, pas même l’ombre d’une souffrance d’un jeune homme qui a pourtant tout perdu et que le temps rattrape peu à peu pour mieux l'attirer au fond du gouffre...




Superficiel dans son propos (la vraie beauté est intérieure on vous dit !), moralisateur dans sa représentation de la société (tout n’est qu’apparence et la vérité réside dans l’amour pur et vrai), manichéen et bourré de stéréotypes, Sortilège enchaine des dialogues gnan-gnan au possible dans des scènes surjouées franchement usantes. Alors oui, Vanessa Hudgens est "mignonne comme un coeur" mais Alex Pettyfer n'a aucun charisme, Neil Patrick Harris joue comme dans un sketch pour les MTV Movie Awards et Peter Krause ne semble pas vraiment savoir ce qu'il fait dans cette galère. Le film n’est donc rien d’autre que ce qu’il est: un plat qui laisse sur sa faim, composé d’ingrédients d’un ancien temps servi à un public habitué à des super-productions bien plus solides. Finalement, de sa volonté de surfer sur la déferlante Twilight, on ne retiendra de Sortilège que le sourire de Vanessa Hudgens ou, au choix, les abdos d'Alex Pettyfer. C'est déjà ça...





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