Louis de Funès intime

Portrait inédit incluant images d'archives et familiales, témoignages, documents rares. Avec les propos de Daniel Russo, Benoît Duteurtre, Dominique Pinon, Patrick de Funès, Jeanne de Funès, Olivier de Funès, Christian Giudicelli, Francis Huster (tirée de l'émission Comme au cinéma), Laurent Gerra...

Serge Korber, le réalisateur des deux plus mauvais films de Louis de Funès des années 70 (L'Homme orchestre-1970 et Sur un arbre perché-1971) tente de retracer la vie de l'acteur le plus populaire du cinéma français. Champion incontesté du box-office du cinéma français durant plus de vingt ans, de Funès aura rassemblé près de 120 millions de spectateurs dans les salles.

Plombé par la voix-off monocorde de Daniel Russo qui se contente de débiter un texte pompeux loin de la simplicité de l'acteur, on suit avec un certain agacement ce documentaire mal filmé, mal éclairé dont les prises de son varient du mauvais au passable. Les intervenants sont très mal filmés, la musique omniprésente et décalée, les anecdotes déjà entendues ailleurs. On est loin, très loin de la réussite du superbe documentaire produit par Agnès Vincent et réalisé par Jean-Claude Missiaen en 1997, Louis de Funès l'Enchanteur. Ce film, superbement documenté, savait doser l'équilibre entre extraits de films, images de tournage rarissimes, anecdotes et passages télévisés de l'acteur accompagnées des compositions cultes de Raymond Lefèvre. Un véritable portrait de l'homme et du comédien qu'on espère voir un jour sortir en dvd. Pour Louis de Funès intime, à part l'occasion d'entendre les commentaires de ses trois fils, de sa veuve Jeanne et de feu Colette Brosset, rien d'original à se mettre sous la dent. Les archives proposées sont loin d'être inédites. Certains artistes qui l'ont connu témoignent, comme Pierre Mondy, Michel Galabru (archives TV) invité au JT après la mort de son fidèle partenaire, ou encore Daniel Gélin qui lui a permis de faire sa première apparition au cinéma dans La Tentation de Barbizon de Jean Stelli en 1946. On regrette l'absence de Madame Claude Gensac, épouse radieuse de Fufu dans plus d'une dizaine de films. A noter un extrait de l'émission de Thierry Ardisson Tout le monde en parle où Patrick de Funès parle de contrefaçon quand le présentateur lui parle de Christian Clavier comme le possible successeur de son père.

Autrement c'est le calme plat. Le film ronronne et se repose sur les morceaux de bravoure tels les extraits de la pièce de théâtre Oscar ou des premiers films de l'acteur. Korber fait quasiment l'impasse sur Le Corniaud et La Grande Vadrouille pour se pencher un peu plus sur les deux films qu'il a fait avec Fufu. A cette occasion, on se contentera d'images du tournage de Sur un arbre perché où un pan de montagne a été entièrement reconstitué en studio.

Quelques photos de ses débuts ou des photos plus personnelles ainsi que des documents filmés par l'acteur lui-même (l'arrivée de l'équipe de tournage à New-York à bord du France pour le deuxième Gendarme) ne parviennent pas à soutenir l'attention du spectateur. La première partie consacrée aux grands-parents et aux parents de l'acteur est bien trop longue et celle qui nous intéressait le plus (la période 1960-1980) passe en coup de vent. D'accord le film se veut être une plongée dans la vie intime de Louis de Funès mais pourquoi dévoiler ce que l'acteur a tenu à préserver toute sa vie ? Pourquoi ne pas respecter ce que Fufu a toujours voulu protéger et garder pour lui et sa famille ? « Ne parlez pas trop de moi ! » avait-il conseillé à ses enfants vers la fin de sa vie. C'est étonnamment le titre que choisirons Patrick et Olivier de Funès pour leur livre dans lequel ils racontent leur père... on a d'ailleurs souvent l'impression que le film ne sert qu'à en faire la promotion.

Au final, un film décevant, long, peu pertinent doublé d'une qualité technique de trop faible qualité. Les spectateurs et les fans n'en sauront pas plus que ce qu'ils savaient déjà s'ils s'intéressent à Louis de Funès.