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Le Gendarme de Saint-Tropez

Le 09/01/2008 à 19:30
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Dossier saga du Gendarme de Saint-Tropez

L'origine d'une saga incontournable : Le Gendarme de Saint-Tropez

 

 

Le Gendarme Ludovic Cruchot est muté au grade de Maréchal des logis chef à la brigade de Saint-Tropez. En arrivant, il se montre d'emblée d'une intransigeance qui étonne ses subalternes. Sa fille Nicole, éblouie par le luxe de la ville, se fait passer pour la fille d'un riche propriétaire de bateau afin de se faire accepter parmi les jeunes de son âge. Pendant ce temps, Cruchot part à la chasse aux nudistes...

 

« Le gendarme est à la nation, ce que le chien de berger est au troupeau. Il faut souvent aboyer, parfois mordre pour se faire respecter. »

 

Le Gendarme de Saint-Tropez est le premier volet de la saga la plus populaire du cinéma français et qui propulsa Louis de Funès du rang de vedette populaire à celui de la plus grande star du cinéma hexagonal, place qu'il occupera durant vingt ans. La même année, Fufu enchaîne les tournages de Faites sauter la banque, Le Corniaud et tourne Fantômas en même temps que Le Gendarme de Saint-Tropez. 1964 est son année. Ses anciens films ressortent et engrangent des millions d'entrées. 6 films, près de 36 millions de spectateurs au total, tous réalisés par le complice de Fufu, Jean Girault (à part le dernier film qu'il n'a pu terminer -il est décédé durant le tournage- et a été remplacé par son assistant de longue date Tony Aboyantz), respectivement en 1964, 1965, 1968, 1970, 1979 et 1982 et qui continuent de faire les belles heures de la télévision. 2 mois après la sortie triomphale du Gendarme, Fantômas sort sur les écrans et totalise près 4,5 millions d'entrées. La suite de la carrière de Fufu ne sera désormais plus jalonnée que de succès.

 

Dossier saga du Gendarme de Saint-Tropez

 

A l'origine des Gendarmes il y a un homme : Richard Balducci. En 1964, au volant de sa voiture décapotable et perdu entre Sainte-Maxime et Saint-Tropez, Balducci s'arrête croyant trouver la villa qu'il cherchait. Il laisse sa caméra sur le siège, s'absente momentanément afin d'observer la villa et en revenant, s'aperçoit que sa caméra a été volée. Furieux, il se rend à la gendarmerie de Saint-Tropez, Place Blanqui, à l'entrée de la ville où il rencontre un gendarme à moitié endormi et visiblement peu emballé à l'idée d'aller jouer au gendarme et au voleur à l'heure du déjeuner. Abasourdi par l'attitude du gradé, Balducci repart en lui promettant d'écrire un film qui le rendra célèbre... la suite appartient à l'histoire du cinéma. Balducci propose à De Funès de lire son synopsis, l'acteur est emballé et surtout soucieux de conserver son statut de vedette acquit tardivement (il n'était reconnu jusqu'alors que pour ses rôles secondaires). Les Producteurs Gérard Beytout et René Pignières le sont moins. Ils voient mal l'acteur revêtir l'uniforme. Finalement, le projet prend forme. Jean Girault et Jacques Vilfrid adaptent le script de Balducci, Vilfrid se chargeant des dialogues. Les scènes d'intérieur seront filmées aux studios de la Victorine à Nice et les extérieurs uniquement à Saint-Tropez.

 

