Electra Glide in blue

Le 18/06/2008 à 15:12
Par Sabrina Piazzi

Notre avis

10 10 Bercé par les films de John Ford, James William Guercio réalise avec Electra Glide in blue un film unique, culte, un coup de maître et le rêve d'une vie. Réalisé pour un million de dollars avec une équipe technique réduite, le film est un chef d'œuvre s'inscrivant dans la lignée de Macadam à deux voies de Monte Hellman, Point limite zéro de Richard C. Sarafian et Easy Rider de Dennis Hopper, bien que prenant le contre-pied de ce dernier film. A l'aide de son chef opérateur Conrad L. Hall pour qui le cinéaste a sacrifié son salaire afin de s'offrir les services, James William Guercio use du Cinémascope pour réaliser un western moderne où les chevaux sont remplacés par des Harley Davidson rutilantes, les stetson par des casques, les colts par des 357 Magnum, et les cowboys par des flics usés par la routine et le vide de Monument Valley qu'ils arpentent quotidiennement. Si l'apprenti cinéaste se rapproche de Monte Hellman c'est par sa thématique du vide existentiel, les désillusions et l'hypocrisie du rêve américain, les idéaux bafoués. La magie des plans séquences opère dès les premières secondes, le spectateur est littéralement happé par la renversante beauté des images et on suit avec compassion ce petit flic ordinaire remarquablement interprété par Robert Blake prêt à tout pour devenir quelqu'un de plus important. Electra Glide in blue est une expérience sensorielle, un film contemplatif qui est autant à voir qu'à écouter, le cinéaste ayant lui-même composé la fantastique bande-originale. A défaut de consumer littéralement la pellicule comme dans Macadam à deux voies, la fin d'Electra Glide in blue brûle définitivement la rétine du spectateur, s'imposant comme l'une des plus belles conclusions de l'histoire du cinéma.