The Return
Le 26/12/2007 à 15:58Par Elodie Leroy
Le nom d'Asif Kapadia ne nous était pas inconnu : son premier long métrage The Warrior, l'histoire d'un guerrier qui renonce à la violence et se voit pris en chasse dans les montagnes de l'Himalaya, avait été à juste titre couronné de prix dans les festivals internationaux en 2001. Quatre ans plus tard, le réalisateur britannique d'origine indienne fait ses débuts aux Etats-Unis avec The Return, un thriller fantastique un peu sous estimé lors de sa discrète sortie en salles fin 2007. Mélangeant la réalité, le rêve et les flash backs, le récit emprunte des chemins sinueux pour nous plonger dans la quête intérieure de Joanna Mills (Sarah Michelle Gellar), un parcours qui la mène à revenir sur les lieux d'un traumatisme passé et par là même d'affronter ses souvenirs d'enfance.
Progressivement, The Return se transforme en jeu du chat et de la souris, une traque inversée que Joanna mène avec un tueur tapi dans les tréfonds de ses souvenirs, ou peut-être de son imagination. A moins que ce petit jeu n'aille trop loin et n'aboutisse à la matérialisation de l'homme dans le monde réel. Le parallèle évident entre le cheminement de la jeune femme et les mécanismes de l'inconscient et n'a rien de bien nouveau, mais il est mené au moyen d'un scénario bien ficelé qui sait prendre son temps sans jamais s'égarer, pas même lors des scènes oniriques aux relents lynchiens. Asif Kapadia ne néglige pas ses personnages, ce qui apporte d'autant plus de force au dénouement, lequel s'avère à ce titre assez surprenant. Rescapée de The Grudge, Sarah Michelle Gellar adopte une approche très intériorisée de son personnage, auquel elle confère un mélange de vulnérabilité et de mélancolie. L'actrice ne force jamais le trait, évitant ainsi au film de sombrer dans la mièvrerie même lors des inévitables scènes de traque, et se voit fort bien épaulée par un casting secondaire soigneusement choisi - Peter O'Brien et Sam Shepard, notamment.
L'une des qualités du film est de parvenir à planter réellement son histoire dans un décor. Avec le même soin qu'il révélait déjà dans The Warrior lorsqu'il filmait les montagnes vertigineuses de l'Himalaya, Asif Kapadia exploite joliment les décors texans, les extérieurs comme les intérieurs, pour créer une véritable ambiance visuelle, elle-même soutenue par la composition musicale à la fois mélancolique et doucement inquiétante de Dario Marianelli. Un sens de l'atmosphère qui contribue indéniablement à faire de ce thriller sans prétention, qui aurait pu sombrer dans le déjà-vu, une honnête réussite du genre.