Le Gendarme de Saint-Tropez sort en salles le 9 septembre 1964 et fait un triomphe avec 7 809 334 de spectateurs. Personne n'était capable d'imaginer l'énorme succès du film. Quelles sont les raisons de ce succès ? Louis de Funès est grand, un génie, la référence comique, irremplaçable et indémodable. Les plus jeunes spectateurs l'aiment car ils le comparent à un personnage de cartoon, une véritable tornade toujours en mouvement, un éternel clown. Le personnage du Maréchal des logis chef Cruchot est aussi reconnaissable que le Charlot de Chaplin et l'Homme aux lunettes d'écailles Harold Lloyd. Son duo légendaire (n'ayons pas peur des mots) avec le génial Michel Galabru (l'autorité bedonnante par excellence) n'a rien à envier au duo Laurel et Hardy dont Louis de Funès vouait un culte sans bornes. Le génie comique de Fufu explose, rien ne pourra le retenir, l'uniforme le libère de toutes contraintes. Avec lui, le gag le plus éculé vire au grandiose. Dès la première apparition de Ludovic Cruchot, on se fait une idée du personnage. L'image est en noir et blanc. Au loin, deux petites silhouettes. Deux hommes, le plus petit en uniforme, un gendarme. Il semble déjà agité, trottine plus qu'il ne marche afin de suivre la cadence de son prisonnier. Le gendarme tombe, la musique de Raymond Lefèvre souligne le gag visuel, le premier rire est acquis sans difficultés et pourtant le visage de Fufu n'est pas encore apparu. Le personnage est ensuite présenté dans le quotidien de son petit village provençal : il a une jeune fille ravissante, est prêt à tout pour surprendre les voleurs la main dans le sac (même à imiter une poule), va à la messe et emprisonne le quidam qui pêche un poisson plus petit que ne l'indique la loi... peu d'action pour cet homme qui en a visiblement à en revendre. C'est alors qu'il apprend sa mutation dans le Var avec un galon de plus, Maréchal des logis chef. « Ca va barder là-bas ! » s'exclame t-il déjà la bave aux lèvres.

 

Dossier saga du Gendarme de Saint-Tropez

 

De ce premier film, on retiendra la rencontre entre Cruchot et ses subordonnés, Jean Lefebvre, Christian Marin, Michel Modo, Guy Grosso et leur supérieur Michel Galabru, plus connus respectivement sous les noms de Fougasse, Merlot, Berlicot, Tricard et Gerber. Pour la brigade tropézienne, le pastis à la terrasse c'est terminé. Dans ce premier film, Louis de Funès n'est pas de tous les plans comme il le sera dans le reste de la saga. Il laisse une grande place à cette jeune actrice qu'il avait déjà croisé sur le tournage du Capitaine Fracasse de Pierre Gaspard-Huit en 1961, Geneviève Grad. L'actrice apporte sa jeunesse, sa fraîcheur et son charme ravageur. Louis de Funès ne tirera jamais la couverture à ses partenaires et fait la part belle au jeu de Michel Galabru avec qui il s'entend à merveille. Chacun met le jeu de l'autre en valeur et la saga n'aura de cesse de profiter de cette immense complémentarité, même usée jusqu'à la moelle. Les mimiques et expressions de Fufu passent à la postérité. Les gendarmes deviennent des amis vers qui l'on revient sans lassitude.

De Funès se permet d'intervenir dans le scénario. C'est par exemple de lui que provient l'idée de la religieuse foldingue au volant de sa mythique dodoche, incarnée par France Rumilly dans tous les films de la saga. France Rumilly avait déjà interprété sa fille dans le film à sketchs Les Veinards en 1963. En accord avec les scénaristes, il décide que son personnage soit obséquieux avec les supérieurs et condescendant avec ses subordonnés.

 

Dossier saga du Gendarme de Saint-Tropez

 

De scène culte en scène culte (l'entraînement, la chasse aux nudistes, la réception...), Le Gendarme de Saint-Tropez fait partie de ces films « karaokés » où le spectateur récite les dialogues en même temps que les personnages. Malgré les années et les multiples rediffusions, on revoit le film toujours avec le même plaisir. Une fois les personnages présentés, Jean Girault et ses comédiens passeront à la vitesse grand V et multiplieront les gags pour le plus grand plaisir des spectateurs. Le réalisateur a le sens du gag et du rythme. La musique de Raymond Lefèvre entre dans les mémoires pour ne plus les quitter. Enfin, les années 60 ont ce je ne sais quoi d'intemporel et d'innocent qu'on ne retrouve plus aujourd'hui. De l'humour sans vulgarité pour les petits et les grands.

 

 

Cruchot traverse l'Atlantique : Le Gendarme à New York

 

 

 

 

Les Gendarmes de Saint-Tropez ont été désignés afin de représenter la France lors du Congrès international de la gendarmerie à New York. Rêvant de découvrir les Etats-Unis, Nicole, la fille de Cruchot, s'embarque clandestinement sur le paquebot France...

