Les Trois prochains jours
Le 09/12/2010 à 09:12Par Arnaud Mangin
Les Trois prochains jours est le remake de Pour Elle et s'assume en tant que tel jusqu'au bout des ongles puisqu'il en demeure la copie carbone de A à Z, parsemée de légères variantes se comptant sur les doigts de la main, ne s'adressant donc forcément qu'à ceux qui n'ont pas encore vu l'original. Et pourtant, sorti de cette déconvenue, le film reste malgré tout un très bon thriller solidement troussé, qui doit certes tout à son aîné, mais dont on ne peut renier une franche efficacité.
Décuvrez ci-dessous la critique du film Les Trois prochains jours
Critique Les Trois prochains jours
Regarder Les Trois prochains jours nous renvoie à un sentiment pas très lointain puisque semblable à celui provoqué par le visionnage de Laisse-moi entrer de Matt Reeves. A savoir que le sacro-saint Hollywood n'a pas pu s'empêcher de mettre son nez dans des affaires qui ne le regardait pas forcément, jetant son dévolu sur ces "petits films remarquables" tournés dans des langues que personne ne comprend aux USA (suédoise et française, en l'occurrence). Morse, très grand film, aura donc fait l'objet d'une relecture objectivement très réussie si l'on se résigne à se plaindre de ces "vilains remakes qui font du mal à tout le monde", et c'est finalement un peu le même cas de figure en ce qui concerne le très recommandable Pour Elle de Fred Cavayé, dont cette mouture américaine ne démérite pas pour autant. Ces copieurs de studios l'ont fait, oui, mais ils l'ont globalement très bien fait, livrant un film à des années lumières de certaines breloques opportunistes qu'on a appris à détester ces dernières années et 100% made in USA. A croire qu'ils malmènent plus leur propre patrimoine culturel (Vendredi 13 et consort) que celui des autres. Il est donc très important de faire à nouveau la différence entre la démarche des grandes pattes griffues américaines qui pillent sans vergogne les idées des autres et la qualité intrinsèque de Les Trois prochains jours, qu'on peut difficilement taxer de mauvais film. On pourra même trouver qu'il s'agit d'un compliment plutôt flatteur à l'œuvre originale, qu'il respecte presque trop.
On en revient donc toujours au même discours : si Les Trois prochains jours est un bon film, c'est parce que Pour elle l'était déjà et qu'il s'illustre comme un papier carbone plutôt éhonté dans la démarche, même si c'est le résultat qui prime. Dans les faits, Paul Haggis ne s'est carrément pas foulé et a repris les lignes directrices du film original à la virgule près, réduisant son travail au minimum. Déroulement de l'intrigue similaire, personnages absolument identiques (même les seconds rôles) et ce, jusqu'au moindre petit détail. Même les dialogues y sont repris avec une fidélité presque désarmante. Chose surprenante de la part de celui qui s'est longtemps fait passé (à tort) pour un auteur et dont on aurait attendu quelque audace ou au moins un effort pour varier le plaisir, mais non. Même si avec un postulat racontant l'histoire d'un homme organisant l'évasion de sa femme à l'insu de cette dernière, il y avait largement de quoi emprunter des routes différentes, tant dans le cadre que dans la progression de l'action, la resucée s'adapte proprement aux parois du moule. Et en suivant à la trace le travail de Fred Cavayé, Paul Haggis nous signe clairement son meilleur film, loin de ses précédentes réalisations pompeuses, puisque la tendresse et le mal être de ses personnages semblent enfin avoir un vrai sens. Il se trouve donc bien éloigné du minaudage boursoufflé auquel il nous avait habitués.
Alors, si c'est pareil, où est l'intérêt ? A part s'essayer aux jeux des sept différences (Russell Crowe fait vraiment du Vincent Lindon), il faudra accepter l'idée que tout le monde n'a pas vu Pour Elle et qu'en tant qu'œuvre à part entière, Les Trois prochains jours est un film clairement réussi, au sens du tempo habilement entretenu et que même s'il dure pourtant 40 minutes de plus que l'original, il ne laisse que trop peu de place à l'ennui. Et puis reconnaissons au moins aux Américains ce savoir-faire qu'on ne peut leur retirer dans l'orchestration du spectacle, leurs pistolets qui frappent plus fort, leur hélicoptères qui envahissent la scène et quelques money shots en cascades automobiles pour faire bien, qu'il serait dédaigneux de refuser. Pour les autres, qui avaient déjà eu la chance de voir la première mouture, le bis repetita n'est pas de rigueur puisqu'il sera dénué de toute surprise.
Date de première publication : 18 novembre à 2h12