Unborn
Le 18/02/2009 à 08:16Par Elodie Leroy
Booo! Telle est la manière dont on pourrait résumer Unborn, un pseudo film d'horreur qui se contente de faire sursauter le spectateur sur son siège en recyclant sans aucune imagination les procédés les plus éculés du genre. La mécanique fonctionne grâce à un savoir-faire typiquement hollywoodien mais l'expérience ne propose pas grand-chose d'autre, si ce n'est montrer l'actrice principale crier de terreur sous toutes les coutures sur la base d'un argument mêlant références religieuses et considérations à dormir debout sur la gémellité. Vite vu, vite oublié.
A l'instar du récent Mirrors d'Alexandre Aja, Unborn fait partie de ces films d'horreur dont la principale qualité est de faire sursauter le spectateur à grand coup d'apparitions subites de fantômes doublées d'effets sonores assourdissants. Quoiqu'on en dise, ça marche toujours, surtout auprès d'un public peu habitué au genre et qui aura l'impression d'avoir vécu une expérience extrême s'il a bondi de son siège deux ou trois fois en 1h27 de bobine. Le problème, c'est que le film se résume à peu près à cela. Armé d'un pitch digne d'un film des frères Pang, le côté réac en moins, Unborn tente de nous faire avaler une histoire fumeuse de jumeau mort-né qui revient hanter celle qui aurait dû être sa soeur. Amis jumeaux qui nous lisez, le film vous apprendra au passage que votre condition crée une faille entre les mondes terrestre et spirituel, et fait par conséquent de vous les victimes idéales des Dybbuks, sorte de démons issus du folklore juif. Avec un tel argument, il ne faut guère s'étonner que cette sombre histoire de possession ne puisse pas une seule seconde être prise au sérieux. Et ce n'est pas la mise en scène de David S. Goyer qui risque d'arranger les choses puisque le film se contente de recycler de manière balourde les grosses ficelles du genre. On attendait un peu mieux d'un réalisateur crédité au scénario de Batman Begins et The Dark Knight et qui bénéficie ici du soutien de Michael Bay en tant que producteur.
En fin de compte, l'affiche ne mentait pas sur la marchandise. Placé sous le signe du manque total d'imagination, Unborn est entièrement conçu autour d'un concept simple : mettre bout à bout des situations destinées à coller le frisson à une jolie jeune fille. Il ne faut pas chercher plus loin. Le film enchaîne donc les séquences voyant le fantôme apparaître inopinément sur le parcours de jogging de la belle, lui provoquer des cauchemars la nuit ou encore donner du toc-toc dans l'armoire à pharmacie de sa salle de bains, de préférence quand elle est en petite tenue. Le but ? Sans doute la faire crier un maximum de fois en un minimum de temps. Certes, la mécanique d'ensemble reste bien huilée et Unborn peut au moins s'enorgueillir de ne comporter aucune baisse de rythme et de bénéficier d'effets spéciaux efficaces. En cela, il faut reconnaître à Hollywood un certain savoir-faire, même si les quelques facilités scénaristiques de rigueur ne nous sont pas épargnées. De leur côté, les acteurs n'ont rien à se reprocher : Odette Yustman (Cloverfield) fait de son mieux pour jouer la peur tout en restant sexy à chaque plan, Cam Gigandet se découvre lui aussi tout en relevant un peu le niveau par rapport à sa pitoyable prestation de Twilight (même s'il reproduit de manière hilarante quasiment le même climax). Quant à Gary Oldman, il fait son Gary Oldman quand il est gentil. Le résultat est un produit à consommer sur place, presque divertissant sur le moment mais qui s'oublie aussitôt sorti de la salle. Les ados y trouveront peut-être leur compte après une dure semaine de cours, mais l'expérience n'aura aucun intérêt pour l'amateur du genre.