 

Après le succès aussi considérable qu'inattendu du Gendarme de Saint-Tropez, les producteurs et les acteurs décident de remettre le couvert un an après. On prend les mêmes et on recommence... à New-York. Richard Balducci, Jean Girault et Jacques Vilfrid mettent cette fois-ci les bouchées doubles : plus de moyens à leurs dispositions, la bande à Fufu s'éclate comme des gamins, les gags et quiproquos ayant été aussi multipliés par deux. Girault se sert du Cinémascope afin de mieux perdre la brigade au milieu des gratte-ciel et jouant ainsi habilement du décalage culturel franco-américain. La presqu'île de Saint-Tropez est remplacée par la Grosse Pomme, nouveau terrain de jeu pour une intrigue somme toute identique : Cruchot doit réparer les dégâts causés par sa fille à l'insu du reste de la brigade. Encore plus rythmé et désopilant que le premier film, Le Gendarme à New York transpose habilement la formule et offre ainsi plus d'1h30 de francs éclats de rires. Geneviève Grad est toujours autant présente à l'écran et Louis de Funès l'est beaucoup plus que dans le premier film. C'est l'acteur qui est l'instigateur de la longue scène de ballet parodiant West Side Story (intitulée Entrecôte story), scène dispensable tout comme celle de la visite de Cruchot chez le psychiatre, ralentissant le rythme de l'histoire. Le voyage sur le France est rondement mené et on jubile de voir Fufu tour à tour grimé en chinois, en policeman, jouant au base-ball ou craquant pour une américaine de plus d'1m80. Les scènes cultes demeurent la leçon d'anglais donnée sur le paquebot « My taylor is rich » ainsi que l'entrecôte cuisinée par Gerber dans la chambre d'hôtel. Petite anecdote de tournage : la traversée du France du Havre à New York s'étalait sur 4 à 5 jours. Jean Girault et sa troupe en profitent pour tourner quelques scènes et improvisent la leçon d'anglais. Vêtus de leur uniforme, les touristes américains présents sur le paquebot les prennent pour des douaniers. Le commandant a eu l'ingénieuse idée de diffuser le premier Gendarme dans le cinéma à bord du France durant la traversée. Quelques passagers sont éberlués de voir la réalité rejoindre la fiction en voyant la même troupe de gendarmes du film déambuler dans les couloirs du paquebot.

 

Dossier saga du Gendarme de Saint-Tropez

 

Les gags visuels (des scènes dignes du cinéma muet, la scène du casque, l'immeuble en construction) et les dialogues cultes s'enchaînent comme des perles « Je vous hais. Mais vous ne le dites à personne hein ? Oh merci vous êtes gentil ! ». On regrettera juste de ne pas voir assez Jean Lefebvre qui voit son rôle écourté. Au final, Le Gendarme à New York se montre supérieur au précédent. Le film sort sur les écrans le 29 octobre 1965 et engrange 5 495 045 entrées. La saga atteindra son apogée avec le troisième volet, Le Gendarme se marie, réalisé trois ans après.

 

 

Cruchot rencontre l'âme soeur : Le Gendarme se marie

 

 

 

Lors d'un contrôle routier, Cruchot découvre la femme de sa vie, Josépha Lefrançois, veuve d'un colonel de gendarmerie. La fille de Cruchot voit cette nouvelle idylle d'un mauvais œil tandis que Josépha pousse le maréchal de logis chef à passer le concours d'adjudant-chef, quitte à entrer directement en concurrence avec Gerber.

 

Après deux épisodes relativement équivalents en termes d'intrigue, Le Gendarme se marie s'impose comme étant non seulement le meilleur film de la saga mais également comme l'un des meilleurs films de la carrière de Louis de Funès. Le trio Balducci-Girault-Vilfrid s'octroie trois années avant de raconter les nouvelles aventures de la brigade la plus connue de France. Jacques Vilfrid compose des dialogues savoureux, Jean Girault fera rarement aussi bien derrière la caméra et Balducci écrit une trame originale qui montrera Louis de Funès sous un nouveau jour. Amoureux donc plus humain, moins colérique, même si Cruchot rencontre sa future femme lors d'une crise d'hystérie. Louis de Funès étant un grand pudique, ne voulant habituellement pas émouvoir ou montrer quelques sentiments « personnels » à l'écran, son personnage évolue pour le plus grand bien de la série. Le succès est évident pour ce nouvel opus. Dès le générique, inutile d'avoir recours à l'hymne traditionnel des Gendarmes, il n'apparaît d'ailleurs à aucun moment du film, ce qui le démarque une fois de plus. Le spectateur est déjà bien conditionné. Raymond Lefèvre compose une musique à la gloire de Cruchot et de sa bande et l'épisode devient le point culminant de la série.

