New York, I Love You
Le 31/03/2010 à 14:59Par Elodie Leroy
Second volet après Paris, Je t'aime du projet Cities of Love, soit l'exploration à travers le prisme de l'amour de plusieurs grandes villes du monde, New York, I Love You se révèle légèrement inférieur à son prédécesseur mais demeure une expérience originale et séduisante. Si chaque segment ne s'avère pas mémorable, la sauce prend peu à peu pour nous immerger dans une véritable atmosphère urbaine, et il y a fort à parier que chacun emportera, selon sa sensibilité, l'empreinte émotionnelle de quelques unes de ces tranches de vie. Pour notre part, notre préférence se dirige sans hésitation aucune vers le court de Shekhar Kapur, d'une grande beauté onirique.
Découvrez ci-dessous la critique du film New York, I love You
CRITIQUE NEW YORK, I LOVE YOU
Après Paris, Je t'aime sorti en 2006, voici que le producteur Emmanuel Benbihy poursuit son projet Cities of Love, exploration de plusieurs grandes villes du monde à travers le prisme de l'amour. Même concept, même principe, ou presque puisque New York, I Love You a le bon goût de renouveler le système narratif, évitant ainsi l'effet de répétition qui aurait lui être nuisible. Les différentes histoires sont ainsi reliées entre elles non seulement par des transitions mais aussi par des cross-over, certains personnages apparaissant ainsi à plusieurs reprises au cours du métrage. La narration gagne ainsi en fluidité et en légèreté, d'autant que New York, I Love You s'avère plus court que Paris, Je t'aime, dont la longueur était le principal défaut. Mais qui dit plus court dit aussi moins foisonnant, sachant que ce second volet ne corrige pas la sensation d'inégalité laissée par un enchaînement de courts plus ou moins réussis. Il n'empêche que nous sommes toujours séduits.
Les chapitres les plus faibles de New York, I Love You se voyant concentrés vers le début du métrage, il faudra faire preuve d'un peu de patience pour se sentir totalement immergé dans l'atmosphère urbaine recherchée. Entre le segment de Jiang Wen avec Andy Garcia et Hayden Christensen, où un pickpocket découvre la photo d'une jeune femme dans un portefeuille qu'il a volé, et celui de Mira Nair, rapprochement furtif entre un diamantaire indien et une future mariée jouée par Natalie Portman, New York, I Love You démarre doucement, au risque de nous laisser à plusieurs reprises sur notre faim. C'est avec le court de Shunji Iwaï (Swallowtail Butterfly, April Story), où un musicien miteux peine à finir sa composition, que la sauce prend grâce à des dialogues plus pétillants et un personnage principal plus vivant campé par Orlando Bloom. Cette verve se confirme avec le segment coupé en deux d'Yvan Attal, où nous assistons tout à d'abord aux tentatives de séduction d'un beau parleur (Ethan Hawke) auprès d'une femme pleine de répartie (Maggie Q) en pleine pause cigarette. Ambiance nocturne dans un coin de rue, dialogue savoureux entre deux étrangers, le charme de New York, I Love You commence à opérer, la parade de séduction s'achevant à ce titre sur une chute inattendue qui fait quelque peu écho au segment de Gus Van Sant dans Paris, Je t'aime (la comparaison s'arrêtera là). Yvan Attal poursuit sa thématique de la rencontre pendant la pause cigarette un peu plus loin avec une conversation quelque peu surréaliste entre un homme et une femme joués par Chris Cooper et Robin Wright Penn, deux acteurs dont la finesse de jeu est un gage de qualité en soi. On aime.
Brett Ratner sort quant à lui de l'univers des blockbusters pour délivrer un court tout à fait charmant où Anton Yelchin passe une soirée improbable avec une jeune fille handicapée, tandis qu'Allen Hugues nous plonge avec sensualité dans les angoisses de deux amants (Bradley Cooper et Drea De Matteo) qui se retrouvent après une nuit torride qu'ils croyaient sans lendemain. New York, I Love You atteint cependant son plus grand pic d'émotion avec le court signé Shekhar Kapur (Elizabeth) et tourné dans l'Upper East Side, avec Julie Christie, Shia La Beouf et John Hurt. Rencontre mélancolique et onirique entre une ancienne chanteuse d'opéra et un jeune groom mystérieux, ce segment est habité par un soupçon de fantastique et voit Shia La Beouf, méconnaissable, déployer une sensibilité de jeu qu'on ne lui connaissait pas. L'inconvénient est que les segments qui suivent en sont quelque peu dévalorisés, faute de retrouver la même intensité, de créer le même envoûtement. Ce qui n'empêche pas le court de Natalie Portman de distiller une émotion authentique, là où celui de Fatih Akin (avec Shu Qi) paraît nettement plus cliché dans son portrait de l'artiste et de sa muse.
Joshua Marston clôture le bal en nous faisant partager un moment attendrissant aux côtés d'un couple âgé, suggérant plus que jamais l'idée que les multiples histoires d'amour de ce New York, I Love You forment une seule et grande histoire d'amour, celle d'une réunion de cinéastes avec une immense mégalopole. Une histoire plurielle qui explore à elle seule les multiples facettes d'une relation amoureuse, naissante ou mature, ponctuelle ou durable, en plus de visiter autant d'atmosphères, d'univers et de cultures différents. Pour ces raisons, même si Paris, Je t'aime lui est légèrement supérieur, New York, I Love You atteint son but, et même si tous les segments ne sont pas mémorables, il y a fort à parier que chacun, selon sa sensibilité propre, emportera avec lui l'empreinte émotionnelle de quelques unes de ces tranches de vie.