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Max et les Maximonstres

Le 04/12/2009 à 20:15
Par
Notre avis
4 10

Verdict POUR : 18/20

Bercé par une poésie visuelle palpable à chaque plan, Max et les Maximonstres saisit tout le potentiel dramatique et onirique du conte de Maurice Sendak pour délivrer une vision sans concession de l'enfance, à travers ses moments d'insouciance mais aussi ses peurs, ses blessures. Evitant le cliché de dégager une morale claire et définie comme l'aurait fait un Disney, Spike Jonze pose sa caméra à hauteur d'enfant et projette le spectateur dans le tourbillon des émotions changeantes de Max (le jeune Max Records, formidable), avec une énergie et un grain de folie libérateurs. Un maxi-beau film sur l'enfance.

 

Verdict CONTRE : 5/20

Avec son concept d'enfant confronté aux monstres de son imaginaire et sa superbe bande-annonce pleine de promesses, Max et les Maximonstres s'annonçait comme un film s'adressant aux plus jeunes sans faire l'impasse sur le côté sombre de son histoire. Hélas, la poésie n'est pas au rendez-vous : le parti pris esthétique des monstres empêche toute empathie, on ne peut s'empêcher d'y voir des acteurs déguisés comme au carnaval et chaque aspect du film est appuyé, la morale étant littéralement assénée au forceps. Pire encore : le héros renvoie plus aux sales gosses qui ne savent que tirer la queue des chats qu'on leur confie, qu'aux enfants qui savent rêver et discernent la beauté dans les créatures les plus bizarres. Le résultat confère au final à un dérapage (non- ?)contrôlé contredisant complètement les intentions annoncées et aboutissant à un faux film poétique pas très net moralement et surtout exaspérant.

Découvrez ci-dessous la critique du film Max et les Maximonstres


Critique du film Max et les Maximonstres

CRITIQUE POUR, par Elodie Leroy

 

A neuf ans, un enfant questionne le monde qui l'entoure, cherche l'attention des autres tout en étant mû par un perpétuel besoin d'exploration. A neuf ans, un enfant tente de dompter ses propres émotions, qui vont de la joie incontrôlée à la mélancolie, de la peur d'être mangé à une subite envie de violence. A neuf ans, un enfant coure dans tous les sens, crie de toutes ses forces, joue jusqu'à l'épuisement. Max a neuf ans. A la fois hyperactif et hypersensible, il déborde d'imagination mais peine à trouver des compagnons de jeu, entre une mère attentionnée mais stressée par son travail et une sœur adolescente qui se désintéresse de lui. Nous avons tous eu neuf ans. Et si beaucoup d'entre nous ont oublié ce mélange doux-amer d'émotions aussi extrêmes que fugaces, Spike Jonze, lui, s'en souvient encore et a décidé de les convoquer le temps d'un film, Max et les Maximonstres. Rares sont les œuvres qui abordent les préoccupations de l'enfance avec sincérité et sans aucune condescendance ; Max et les Maximonstres est de celles-ci.

 

Critique du film Max et les Maximonstres

 

Spike Jonze donne admirablement vie au conte de Maurice Sendak, dont il saisit toute le potentiel dramatique et onirique pour l'extrapoler à sa manière. Après un début ancré dans le quotidien aboutissant à la fugue de Max (Max Records) suite à une violente dispute avec sa mère (Catherine Keener), Max et les Maximonstres laisse entrer le fantastique au moyen de la séquence magique de la traversée de la mer par le petit garçon, la tempête prenant une dimension à la fois inquiétante et salvatrice tout en préfigurant du caractère surnaturel de la suite - la découverte de l'île et des créatures étranges. Nouant des rapports subtils et imprévisibles avec Max, devenu leur roi par un coup de bluff, les Maximonstres symbolisent chacun une ou plusieurs de ses émotions, de son envie de s'ouvrir aux autres à sa colère face à l'incompréhension de son entourage, en passant par son besoin de créer, de détruire, de se bagarrer ou encore de sentir ses liens avec le monde animal. Doublés par des comédiens de première classe (James Gandolfini, Forest Whitaker, Paul Dano...), les Maximonstres dont les visages évoquent un peu Falkor de L'Histoire Sans Fin sont interprétés par des acteurs en costumes même s'ils bénéficient d'une palette d'expressions étonnante grâce au miracle de l'animation de synthèse. Le parti pris osé de revenir vers la culture désuète du costume-peluche (depuis les années 80, seuls les Japonais ont conservé cette tradition) parle de lui-même : à aucun moment le réalisateur de Dans la Peau de John Malkovitch et Adaptation ne semble s'être préoccupé du public cible de Max et les Maximonstres, et c'est sans doute pour cela qu'il en émane une telle fraîcheur.

 

Critique du film Max et les Maximonstres

 

De par son approche sans concession de l'enfance, dépeinte à travers son insouciance mais aussi ses blessures, Max et les Maximonstres autorise différentes lectures selon les publics, évitant le cliché de dégager une morale surlignée au stabilo comme l'aurait fait un Disney tout en voyant grandir son personnage. Portée par une poésie palpable à chaque plan (l'utilisation de la lumière du soleil est simplement sublime), la mise en scène de Spike Jonze ne se contente pas d'explorer l'univers visuel de l'oeuvre, dont les couleurs dominantes évoquent un retour à l'état sauvage, mais pose sa caméra à hauteur d'enfant, projetant le spectateur dans le tourbillon des émotions de Max. Le cinéaste se permet à ce titre quelques audaces, à commencer par des champs-contrechamps symétriques, centrés sur l'enfant vu de dos puis de face en pleine course. Les scènes physiques sont à ce titre libératrices et donnent envie de hurler tout son soûl avec le garçon en costume de loup. Véritable révélation, le jeune Max Records porte le film sur ses petites épaules, déployant une richesse de jeu qu'il est rare de trouver chez un comédien de son âge, qui plus est non professionnel, comme s'il ne jouait pas mais vivait cette histoire rocambolesque, cette ode à l'apprentissage de la vie. Et nous de nous laisser bercer par les morceaux de Karen-O, qui parlent directement à nos cœurs. C'est bien simple, ceux qui n'ont pas enterré leur part d'enfance, ou le Maximonstre tapi au fond d'eux-mêmes, seront conquis de manière inconditionnelle par ce conte pas toujours optimiste mais débordant d'énergie et de chaleur humaine.