 

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Cela commence par la chasse au chauffard juilletiste. « Du tact, de l'efficacité mais surtout pas de tracasserie inutile » dit Gerber à Cruchot...et de découvrir ce dernier l'image suivante, habillé en civil, chantonnant au volant d'une décapotable, roulant à 20 à l'heure attendant qu'un beau gardon franchisse la belle ligne jaune. C'est lors d'un accrochage désopilant qu'il se lance à la poursuite de celle qui restera à jamais la « biche » de Fufu, la belle Claude Gensac. Voir Cruchot tomber amoureux est sans nul doute ce qu'il pouvait lui arriver de mieux. De Funès-Gensac avaient déjà été mariés précédemment dans Les Grandes vacances et Oscar, tous deux tournés en 1967. C'est peu dire si les deux acteurs s'entendaient à merveille. Fufu, ne voulant travailler qu'avec les acteurs qu'il connaissait, tire le gros lot, le couple fait penser à deux adolescents qui flirtent. La scène du coup de foudre caractérisé par la décharge électrique est une pure merveille d'invention poétique et hilarante. Trouvailles visuelles à la pelle, mimiques en tout genre, répliques cultes (« Chérubin appelle Poussin Bleu »), Fufu donne du fil à retordre à la caméra de Jean Girault qui parvient néanmoins à le suivre dans tous ses déplacements, sauts et bras virevoltants. Le scénario distille les scènes anthologiques les unes à la suite des autres : la scène de l'examen (digne du burlesque muet), Cruchot devenant adjudant-chef et le fayotage des subordonnés, ainsi qu'une poursuite finale en voiture et en side-car (Sœur Clothilde est de retour !) font du film un fleuron dans l'immense carrière de Fufu. Il s'agit du dernier Gendarme de Geneviève Grad dont le rôle est maintenant plus effacé mais la comédienne est toujours aussi belle, drôle et naturelle. Sa scène de référence reste Nicole sortant de sa chambre habillée en fillette, la sucette au bec. Beaucoup de spectateurs ne se sont d'ailleurs pas rendu compte que Nicole se mariait en même temps que son père. On l'aperçoit derrière Cruchot à la sortie de l'église lors de la parade nuptiale, habillée en robe de mariée et tenant le bras de son époux. Quant à Michel Galabru, il voit son rôle étoffé et le duo avec de Funès fonctionne toujours aussi bien. De vrais Laurel et Hardy.

 

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Il s'agit de l'épisode le plus court de la série : 1h25 de bonheur. Près de quarante ans après, Le Gendarme se marie n'a pas pris une seule ride. Le film sort sur les écrans le 30 octobre 1968 et surpasse Le Gendarme à New York en attirant 6,8 millions d'entrées.

 

 

La retraite anticipée : Le Gendarme en balade

 

 

Ce n'est pas que les choses commencent à se gâter à la brigade de Saint-Tropez mais la mécanique manque singulièrement d'être graissée pour Le Gendarme en balade, initialement intitulé Le Gendarme à la retraite...

 

La brigade de Saint-Tropez a été mise en retraite anticipée pour être remplacée par une équipe plus jeune. 6 mois plus tard, Cruchot s'ennuie ferme mais apprend que Fougasse, victime d'un accident est devenu amnésique. Ses anciens collègues décident de l'accompagner afin de venir en aide au malheureux en préparant un pèlerinage aux sources.

 

La gendarmerie de papa c'est terminé ! Après l'avoir muté à Saint Trop', lui avoir fait traverser l'Atlantique et s'être marié, le gendarme est cette fois mis à la retraite dès les trois premières minutes. Le générique montre la brigade sortant en civil, le pas lourd, valise à la main, les femmes fermant la marche. Ils saluent leurs remplaçants, des gendarmes de trente ans leurs cadets, puis la musique nostalgique de Raymond Lefèvre souligne les adieux de la brigade... on le comprend d'emblée, ce gendarme sera différent. Si le gendarme est en balade, le reste de la troupe suit et les comédiens entourant Louis de Funès voient leurs rôles étoffés, apportant un point d'humour supplémentaire. Cet esprit de groupe qu'on ne retrouvait pas forcément dans les autres films est la grande force de cet épisode. Plus de présence à l'écran pour tous, une grande vadrouille pour tous ces corniauds.

