This Must Be The Place

CRITIQUE DE THIS MUST BE THE PLACE

Paolo Sorrentino, récompensé à Cannes en 2008 pour Il Divo, revient cette fois avec un film beaucoup plus léger en surface, mais tout aussi intéressant. This Must Be The Place propose une galerie de personnages riches et décalés, quasiment tous traumatisés par un passé trop sombre et trop lourd. Sean Penn incarne Cheyenne, ex- rock star qui vit reclus avec sa femme et sa dépression. Inspiré par Robert Smith pour le look et d'Edward aux mains d'argent pour la démarche, le comédien livre une prestation inspirée, à la fois drôle et touchante, en évitant soigneusement de tomber dans le ridicule. Bluffant. Malgré un scénario finalement simpliste et le pathos de certaines scènes, l'humour ponctue tout le récit et le charme opère facilement. On prend plaisir à suivre la "quête d'identité" de la rock star, déchue depuis 30 ans. Les raisons de son état, dévoilées petit à petit, favorisent cette empathie croissante pour le personnage.

Mais le vrai point fort du film se trouve dans la mise en scène de Sorrentino : subtile et soignée, les cadres choisis par le cinéaste sont précis et même parfois totalement surprenants (un plan grue qui termine dans une piscine !). La caméra accompagne brillamment le héros, ne cessant de l'écraser puis de le sublimer, Cheyenne étant à la fois ridicule, fascinant et totalement lucide sur son état. La BO rock 80's (notamment la chanson "This Must Be the Place" de Talking Heads qui donne son titre au film) est excellente et le casting solide. Particulièrement, Frances Mc Dormand, très juste dans le rôle de la femme aimante, solide et véritable pilier pour un héros totalement "ailleurs".

La longue introduction de Cheyenne en Irlande est essentielle et particulièrement réussie. Qui ? Comment ? Pourquoi ? Tout est dit (ou suggéré), tout se met en place rapidement et nous suivons son quotidien et son entourage jusqu'à la mort de son père, l'élément déclencheur. Ensuite, le reste de la quête coule de source beaucoup trop facilement et chaque rencontre apporte son lot de réponse plus ou moins importantes... Du déjà-vu. D'autant plus que s'installe une certaine redondance dans les situations, Cheyenne avançant à son rythme sur une voie déjà toute tracée. Le scénario est à partir de ce moment là sans surprise et la scène finale facile et prévisible. This Must be A Place reste malgré tout un film réussi et plein d'espoir.

Critique de This Must be A Place publiée le 25 mai 2011.