 

Critique du film Max et les Maximonstres

 

 

CRITIQUE CONTRE, par Kevin Prin

 

Il y a les monstres qui bouffent les humains dans l'espace, il y a ceux qui se faufilent dans les chambres des enfants la nuit, il y a les singes géants qui vivent seuls sur une île, il y a les arachnides géantes d'une autre planète, il y a les dinosaures qui veulent bouffer des touristes, il y a les êtres difformes qui servent d'attraction dans un cirque, il y a les poissons cannibales, il y a les insectes de quatre mètres de haut, ... Le point commun entre tous ces monstres ? On les aime, on les adore, on les vénère presque, pour la fascination qu'ils dégagent, les peurs qu'ils engendrent, leurs « aberrations » physiques qui les mettent au ban de la société, pour tous ces petits détails qui stimulent l'imagination et provoquent l'empathie instantanée. Et cet amour des monstres ne date pas d'aujourd'hui mais trouve ses racines dès l'enfance, période à laquelle on se fascine pour tout et particulièrement pour ce qui sort des sentiers battus et donc pour l'étrange. Avec un potentiel reposant sur un tel background affectif, le film de Spike Jonze, Max et les Maximonstres, avait tout pour réussir. Oui, mais encore faut-il que le film aime les monstres. Dans la peau de John Malkovitch et Adaptation. démontraient que le réalisateur était attiré par les situations bizarres, empruntant beaucoup aux codes de la science-fiction. Mais les deux premiers films de Spike Jonze dépendaient aussi d'un autre homme : Charlie Kaufman, scénariste de génie, parti depuis réaliser son propre film (Synecdoche New York). Il faut croire que les compteurs sont remis à zéro.

 

Critique du film Max et les Maximonstres

 

Le premier problème de Max et les Maximonstres est d'ordre esthétique. Avec l'intention évidente de rendre ses monstres les plus crédibles possible, pour restituer la vision d'un enfant arrivant sans difficulté à imaginer des chimères dans notre réalité, Spike Jonze a mis des acteurs dans des costumes, certes très élaborés (la performance technique est indéniable), mais des costumes quand même. Un parti pris qui a ses dangers, puis qu'il nécessite une vision esthétique particulière pour nous les faire accepter. N'est pas Guillermo Del Toro qui veut : dans Le Labyrinthe de Pan ou Hellboy 2 par exemple, l'univers et la texture graphique entourant les monstres les fondaient dans l'image et créaient un monde féérique crédible. Ici, rien. Le film est tourné caméra à l'épaule, l'image tremblotant presque constamment, sans réel soucis de composition du cadre, comme pour cacher la pauvreté esthétique des décors. Résultat : aucune ambiance. Pire encore : on ne peut s'empêcher de voir une bande d'acteurs déguisés  comme au carnaval et aussi à l'aise que les pauvres gus affublés d'un costume de Mickey dans les parcs d'attraction. La poésie en prend pour son grade. Toute la mise en scène est ainsi victime de négligence, jusqu'à la bande-originale poseuse, placée gratuitement sur les images.

 

Critique du film Max et les Maximonstres

 

Malgré ces problèmes, le sujet de l'histoire permettrait théoriquement de s'accrocher aux dernières branches du film et de le sauver. Mais là encore une certaine négligence improbable de la part d'un réalisateur aussi doué (pour ses films et pour ses clips) empoisonne le sujet et ses thèmes. Si le début du film dans le monde réel nous présente un Max touchant, rêveur, proche de nous et ce avec une sensibilité bien dosée, il va se réfugier dans son monde imaginaire pour une raison un peu prétexte, piquant une crise et partant bouder, persuadé que sa mère le néglige, et surtout va s'y comporter comme un gamin détestable, le prototype même d'enfant pas très malin qui aime jouer à la guerre avec des êtres qu'il considère pourtant comme bien réels. La noirceur est évidemment bienvenue et voir un monstre qui souffre de la cruauté des autres faisait partie du cahier des charges que nous attendions. A mille lieues d'être fasciné par ce monde, Max en fait un défouloir, y devient le roi des monstres grâce à un mensonge et détruit leur société sans jamais se poser de questions d'ordre morale, craignant seulement la punition. La destruction de cet univers par l'enfant et les souffrances des monstres qui en découlent, deviennent donc une sorte de spectacle, dont la morale réprobatrice arrivera (sans aucune finesse) comme un cheveu sur la soupe dans les dernières minutes.

 

Nous voilà donc face à l'histoire d'un enfant cherchant un défouloir et allant semer le bronx chez les monstres. Si le film se prétend poétique par sa mise en scène (archi- brouillonne) et sa musique pop (gratuite), il ne s'adresse donc ouvertement qu'à ceux qui n'ont jamais vu la beauté dans ce qui est bizarre. Un étrange paradoxe, en complète contradiction avec le postulat de départ et le film attendu, conférant ainsi à la fausse œuvre poétique, vraiment pas nette dans ses réelles intentions, horriblement irritante et insupportable à regarder pour qui aime un tant soi peu les mondes imaginaires.








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