 

Dossier saga du Gendarme de Saint-Tropez

 

Le gendarme entre dans les années 70, Raymond Lefèvre rajeunit les voix de la célèbre Marche des gendarmes. La première partie de ce quatrième épisode met un peu de temps à s'installer. Plus lente (retraite oblige), elle n'en contient pourtant pas moins de scènes devenues cultes et loufoques : la pèche truquée, les domestiques frappadingues, le concours de grimaces face au curé venu récolter des dons pour réparer le toit de sa pauvre chapelle, le système anti-vol de la propriété... Jean Girault suit habituellement Louis de Funès, toujours aussi déchaîné, Balducci et Vilfrid concoctent une aventure réservant à la brigade un peu plus d'action qu'à l'accoutumée. Le rythme est donc ralenti durant la première demi-heure où Cruchot passe un film souvenir en Super 8 à son adjudant tiré des trois premiers films, histoire de combler.

 

Ces jeunes retraités sont prêts à tout pour aider Fougasse à recouvrer la mémoire quitte à passer outre l'interdiction du port de l'uniforme. La troupe reprend du service. Non seulement ils seront accusés d'attentat à la pudeur (nudisme avec des jeunes femmes), de délit de fuite, de refus d'obtempérer, ils tiennent tête à trois adolescents, empêchent un arsenal d'exploser mais surtout se retrouvent face à une bombe nucléaire. LA scène du film dont tout le monde se souvient aujourd'hui reste sans conteste celle de l'échappatoire cachés dans une troupe de moutons. Mais le filon commence à s'épuiser : on a souvent l'impression que les scénaristes ont raclé les fonds de tiroir afin de mettre Cruchot and Co dans toutes les situations les plus incongrues possibles : l'épisode des hippies « on va s'intégrer à cette faune », où ils découvrent la Marijuana, peace and love, Sœur Clothilde (France Rumilly qui dit aux Gendarmes « vous savez ça me fait plaisir de vous revoir comme ça de film en film ») devenue Mère supérieure, confiant le volant à une de ses sœurs.

 

Dossier saga du Gendarme de Saint-Tropez

 

Même si ce n'est pas le meilleur de la série (la balade tourne en rond) et que le scénario reste faible, on passe encore un très bon moment notamment grâce à l'énergie des comédiens et des situations toutes cocasses les unes et les autres. Le scénario tient plus de l'enfilage de perles plutôt que de l'histoire proprement dite. Rétrospectivement, ce quatrième opus demeure probablement le plus dingue. De plus, la brigade originale apparaît pour la dernière fois au grand complet. Pour la petite anecdote, le cachet de Louis de Funès pour le premier film était de 90 000 francs pour un budget total de 1,35 millions de francs. Pour ce quatrième épisode, son cachet s'élève à 2,5 millions. Tout au long de sa carrière, l'acteur préférera toucher un salaire fixe plutôt qu'une participation sur la diffusion de ses films.

 

Le film sort sur les écrans le 28 octobre 1970. Même s'il enregistre un score inférieur aux trois films précédents, Le Gendarme en balade connaît un succès commercial conséquent avec 4 870 609 entrées. Il faudra attendre près de neuf ans avant de revoir Fufu en uniforme. C'est d'ailleurs à partir des Extra-terrestres que les choses vont commencer à se gâter sérieusement. Dommage que Le Gendarme 4 n'ait pas été le dernier épisode, la conclusion aurait été satisfaisante.

 

 

Rencontres du troisième type : Le Gendarme et les extra-terrestres

 

 

Les membres de la brigade de St-Tropez tombent des nues lorsqu'ils rencontrent, les uns après les autres, leurs doubles sous forme d'extra-terrestre se disant pacifiques. Mais comment reconnaître les vrais gendarmes des faux ? Comment reconnaître les humains de ces E.T. pas si gentils que ça et qui prennent l'apparence de tout un chacun ?

 

Avec 6 280 070 entrées en France en 1979, Le Gendarme et les extra-terrestres s'impose comme un des plus gros succès au box-office de toute la carrière de Louis de Funès. Malgré une critique mitigée et presque dix années après Le Gendarme en balade, le succès est au rendez-vous et ce malgré un de Funès fatigué qui gesticule comme il peut et plus qu'il ne parle. Ou comment un acteur devient la caricature de ce qu'il était.

 

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Des extra-terrestres profitent des grandes vacances pour venir étudier les mœurs et les comportements des terriens. Pourquoi Saint-Tropez ? « Pour son échantillonnage de races au moment des vacances » répondra un extra-terrestre auquel le jeune Lambert Wilson prête ses traits. Mais Cruchot est bien décidé, même seul contre tous, à renvoyer chez eux ces boites de conserve qui ne subsistent qu'en buvant l'huile d'olive de la région.

