Hobo With a Shotgun
Le 29/04/2011 à 11:18Par Arnaud Mangin
On aurait pu s'attendre à l'œuvre d'un petit malin surfant sur la tendance Grindhouse revigorée par Quentin Tarantino et Robert Rodriguez, mais Hobo With a Shotgun est une belle pièce à part entière du cinéma d'exploitation à l'ancienne, surpassant les essais de ses aînés. Humour noir, violence délirante et univers défaitiste abracadabrantesque en font un incontournable du genre. Surprenant ! Découvrez sans plus attendre la critique de Hobo With a Shotgun dans son intégralité.
CRITIQUE DE HOBO WITH A SHOTGUN
Sur le papier, il y avait absolument tout à craindre du projet Hobo With a Shotgun : film estampillé pour les geeks, par des geeks, une volonté de faire du Z en toute conscience et surtout fruit d'un concours semi amateur tourné à la va-vite suivant l'effet de mode devenu pesant de l'univers Grindhouse et de sa "nullité, mais fait exprès". Le genre de note d'intention d'une sincérité nichée dans une vraie/fausse cinéphilie de comptoir, permettant de s'absoudre de n'importe quelle lacune du moment que c'est pour délirer. En général, les bonnes intentions font de bons films, mais cela ne suffit pas. Forcément, avec un calamiteux exemple en tête comme Machete (ni drôle, ni inventif, 15ème degré ou pas) on ne peut que se méfier des projets qui essaient de faire comme si. Surtout lorsque les derniers exemples en date sont des films qui ont coûté cher pour simuler un truc sans le sou. Et c'est justement sur ce point que cette dégoulinante surprise marque la différence : là où Machete et consorts voulaient faire COMME du Grindhouse, Hobo With a Shotgun EST un film Grindhouse. Un vrai de vrai, intemporel, bricolé, ingénieux et ne se limitant pas aux clichés ringards et encore moins à la moquerie…
On pourrait presque s'arrêter là. Et si le jeune réalisateur Jason Eisener (dont c'est le premier film) semble avoir été touché du doigt divin selon l'idée voulant que, parfois, certaines personnes ont le savoir-faire, force est de constater que c'est un fait. Au lieu de crier sur tous les toits du monde qu'il a une encyclopédie du cinéma de genre dans sa tête pour attirer les regards, le garçon préfère mettre les choses en pratique. Et il le fait avec talent. Lorgnant son carnet des cœurs du côté du cinéma de George Miller, des Guerriers de la nuit, de Class 1984, Toxic Avenger et bien évidemment Street Trash – sa référence la plus frappante – il balance un Rutger Hauer en mode pépé superhéros, mi Bernie, mi Charles Bronson, dans un bled paumé assiégé par une violence post-apocalyptique totalement intemporelle. Hobo With a Shotgun, c'est donc un clodo avec un fusil à pompe et au moral sabordé par la misère du monde et les petits dictateurs qui se prennent pour des grands rois. Un clodo bien décidé à remettre les choses à plat.
Ensuite, on ne peut que constater l'éclair de génie qui surgit de tout cela. Du style Grindhouse, Eisener reproduit l'aspect, certes, mais également l'esprit, la réflexion et une forme de rage et de musicalité qui n'existait que dans une exploitation unique en son genre. C'est drôle (mais vraiment drôle), savamment surjoué, d'une violence délirante où explosent les SDF, les punks, les drogués, les motards en cuirasse, les prostituées et autres pères Noel pédophiles, et on ne s'ennuie pas une seule seconde. Mieux qu'une alternative à la vague entrouverte par Tarantino et Rodriguez, Hobo With a Shotgun en est la réponse franche et entière. Un modèle immédiat.