 

Evidemment les effets spéciaux qui faisaient déjà rire à l'époque (ah cette soucoupe volante dans la forêt et le final au dessus du port de Saint-Tropez !) décrochent autant les rires mais surtout la consternation. Le Gendarme en balade était déjà limite quant à la crédibilité de certaines séquences mais cet épisode finit de plomber la saga. Entre les deux films, Louis de Funès se sort d'un infarctus et après trois années d'absence revient en haut de l'affiche et du box-office avec L'Aile ou la cuisse (1976) et le succès plus mitigé de La Zizanie (1978), deux films de Claude Zidi. C'est pour son public que de Funès retrouve l'uniforme de Cruchot, quasiment dix années après l'avoir mis au clou. Jean Girault revient derrière la caméra, Claude Gensac décline l'offre et se voit remplacée par Maria Mauban (mais Gensac reviendra dans les Gendarmettes) tout comme Micheline Bourday alias Madame Gerber qui laisse la place à Nicole Vervil. Maria Mauban ne parvient jamais à remplacer la « biche » de Fufu et ses scènes sont réduites au maximum. On l'envoie même à l'autre bout de la France dès les toutes premières scènes. Jean Lefebvre et Christian Marin sont également réformés. Galabru rempile tout comme Guy Grosso et Michel Modo. Autant dire que l'absence d'éléments qui ont fait le succès des films précédents nécessitent de mettre le paquet. Et pourquoi pas des effets spéciaux ? Après tout les Etats-Unis ont eu Rencontres du Troisième Type et Star Wars... Le scénariste Jacques Vilfrid utilise simultanément la métaphore en se penchant sur l'invasion de la publicité dans la société ! Le scénario se montre tellement faiblard que les premières vingt minutes sont en fait composées de deux actions identiques : celle où Maurice Risch découvre la soucoupe puis celle où Fufu en devient à nouveau le témoin. Les plans de la soucoupe sont les mêmes jusqu'aux oiseaux qui passent dans le ciel. Sur un film d'un peu plus d'1h20, un quart est déjà emballé. La deuxième partie retrouve le rythme et l'entrain qui ont fait le succès de la saga et se montre plus maîtrisée et un poil plus drôle.

 

Dossier saga du Gendarme de Saint-Tropez

 

Aujourd'hui on regarde le film avec la nostalgie de voir un immense acteur tel que Louis de Funès se fourvoyer dans cette pantalonnade. Fufu veut faire rire et est prêt à tout pour cela même à multiplier ses grimaces si célèbres afin de palier aux dialogues pathétiques. Mais Cruchot paraît bien fatigué tout du long. Le duo Galabru / de Funès, usé jusqu'à la moelle, ne fonctionne quasiment plus, les disparitions de Christian Marin, Jean Lefebvre et Claude Gensac font cruellement défaut. Quelques bons gags subsistent (la scène du couvent est toujours aussi tordante), la musique de Raymond Lefèvre est toujours aussi réussie, mixant le second degré et le côté fantastique. Saluons d'ailleurs cet immense compositeur trop souvent oublié et qui n'a plus rien écrit depuis Le Gendarme et les gendarmettes. Ce cinquième opus reste trop laborieux et souvent grotesque. On baille plus qu'on ne sourit et le scénario sonne aussi creux que la carcasse des aliens du film. A rappeler que les extra-terrestres viennent en simple mission de reconnaissance et d'étude des terriens : ils viennent en paix mais les gendarmes leurs font la guerre... pourquoi ? Ces envahisseurs, ces racailles d'aliens seront une bonne fois pour toutes expulsés par la gendarmerie... à coups de karcher ! A Saint-Tropez on n'aime pas les étrangers, surtout s'ils viennent d'une autre planète !

 

Dossier saga du Gendarme de Saint-Tropez

 

Le film reste une valeur sûre pour les chaînes de télévision qui enregistrent la plus grosse audience à chaque diffusion et les spectateurs ne peuvent s'empêcher de regarder le film, comme un tic incontrôlable. Persuadé que gesticuler dans tous les sens fera rire le public, Fufu endossera pour la dernière fois l'uniforme élimé de Cruchot dans Le Gendarme et les gendarmettes qui sauvera les quelques meubles restant. Quelques années après, l'acteur rencontrera un nouvel extra-terrestre dans La Soupe aux choux, l'adaptation quasi-latérale du roman ingénieux de René Fallet.

 

 

Dernier défilé sur le port de Saint-Tropez : Le Gendarme et les gendarmettes

 

 

Chargée de former un contingent de quatre jeunes femmes en uniforme, la brigade de Saint-Tropez tente de s'adapter à ses nouveaux locaux et à l'informatique. Mais les nouvelles recrues sont enlevées les unes après les autres...

 

Dernière réalisation de Jean Girault qui meurt prématurément durant le tournage d'une tuberculose et dernier film de Louis de Funès décédé trois mois après sa sortie en salle, Le Gendarme et les gendarmettes tente de réconcilier critique et public quatre années après Les Extra-terrestres qui avait néanmoins connu un immense succès au box-office. Le Gendarme entre dans les années 80 et la brigade investit ses nouveaux locaux, une gendarmerie moderne équipée d'un ordinateur dernier cri. Louis de Funès apparaît plus pâle que dans l'épisode 5 et on le regarde avec émotion se débattre comme un diable pour arracher un sourire aux spectateurs. Claude Gensac revient une dernière fois dans le rôle de Josepha faisant oublier instantanément la parenthèse Marie Mauban. Cette fois, elle rivalise en gesticulations et cris stridents avec son fidèle partenaire, tentant elle aussi de donner une certaine consistance à son rôle. Raymond Lefevre fait entrer Le Gendarme dans les années 80 avec un thème plus moderne et vif signant par ailleurs sa dernière composition pour le cinéma.

 

Dossier saga du Gendarme de Saint-Tropez

 

Loin d'être un grand film comique, Les Gendarmettes possède une intrigue mieux écrite que Les Extra-terrestres et fonctionne aussi bien dans le registre comique que dans l'intrigue policière. Encore faut-il ne pas chercher trop loin mais la petite histoire des bracelets et des codes gravés est assez plaisante pour être signalée. Fufu se démène, tape ses comparses encore plus que dans les autres films et certains gags font toujours autant sourire. Sous la fatigue et les bras volant dans tous les sens, le talent du comédien subsiste. Mais sa présence à l'écran est plus réduite qu'à l'accoutumée et beaucoup de scènes dans la première partie reposent sur la brigade au grand complet, sur les destructions en masse de voitures et les courses-poursuites. France Rumilly apparaît également pour la dernière fois, l'équipe de Rémy Julienne ayant mis le paquet sur une course en dodoche anthologique. On constate aujourd'hui que Julienne et son équipe ont repris exactement les mêmes cascades trois années après pour... Dangereusement vôtre : voiture décapitée puis sectionnée en deux. Malgré une mécanique qui grince à n'en plus finir, le bilan est positif mais on préfère se souvenir de Fufu dans Oscar, La Folie des Grandeurs ou dans Les Aventures de Rabbi Jacob. On regarde ce film avec un certain pincement au cœur notamment lors de la célèbre parade finale où de Funès sort par une porte qu'on imaginait un peu plus grande. Cela aurait pu être avec Le Crocodile qui devait fêter ses retrouvailles avec Gérard Oury, dans lequel il devait incarner un dictateur...

 

Dossier saga du Gendarme de Saint-Tropez

 

L'amusement provient de l'opposition des vieux briscards avec la gent féminine moderne. Mais le film ressemblant à un mauvais boulevard, il était temps que la saga s'arrête d'autant qu'un septième épisode était en pourparlers. Le Gendarme et les gendarmettes sort sur les écrans le 6 octobre 1982 et rassemble malgré tout plus de quatre millions de spectateurs. Louis de Funès s'en ira quelque temps après.

Le Gendarme de Saint-Tropez demeure indissociable de Louis de Funès. Malgré les suites inégales qui ont suivi l'immense succès du premier épisode on ne peut s'empêcher de revoir la saga dans son intégralité au moment où elle passe à la télévision ou de s'enchaîner les suites en dvd. On regrettera d'avoir vu partir l'acteur sur un énième Gendarme mais on se console en revoyant encore et toujours les chefs-d'œuvre d'humour qu'il nous a laissés.

 

 

 

 







Coffret Les Gendarmes de Saint-Tropez
Coffret Les Gendarmes de Saint-Tropez
Sortie : 14 Novembre 2007
Éditeur : M6 Video

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